C’est fait, l’attaquante française, bien qu’alignée au milieu de terrain durant cette trêve internationale, a battu le record de buts en sélection (82) mardi 22 septembre face à la Macédoine du nord. Un énorme exploit, attendu et mérité.
La titulariser au milieu de terrain n’aura rien changé : Eugénie Le Sommer aime et sait marquer. Mieux que quiconque dans l’histoire de l’équipe de France. Avec un doublé contre la Macédoine du nord, elle a effacé la mythique Marinette Pichon des tablettes pour s’installer tout en haut du classement des meilleures buteuses de la sélection avec 82 buts.
Un record sous le maillot bleu, ce n’est pas rien, c’est une fierté.
Eugénie Le Sommer revenant pour la Fédération sur son 82e but.
Un exploit, un vrai, malgré la fragilité de cet adversaire du 22 septembre. Non, cet exploit ne date pas de ce soir là. L’attaquante lyonnaise l’a patiemment forgé au cours d’une carrière sous le maillot bleu longue de 11 années. Même bien plus si l’on se remémore ses premiers matchs avec les moins de 17 ans nationales en 2004/2005.
Les premiers frissons
5 mars 2009. Dès sa deuxième sélection, dans un stade sonnant bien creux pour le Tournoi de Chypre, Eugénie Le Sommer ouvre son compteur international face à l’Écosse. « Je l’ai revu il n’y a pas longtemps et en fait je n’ai rien fait de particulier. Je suis allée me replacer« , expliquait des années plus tard la Bretonne dans l’Equipe. La suite, c’est une succession de matchs, 172 sélections au total, de compétitions et de buts, souvent décisifs.
9 juillet 2011. La jeune Française est de l’aventure de la Coupe du monde. Elle ne marque pas. Mais elle ne tremble pas non plus au moment de frapper son tir au but en quart de finale face à l’Angleterre. Elle le transforme, Ellen White manque le sien et la France réalise un exploit.
6 août 2012. Autre compétition, autre émotion. Ce jour-là, la France perd en demi-finale des Jeux Olympiques face au Japon. C’est Eugénie Le Sommer qui maintient l’espoir, réduisant la marque à la 76e d’une belle reprise alors que les Japonaises menaient 2-0. Deux minutes plus tard, sur un crochet, l’attaquante obtient un penalty ! Mais Bussaglia le manque et la France se rate, malgré tous les efforts de Le Sommer.
Des efforts payants
18 juillet 2013. Nouveau championnat d’Europe et belle affiche dans ce groupe C puisque la France affronte l’Angleterre avec en ligne de mire la place de première du groupe. C’est la buteuse de l’OL qui ouvre la marque dès la 9e minutes. « C’était un but important car c’était à l’Euro et qu’il fallait qu’on soit premières du groupe. » Malheureusement, la France ne franchira de nouveau pas les quarts.
28 novembre 2014. Bruno Bini n’est plus là, mais les éliminatoires pour la prochaine Coupe du monde battent leur plein et la France va faire exploser ce jour-là la Bulgarie. 14-0 avec une Le Sommer étincelante. Joli contrôle pour se mettre sur son bon pied et marquer du droit, joli passe décisive pour Thiney qui lui rend la pareille quelques minutes plus tard, tête réussie depuis le point de penalty, nouvelle passe décisive pour sa partenaire puis tête parfaite sur corner… L’attaquante inscrit un quadruplé ce soir là.
11 mars 2015. C’est la finale de l’Algarve Cup et malheureusement pour la France, Eugénie Le Sommer reste muette face aux Etats-Unis. Ce qui ne l’empêche pas d’être élue meilleure joueuse du tournoi et de confirmer un peu plus son statut d’indéboulonnable d’une équipe qui se renouvelle. Cette année là, c’est un autre but, « symbolique » dont se souvient la Bretonne : « En 2015 à Lorient, face aux États-Unis. On l’emporte (2-0), ce qui n’était pas arrivé depuis 1992, et j’ouvre le score. Ce match se déroulait chez moi, en Bretagne, c’était très spécial comme moment. Je pensais à tous mes proches présents en tribunes. Ça m’a fait chaud au cœur. Après ce but, je me suis tournée vers eux et j’ai improvisé une petite danse bretonne !«
9 juin 2015. Premier match de la Coupe du monde, face à l’Angleterre, une sélection qui réussit bien à Eugénie Le Sommer. Cela se confirme puisqu’elle inscrit le seul but du match d’une magnifique frappe hors de la surface. Inspirée, tranchante, la buteuse rapide et talentueuse marque également un doublé quelques jours plus tard face au Mexique. Elle ne trouvera cependant pas la faille lors des matchs à élimination directe.
Star de l’équipe
8 mars 2017. « Finale » symbolique de la She Believes Cup, contre l’ogre américain. Eugénie réalise un début de partie de folie. Décroche un penalty (transformé par Abily). Marque un superbe but. En dix minutes, elle vient d’offrir un succès retentissant à son équipe de France. Sa communauté de fans va croissant et elle est l’une des vedettes de l’équipe avec Amandine Henry et Wendie Renard.
18 juillet 2017. La tension est palpable. Les Françaises d’Echouafni arrivaient à cet Euro plutôt sereines. Et pourtant. 86e minute face à l’Islande et le score est toujours de 0-0 alors que les Bleues viennent d’obtenir un penalty. Qui pour le tirer ? Le Sommer. Et les trois points de la victoire offrent un peu de répit aux Françaises. Malheureusement, l’équipe est tristement éliminée en quart et Camille Abily arrête sa carrière internationale. Elodie Thomis raccrochera peu après, comme l’ont aussi fait il y a peu Corine Petit, Laure Boulleau… Eugénie Le Sommer devient peu à peu l’une des plus anciennes du groupe.
7 juin 2019. Elle n’a eu besoin que de neuf minutes. Neuf minutes pour devenir la première buteuse de la Coupe du monde en France et asseoir un peu plus son statut de star de l’équipe. Lors du second match, alors que les minutes filent face à une Norvège accrocheuse, elle marque le penalty décisif et qualifie les Bleues pour les matchs à élimination directe. Critiquée par Corinne Diacre, qui lui reproche un mauvais positionnement, après la compétition, Eugénie Le Sommer ne perdra pourtant pas sa place et sera convoquée pour le premier Tournoi de France en mars 2020. Qu’elle remporte.
22 septembre 2020. Un 82e but pour l’histoire, enfin, et tellement mérité pour celle qui compte sept Ligues des championnes à son palmarès et a encore brillé il y a peu en finale d’une compétition dont elle avait également terminé meilleure buteuse huit ans auparavant. Désormais, il n’y a plus personne au dessus d’elle dans le tableau des meilleures réalisatrices des Bleues. Et plus de pression du record. Tout est possible. Eugénie Le Sommer n’a que 31 ans et est toujours aussi affamée de titres et de records. Alors où s’arrêtera-t-elle ? À 82, 90, 100 buts ? L’avenir nous le dira mais sa place dans l’histoire est déjà assurée.
Jérôme Flury