La joueuse offensive Laura Rueda, désormais à Saint-Malo après un an et demi, dont une saison blanche, à Villarreal, revient sur ses nombreux changements de clubs en carrière et son début de saison au sein du promu breton de Seconde Ligue.
Bonjour Laura, tout d’abord, pourquoi Saint-Malo alors que vous n’avez rien de breton ?
« Je ne suis pas du tout Bretonne en effet (elle est originaire de Pau). J’ai choisi Saint-Malo parce que je sors d’une année où j’avais arrêté, pour des raisons personnelles, et je cherchais un club familial où je pouvais réapprendre à aimer le football. Je connaissais des joueuses ici, dont Charlotte Boisneau avec qui j’ai joué à La Roche. On avait échangé sur les valeurs du club. »
Vous n’êtes jamais restée trois saisons dans une équipe, traversant parfois la France à chaque changement, pourquoi ces décisions, c’est uniquement sur critères sportifs ?
« C’est vrai que j’ai tout le temps bougé. Plus jeune, mes choix footballistiques étaient basé sur le principe qu’il fallait que je franchisse des étapes. Certains pouvaient penser à de l’instabilité, pour moi, il s’agissait d’opportunités à saisir. À chaque fois, il faut s’adapter, savoir comment s’intégrer, c’est de l’expérience que j’ai pu acquérir.
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J’ai joué à tous les niveaux, de la DH à la D1. Pour moi, il n’y a pas de sous-niveau. Chaque changement de club avait sa raison spécifique. Plus j’ai évolué, plus j’ai fait des choix de vie. En allant en Espagne, il y avait certes le projet sportif mais aussi le cadre de vie, il y avait du soleil, après Le Havre, cela changeait (rires) ! Je privilégie ma santé mentale maintenant. Je veux être bien, dans de bonnes conditions. S’il faut que je change encore pour être au mieux, je changerai. »
On a souvent le sentiment en effet qu’un transfert se fait dans une visée carriériste, vous expliquez donc que ce n’est pas, ou plus, votre cas ?
« C’est particulièrement important car pour avoir connu des moments difficiles dans ma carrière, au pôle France, en équipe de France ou dans les clubs, parfois on est un peu considéré comme un numéro. Or, le football est certes un métier, mais aussi une passion. Pour moi, s’il n’y a plus de plaisir de jouer parce que mentalement, cela ne va plus, les performances ne suivront plus. J’ai aussi une vie personnelle, il faut qu’il y ait une balance entre les deux. »
« Parfois, on est un peu considéré comme un numéro. »
Vous aviez débuté en Première Ligue, à 16 ans, en jouant 10 minutes avec Rodez, vous vous souvenez à quoi vous aviez pensé à ce moment ?
« Je veux toujours plus donc une fois que j’avais atteint cet objectif là, je cherchais à avancer. Même si c’est bien, cela ne restait que quelques minutes… Après, j’étais fière, car jouer en D1 à cet âge était rare. C’était un début. »
Vous avez quitté Rodez à la fin de la saison. Est-ce que c’est simple de changer d’environnement à chaque fois, vous avez une petite valise ? Et l’intégration dans les groupes ?
« Le problème, c’est que j’ai beaucoup d’affaires (rires). Après, honnêtement, j’ai l’habitude de bouger. C’est ce qui me stimule. Découvrir de nouveaux endroits, de nouvelles personnes. Il faut s’adapter aux joueuses en place, aux clubs, aux villes. C’est un peu compliqué mais je m’adapte vite, je suis ouverte à la discussion. »
« Découvrir des endroits, des personnes, me stimule »
Quel regard portez-vous sur votre nouveau club ? Après avoir joué au Stade Océane avec Le Havre en élite, puis à l’OM qui est ambitieux, c’est très différent ?
« Honnêtement, c’est un club qui se défend très bien. Je n’ai fait quasiment que des clubs pro, c’est vrai qu’il y a des différences, mais Saint-Malo a de bonnes infrastructures. Cela reste un club amateur, mais nous avons un staff assez complet. Côté public, il y en a un peu plus qu’au Havre. »
Vous avez bien démarré, comment expliquez-vous cette réussite individuelle et collective ?
« Sur le plan collectif, on a beaucoup travaillé. Personne ne nous attendait là. Le club nous a énormément soutenu, en mettant des infrastructures en place. Sur l’aspect individuel, sachant que je n’avais pas joué depuis un moment, c’est bien. Quand on est dans les bonnes conditions, cela ne peut que marcher. Il faut continuer, il y a du chemin à faire. »
Vous avez joué en sélection U23 avec des joueuses qui jouent désormais dans des clubs étrangers de l’élite. Vous avez identifié ce qui vous a privé de la même carrière ou ce n’est tout simplement pas ce que vous recherchiez ?
« Honnêtement, je n’ai jamais voulu une carrière comme elles ont. Je ne suis pas prête à tout. Je ne dis pas que ces joueuses-là le sont, attention ! J’ai eu des opportunités que j’ai refusées, d’autres que j’ai acceptées. Si j’ai la chance de jouer dans un club de très haut niveau, peut-être que je le ferai si cela me correspond en termes de valeurs. Pour le moment, tout se passe très bien pour moi à Saint-Malo. »
Recueilli par Jérôme Flury
Photos ©US Saint-Malo