Au lendemain de son rachat par le Fons souverain d’Arabie saoudite (PIF), le club anglais Newcastle a annoncé vouloir faire de son équipe féminine l’une des meilleures au monde.
Voilà une nouvelle qui pourrait chambouler l’ordre établi en Super League et a fortiori dans l’ensemble du football féminin. Newcastle, qui a été racheté ce jeudi pour environ 352 millions d’euros par un consortium saoudien, a l’intention d’investir dans sa section féminine laquelle évolue actuellement en Quatrième Division.
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Les nouveaux propriétaires du club anglais pèsent pour environ 400 milliards de dollars et sont les plus riches de la planète football. Autant vous dire qu’ils n’ont pas l’intention de faire de la figuration et qu’ils comptent bien faire des Magpies une place forte du foot féminin.
« Nous sommes pleinement engagés dans le football féminin. Nous nous engageons à aider l’équipe féminine à se développer et à grandir« , a affirmé Amanda Staveley, directrice générale de PCP, l’un des nouveaux actionnaires du club.
Vraiment une bonne nouvelle pour le foot féminin ?
En théorie, cette annonce peut avoir de quoi réjouir les fans de foot féminin. Il est rare que de richissimes investisseurs parlent de la section féminine si rapidement après avoir balancé des millions dans l’acquisition d’un club.
En l’occurence ce rachat a suscité l’inquiétude d’Amnesty International. C’est que le groupe d’investisseur est dirigé par le Fonds souverain d’Arabie saoudite (PIF), lui même piloté par le prince héritier Mohammed Ben Salmane. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Arabie saoudite n’est pas le pays le plus respectueux des droits de l’Homme.
« Les militants des droits des femmes sont toujours harcelés et emprisonnés, souvent à l’issue de procès manifestement inéquitables ».
« Sous Mohammed ben Salmane, la situation des droits humains en Arabie saoudite reste désastreuse – les critiques du gouvernement, les militants des droits des femmes, les militants chiites et les défenseurs humains étant toujours harcelés et emprisonnés, souvent à l’issue de procès manifestement inéquitables », s’est inquiété le directeur général d’Amnesty UK, Sacha Deshmukh.
Empêcher le « sport waching »
De son côté Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme pour les fans, les diffuseurs et les joueurs, y compris pour l’équipe féminine de Newcastle. « Cela s’inscrit dans le contexte d’une stratégie de l’Arabie saoudite visant à utiliser les équipes sportives, les athlètes et les grands événements sportifs du pays pour détourner l’attention de ses crises nationales en matière de droits de l’homme », a déclaré Minky Worden, directrice des initiatives mondiales au sein de l’ONG.
Pride in Football, l’alliance des groupes de supporters LGBT + en Grande-Bretagne, est également monté au créneau pour critiquer le rachat de Newcastle. « Nous sommes très préoccupés par le traitement des personnes LGBT + en Arabie saoudite et dans d’autres pays du monde, a déclaré Pride in Football dans un communiqué publié ce samedi. Il est évident que les nouveaux propriétaires de Newcastle United ont des liens étroits avec, et dans certains cas sont, les mêmes personnes qui dirigent le régime oppressif en Arabie saoudite. »
Et d’ajouter : « Les autorités du football qui permettent aux propriétaires et aux sponsors d’utiliser les clubs de football comme des moyens de faire du « sport washing » et du « rainbow washing » de leur traitement des personnes LGBT +, des femmes et des autres minorités, doivent répondre à des questions sérieuses et importantes. »
Mickaël Duché
Photo © Courtesy of Colin Lock/Tyneside-NUWFC