Toulouse est l’un des derniers clubs de Seconde Ligue encore en lice en coupe de France féminine. L’équipe a écarté Fleury aux tirs au but dimanche en 8es (3-3, 4-2 t.à.b.). Deux des leaders de l’équipe sont revenues sur la qualification.
Tatiana, en étant menées 3-1 à la pause, comment cela s’est-il passé dans le vestiaire ?
Il y a eu des mots de tout le monde, même des filles qui n’étaient pas sur le terrain. Nous nous disions que nous n’avions plus rien à perdre dans les 45 minutes qui restaient, que c’étaient des filles comme nous, avec deux bras, deux jambes. On croyait en nous. En fait, c’était un peu comme s’il n’y avait qu’un but d’écart à la mi-temps.
Racontez-nous votre but de l’égalisation à 3-3…
Quelques minutes avant, j’ai une occasion similaire de l’autre côté, que je n’ai pas cadrée, et Alexandra Atamaniuk, qui a fait un match de folie, me dit « ne t’inquiètes pas, tu en auras une autre ». Elle se joue de deux défenseures, me la met et je me dis que contre Fleury, tu n’as pas le temps de contrôler dans la surface. Je la reprends en une touche, je vois qu’il y a une défenseure pas trop loin de moi, j’ouvre mon pied pour essayer de la mettre de l’autre côté, avec un peu de chance, cela termine en pleine lucarne…
Vous revenez à 3-3 puis vous abordez la séance de tirs au but en confiance ?
Franchement, oui. Nous nous sommes dit de choisir un côté, de ne pas changer au dernier moment et de s’appliquer. Des jeunes ont voulu prendre leurs responsabilités. Alexandra a voulu frapper en premier, histoire de leur alléger la pression. Puis je voulais me mettre en dernière, pour qu’elles puissent écrire leur histoire aussi.
« Je voulais tirer après les jeunes, pour qu’elles puissent écrire leur histoire aussi. »
Vous voici à deux matchs de la finale, même si ce n’est pas l’objectif de la saison, cela donne forcément quelques idées ?
On se dit qu’on a fait une fois l’exploit contre une D1 alors pourquoi ne pas le refaire contre Le Havre au tour suivant. Après, on ne se prend pas la tête. À l’entraînement ce midi, le staff nous a remis un peu les pieds sur terres en nous rappelant que le match de Saint-Malo dimanche en championnat est très important. Mais ensuite, on rebasculera sur la coupe, avec des analyses vidéo et on y ira avec toutes nos forces.
C’est une des belles émotions de votre carrière ? Vous en avez vécu des choses déjà…
Oui, cela fait partie des moments où tu te dis qu’il ne peut rien t’arriver. Après match, je me suis dit : ‘donc le football peut encore me donner des émotions comme cela, à 32 ans… C’est génial.’
Donc le football peut encore me donner de telles émotions à 32 ans… C’est génial !
Alors justement, vous avez vraiment 32 ans ou vous être en train de rajeunir au sein d’un tel groupe, qui met une ambiance folle dans le vestiaire ?
L’équipe est jeune, j’essaye de m’adapter, quand il y a quelque chose que je ne connais pas, j’essaye d’apprendre à connaître. Dans ma tête, je n’ai pas 32 ans, ça c’est sûr. C’est pour cela qu’on s’entend bien avec tout le groupe. On a à peu près le même âge au final, les jeunes ne sont pas immatures non plus.
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Maintenant que vous êtes à Toulouse depuis plusieurs mois, vous connaissez mieux ce groupe… Il est vraiment fort ?
C’est un groupe qui vit bien, c’est le même statut pour tout le monde, il n’y a pas de comparaison entre chacune, on a toutes envie de donner le meilleur pour les autres.
Comment cette belle deuxième mi-temps peut vous servir en championnat désormais ?
On se dit que ce qu’on a fait contre Fleury, on peut le refaire au niveau des automatismes, du plan de jeu. Avoir une belle place en Seconde Ligue est possible. La montée n’est pas trop dans nos têtes mais on se dit qu’on peut aller le plus haut possible.
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Malgré plusieurs absentes (Altunkulak, Lapassouse) et même si vous êtes vous-même sur le banc au coup d’envoi, vous éliminez Fleury. C’est signe que l’effectif au complet est très qualitatif ?
Ah oui, tout le groupe a de la qualité. Le coach a des choix à faire, mais dès qu’il y a des changements pendant les matchs, les remplaçantes amènent toujours des choses en plus. C’est ce qui fait que lorsque tu commences le match, tu donnes tout et tu sais que derrière, il y a des filles de qualité aussi. Dans la semaine de travail, tu te dis aussi qu’à tout moment, tu peux sauter, ne pas être dans le onze, donc cela explique notre exigence.
Le Havre, cela vous inspire quelque chose ? Vous allez jouer au Stade Océane…
Je n’ai jamais joué là-bas il me semble. En voyant le tirage d’abord, j’ai regretté en imaginant la durée du trajet… Mais d’un autre côté, je me dis que le terrain, c’est une galette, c’est une équipe de D1 à notre portée peut-être donc je suis satisfaite… Même si c’est loin (sourire).
La réaction d’Alexandra Atamaniuk :
« L’objectif était de mettre de l’impact, tout en ayant la possession. On est passées par diverses émotions. On ne s’attendait pas à marquer si rapidement, donc on s’est dit que tout était possible. Ensuite, on a pris un coup sur la tête en encaissant trois buts coup sur coup, dont deux sur des coups de pied arrêtés alors qu’on savait que c’était leur point fort.
Aux tirs au but, j’avais confiance. L’exploit était déjà fait, personne ne nous pensait capable d’aller jusqu’aux tirs au but. Après, c’était la loterie, d’autant plus qu’il y avait une très bonne gardienne en face, donc ce n’était pas gagné. J’ai pris mes responsabilités car j’ai de l’expérience, ce n’était pas ma première séance de tirs au but. Je n’avais pas peur. »
Propos recueillis par Jérôme Flury