Ophélie Wasner est l’une des cadres du vestiaire grenoblois, leader du groupe B de D3 et qui réalise une saison très solide. Sa passion pour le futsal, son plaisir à évoluer dans ce groupe grenoblois, la joueuse a répondu, avec joie, aux questions de Footeuses.
Vous connaissez bien Grenoble, quelle est votre explication concernant la très belle saison actuelle ?
« Je pense que sur cette saison, le renouvellement au complet du staff a donné un bol d’air frais au groupe. L’entente du staff est meilleure, la communication avec les joueuses aussi, le groupe est plus soudé. Cette ambiance fait beaucoup. Le coach qui nous a pris en charge, Nassredine Behloul alias Titine (rires), est sur la section féminine depuis un moment. Je l’ai eu à mes débuts, toute jeune, étant arrivée sur l’agglomération grenobloise. C’est quelqu’un de tourné justement vers la communication et qui sait doser entre la vie professionnelle et personnelle.
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Les contraintes à côté du football passent avant pour lui et je pense que cela nous aide aussi en termes de charge mentale. C’est toujours un peu compliqué en D3 ou Seconde Ligue, où on nous demande beaucoup au football alors que le retour sur investissement, à part le fait de prendre du plaisir, est moindre. On a réussi à trouver cet équilibre. Et il a réussi à créer un groupe qui a envie de travailler ensemble, dans la bonne humeur. »
Pourquoi être restée si longtemps à Grenoble d’ailleurs, même après votre passage à l’étranger, c’est un choix de vie ?
« J’ai déménagé sur Grenoble lorsque mon père s’est fait muter, j’étais au pôle Espoir de Lyon lors de mon lycée, effectuant les trois années en internat. Ensuite, j’ai voulu faire des études de kiné, j’ai fait une année de médecine à Grenoble. J’avais un peu mis le foot de côté, je suis allée faire mes études au Portugal pendant quatre ans. J’ai joué à Braga et notamment deux ans en D1 futsal, à Vermoim. Il fallait que je convertisse ce diplôme européen, je suis revenue à Grenoble.
J’ai fait des entraînements pour savoir si je pouvais jouer en D2, ils ont dit que oui. Je suis rentrée dans un cabinet du sport aussi, ma vie perso se déroulait bien, donc je n’ai pas cherché à aller ailleurs. Hormis en futsal, où c’est compliqué de trouver. Je préfère pour le moment continuer à jouer en national à 11 tant que je le peux, plus que de tout chambouler dans ma vie au risque de tomber sur quelque chose qui ne me permettra pas de m’épanouir. »
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Mais vous le dites, le futsal vous tient à cœur ?
« Si j’avais le choix à niveau à peu près équivalent, c’est quasiment sûr que j’irai faire du futsal. Mais aujourd’hui, les pistes que j’ai ne me convainquent pas. J’ai un oeuil dessus, j’ai envie d’en faire. Peut-être qu’un jour j’aurai fait le tour du foot à 11 et je ne me vois pas en faire en loisir. Je basculerai sur du futsal, en fonction de ce qui sera possible. J’aimerais retourner en équipe de France, le niveau que nous avions était top ! J’ai essayé de monter des équipes à droite, à gauche à Grenoble. Je suis très attentive à cela. »
C’est évidemment très différent chez nous du Portugal dans ce secteur ?
« Au Portugal, c’est un sport à part entière. Il y a des filles qui n’ont jamais fait de foot à 11. J’ai toujours aimé le futsal, j’avais fait du basket petite, des choses s’y apparentent. Au portugal, il y avait un club pas loin de chez moi, j’ai voulu voir ce qu’il s’y faisait, ils m’ont bien accueilli, j’ai joué deux saisons là-bas, avec Ana Azevedo (internationale portugaise). Maintenant je me dit que je jouais avec une star ! »
« Maintenant, je me dis que je jouais avec une star ! »
Pour revenir sur Grenoble, vous commencez à envisager un retour en Seconde Ligue ? Ce n’était pas l’objectif affiché dès le départ, si ?
« Non, dès le départ, le coach m’avait dit qu’il allait remodeler l’équipe avec les départs et arrivées, et qu’il n’y avait pas de pression. En commençant le championnat, l’idée était de bien jouer au football et se maintenir le plus vite possible. Après, on a des filles compétitives dans ce groupe, on s’est vite dit qu’on ambitionnait d’être dans le top. On a envie de monter. Quand tu es dans une compétition, l’objectif est de la gagner. Même là, on a pris une série de cinq matchs, le coach avait dit qu’on verra à la fin, bon, nous sommes toujours en tête… Ce serait dommage de ne pas aller au bout des choses. Mais le classement est anecdotique pour moi actuellement car il reste des matchs et il nous reste à aller jouer chez le 2e, le 3e, le 4e… »
Dans la région, derrière le roi Lyon, l’idée est d’avoir un autre club intéressant où des joueuses puissent s’épanouir ?
« Nous verrons si nous montons, si nous arrivons à construire quelque chose, ce serait beau. Ramener du monde et de l’enthousiasme sur le football féminin à Grenoble. Il y a un noyau qui est resté depuis quelques années, cela nous tient à cœur. Je suis arrivée à Grenoble enfant, j’ai vu comment les filles bataillaient pour rester dans les divisions nationales. J’étais triste sur le plan personnel lorsque nous avons été reléguées, pour ces filles qui se sont battues pendant des années. Là, ça m’anime de remonter d’un niveau. »
« J’étais triste sur le plan personnel lorsque nous avons été reléguées, pour ces filles qui se sont battues pendant des années. »
Vous faites partie des cadres du groupe, vous essayez de donner l’exemple aux jeunes ?
« Alors je prends la parole, je veux bien donner des conseils footballistiques, mais je ne vais pas imposer ce que j’ai envie qu’elles fassent. Chacun est libre de faire ce qu’il souhaite. J’accompagne au maximum, après je fais aussi de la kiné à côté pour les filles. L’idée reste d’être dans la bonne ambiance. »
Quelles sont vos envies pour les années à venir, de continuer votre métier de kinésithérapeute, de monter en Seconde Ligue, de rester sur Grenoble ?
« Oui, de refaire monter l’équipe en deuxième division, d’y jouer et performer à ce niveau. Du côté du travail, j’ai intégré une équipe dynamique dans un cabinet du sport, donc c’est y trouver ma place, m’y développer dans mon métier. Et sinon, de faire du futsal ! Dans un premier temps, y jouer, dans un second temps, être sélectionnée… Mon idée serait de trouver un double projet entre le foot et le futsal. Cela ne me fait pas peur de bouger en ce sens. »
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photos ©gbret.photographies