La France a remporté son huitième de finale face au Brésil dans la douleur (2-1), après prolongations. Favorites, les hôtes n’ont pas convaincu et devront livrer de bien meilleures performances pour espérer aller au bout.
Quelle stratégie ?
Après la folle journée d’hier, les deux quarts de la journée ont été moins réjouissant. L’opposition entre la France et le Brésil n’a pas été aussi croustillante qu’annoncé. La faute à des Sud-Américaines qui ont cassé le rythme et multiplié les fautes. La faite aussi à une équipe de France qui semble décidément manquer de ressource.
Le problème n’est pas nouveau. Bini, Bergeroo, Echouafni, aucun des sélectionneurs précédents n’avait véritablement réussi à instaurer complètement sa patte sur le jeu français. Corinne Diacre ne semble pas non plus y parvenir. Alors que la France possède l’un des plus beaux effectifs du monde, la stratégie semble encore limitée, notamment à des actions individuelles sur les côtés, et des centres vers Gauvin. Une stratégie qui semble pourtant payante puisque Gauvin marque un but refusé en première période avant d’ouvrir le score en renarde des surfaces à la 52e minute. Mais derrière, il manque un véritable fond de jeu aux Bleues. Qui n’ont pas véritablement eu la maîtrise de la rencontre, si ce n’est en fin de prolongation.
Le deuxième but des Françaises est venu d’un coup de pied arrêté, comme plus de la moitié des buts marqués par la France dans ce mondial (5/9). Thiney, Le Sommer, Cascarino, Asseyi, Diani, Gauvin… Cette force de frappe va devoir s’illustrer dans le jeu, à défaut de quoi, l’équipe aura du mal à aller au bout.
Quelle gestion du groupe ?
« Corinne Diacre a fait tourner son groupe lors du 3e match de poules, on peut s’attendre à ce que les Francaises soient plus fraîches que les Brésiliennes dans cette prolongation », estime Camille Abily en cours de match. Pourtant, pour le moment, l’équipe de France varie peu. Et les titulaires ont fort à faire. Certes, il est bon de savoir que la selectionneuse a son équipe type bien en tête. Toutefois, il serait parfois judicieux de multiplier les remplacements. Sans pour autant perturber le jeu de l’équipe. Mais Delphine Cascarino peut rentrer bien plus tôt qu’à la 90e minute face au Brésil, alors que les Bleues semblent en manque de solutions depuis un moment. Le coup franc qui amène le second but vient d’ailleurs d’une faute sifflée côté droit.
De manière plus générale, le quart de finale qui s’annonce sera la rencontre la plus difficile pour les Bleues depuis le début du mondial. Les organismes commencent à pâtir d’un enchaînement de rencontres bien plus élevé que ce qu’elles ont l’habitude d’avoir et cette prolongation va avoir un impact. La récupération sera importante et cette fois il ne faudra pas hésiter à apporter du sang neuf, bien plus tôt dans le match.
Quel discours ?
C’est aussi ce qui manque encore aux Bleues : l’envie de montrer qui sont les patronnes. Comme dans tous les matchs à élimination directe des dernières grandes compétitions, Euro 2013, mondial 2015, JO 2016, Euro 2017, les Bleues sont apparues inhibées. Comme impressionnées par l’enjeu. Elles qui sont 4e mondiales doivent pourtant entrer dans ce match avec plus d’assurance et de certitudes. Elles sont poussées par un public superbe et ont l’habitude de battre ce genre d’adversaire en amical. Bien sûr un mondial c’est différent mais leur statut est le même. Face au Brésil les Françaises étaient favorites. Elles ont semblé au contraire pleines de doutes.
Lors du prochain match, les Bleues pourraient être opposées aux États-unis et faire alors figure d’outsider. Espérons que cela pourrait les faire jouer plus libérées. Car elles sont capables de tellement mieux. La qualification est tout de même en poche, les sourires de Gauvin et Henry sur leurs deuxièmes buts personnels dans cette compétition ont fait plaisir. Il ne reste désormais plus que trois marches à gravir. Les plus hautes mais ensemble, elles peuvent le faire. Là-dessus, il n’y a pas débat !
Jérôme Flury
Photo : Anne-Sophie Lecouflet