Julie Marichaud (OGC Nice) : « Il faut se donner à chaque match car on ne sait pas de quoi est fait demain »

Championne du monde militaire en 2022, formée à l’OL et passée par Saint-Étienne, Julie Marichaud est aujourd’hui une cadre du club de Nice, qui jouera une qualification en coupe de la LFFP ce dimanche à Thonon (13h).

Douze ans après, quels souvenirs gardez-vous de l’Euro U17 de 2013 ? Après des défaites contre l’Espagne et l’Allemagne, vous battez l’Écosse 1-0, en marquant avec le brassard de capitaine…

De supers souvenirs car nous avions une superbe génération. Nous n’avions pas fait les résultats qu’on espérait mais on avait une belle ambiance, un super coach, Guy Ferrier. L’Espagne U17 2013 par exemple, il y avait Bonmati ou Guijarro au milieu. Le but face à l’Écosse, c’était une bonne expérience et un vrai bon souvenir. Cela avait été le seul but de notre Euro et nous voulions gagner ce dernier match à charge de revanche.

Que gardez-vous également de votre formation à l’OL, c’est ce qui vous a donné les bases ?

Surtout d’avoir commencé avec les garçons avant m’a apporté autre chose. Maintenant, quand je suis allée en pôle Espoir avec Cécile Locatelli et à Lyon à 20 ans, où je côtoyais des joueuses de D1, cela a été une des clés pour que je puisse avancer.

Vous avez ensuite eu plusieurs saisons à Saint-Étienne, une étape importante de votre carrière, marquée aussi cependant par une blessure au genou ?

Les croisés, je les ai eu en 2015, j’étais dans des années où tout allait bien pour moi. Cela a été très dur à encaisser. C’est le moment où tu vois qui reste là pour toi. Heureusement, ma famille, mes amis m’ont beaucoup aidé. C’est une expérience qui néanmoins m’a apporté pour la suite, m’a permis de mieux me connaître et de prendre plus soin de moi.

En arrivant à Nice, vous aviez quand même une envie de rebond. Comment ce transfert s’est-il fait ?

Ma dernière année à Saint-Étienne avait été compliquée, avec des hauts et des bas. je suis venue une semaine à l’essai. Cela s’est très bien passé et Mathieu Esposito (coach à l’époque) m’a donné sa confiance. L’idée était aussi d’apporter mon expérience car Nice était une D2 en train de se construire.

« 2022, une année où je revis »

2021-2022 est une saison d’un retour en force, vous marquez même deux buts et vous jouez beaucoup. C’est le retour du plaisir ?

C’est une année où je revis. Je reprends confiance en mon foot, en mon genou et en moi. Je me dis que je suis tellement passée par des étapes compliquées que je ne peux que venir sur le terrain et profiter. Il faut se donner à chaque match car on ne sait pas de quoi est fait demain.

Au début, j’ai eu peur, à cause de l’année qui précédait. Je suis venue sur la pointe des pieds, en laissant les gens me faire une place. J’ai trouvé un cadre familial, cela m’a vraiment fait du bien. Je ne pouvais pas mieux trouver.

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En fin de saison, il y a le mondial militaire, que vous remportez. C’est le plus beau souvenir de votre carrière ?

Je ne sais pas… En tout cas, on avait un groupe exceptionnel. Staff comme joueuses. Je pense que ce mondial n’est pas mis à sa juste place. Il y a de très belles sélections.

C’est sur votre bio insta en tout cas (sourires). Vous en parlez encore avec les joueuses de ce groupe victorieux ?

On continue l’équipe de France militaire donc par exemple cet été, il y aura les qualifications pour les Jeux mondiaux. Il y a des filles qui ont dû arrêter mais on s’en reparle quand on se recroise, par exemple Rachel Corboz, quand je l’ai recroisée à Saint-Étienne. Le coach Marc Mauffroy aussi, on s’appelle de temps en temps.

Vous avez enchaîné plusieurs saisons en haut de tableau de Seconde Ligue, mais la dernière saison a été plus difficile. Avez-vous des explications sur cette saison ?

Le niveau de la Seconde Ligue a beaucoup changé par rapport à mes premières années en D2, il n’y a pas six équipes qui se battent pour être première mais douze. Chaque match est incertain ! Je n’ai pas forcément d’explications. Parfois, on marque mois, et alors dans la tête, cela trotte, et puis on se fait punir. Mentalement, on a flanché sur certains matchs. Le groupe avait changé, était moins dense. On a quand même réussi à se maintenir.

« L’émotion était grande car on sauve un club. »

Je n’avais jamais vécu un maintien en D2, c’est dur à vivre, il faut aborder les matchs, les semaines différemment. Maintenant, on apprend de nos erreurs et on sait ce qu’il faut éviter de faire. L’émotion était grande à la fin car on sauve un club, même beaucoup de filles. Je coache, j’échangeais avec des petites, qui nous demandaient pourquoi on perdait… Ce n’est pas simple ! La dernière journée, je sors sur crampes à la 70e, cela ne m’était jamais arrivé, mais le corps relâche une telle pression.

Votre début de saison est intéressant, avec un succès de suite avant de marquer un peu le pas. Qu’est ce qui peut encore être amélioré ?

Notre solidité en général. La finition de certaines actions. Si nous arrivons à être plus tranchantes dans les deux surfaces. L’idée est de jouer un maintien paisible, de ne pas revivre une année terrible. Nous essayons de positiver sur chaque petite chose. Le nouveau coach intègre tout le monde, ce qui fait aussi notre force cette fois. Tout le monde peut jouer et a un peu de pression et je trouve cela bien.

Vous-même avez déjà marqué un but…

Cette année mon coach peut me faire jouer défenseure centrale comme milieu de terrain donc moi aussi j’apprends encore, de tout le monde. En fait, on apprend tout le temps. Mon premier objectif reste de bien défendre et si on fait cela, on marquera derrière.

Vous savez franchir des tours à élimination directe. Cette année, vous avez la coupe de France, également un match important de coupe de la LFFP qui arrive contre Thonon. Comment l’abordez-vous ?

Les coupes ne sont pas notre priorité. Mais bien sûr que quand on joue un match, c’est pour le gagner et nous savons qu’en allant à Évian, si on gagne, on peut passer. C’est du bonus, qui peut nous rajouter des matchs à jouer. Sans pression particulière. Peut-être que des filles qui jouent un peu moins régulièrement pourront profiter de l’occasion aussi pour montrer qu’elles méritent leur place dans le onze. 

Jérôme Flury

Photo ©Jean-Marc Ponte/OGC Nice

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