Après une saison correcte sans être géniale, Amel Majri est repartie sur des bases qui correspondent davantage à la joueuse exceptionnelle qu’elle est. Son match XXL face à Levante mercredi pourrait définitivement la replacer au centre du projet OL version Sonia Bompastor.
L’entrée de l’OL dans l’ère Bompastor en avril n’aura pas permis au club multi champion de France de sauver in extremis son titre. La faute à un match nul (0-0) concédé fin mai à domicile contre le PSG lors de la grande finale du championnat. Le changement de hiérarchie a tout de même eu pour vertu salutaire de placer Amel Majri au centre du projet. Cette dernière réalise un début de saison canon, avec en point d’orgue un récital lors de la victoire contre Levante (2-1) mercredi, en Ligue des championnes.
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Sa fin de saison dernière augurait déjà d’un retour au premier plan après plusieurs mois d’effritement. La Française n’avait pas été épargnée par la baisse de régime qui s’était généralisée à l’ensemble de l’effectif lyonnais début 2020. Conséquence d’une fin de campagne européenne harassante à Bilbao en août 2020, et d’une crise sanitaire qui avait déréglé les organismes.
Une saison ordinaire pour une joueuse extraordinaire
L’ailière sortait d’un Final 8 mémorable avec un but en quarts face au Bayern (2-1), une passe en demies contre Paris (1-0) et, au-delà des statistiques, une finale qui aura médusé Wolfsburg (3-1). La reprise du championnat s’est opérée en fanfare, dans le prolongement de cette période enchanteresse. Amel Majri volait sur la pelouse et continuait d’être décisive. Un doublé de passe contre Bordeaux (2-1) fin septembre ; un but et une offrande lors de la victoire étriquée des Bleues en Serbie (0-2) quelques jours plus tôt en étaient la preuve éclatante.
Tout menait à croire que la Tunisienne de naissance allait s’assoir à la table des plus grandes de la discipline. La suite de l’histoire s’est quelque peu gâtée pour elle. Qu’on se le dise, la gauchère a réalisé une bonne saison, saupoudrée de 10 buts et 7 passes en D1. Mais elle a perdu un peu de sa superbe et beaucoup de son influence. Particulièrement contre Paris, que ce soit sur la scène nationale ou continentale.
Amel Majri, femme providentielle
« On a retrouvé les qualités d’Amel Majri qu’on avait perdues ces derniers temps et ça fait du bien ». Ces propos, tenus début juin à Strasbourg, ne sont pas de Sonia Bompastor mais de Corinne Diacre. La sélectionneure des Bleues louait alors le très bon match de sa milieu au sortir d’une soirée victorieuse face à l’Allemagne (1-0) durant laquelle Majri avait de nouveau enfilé la tunique de passeuse. La coach lyonnaise pourrait désormais faire siennes les paroles de son homologue tant le début de saison de la joueuse de 28 ans est idyllique.
Chaque touche de balle, chaque passe, chaque contrôle de Majri rappelle avec délicatesse qu’une telle joueuse ne doit pas être analysée par le prisme de ses stats, si fournies soient-elles. Plus important encore que ses deux offrandes et ses quatre pions en autant de rencontres depuis la rentrée, il y a son rôle sur le pré. Celui d’accélérateur de ballon et de mise sur orbite des coéquipières.
Une polyvalence à toute épreuve
Amel Majri est une joueuse élégante, dont les décisions sont dictées par le sens du jeu et le souci perpétuel d’allier efficacité et féérie. Lors du Derby remporté (6-0) dimanche, elle a gratifié les centaines de supporters présents d’une roulette dont elle seule à la secret sans que son geste soit interprété comme un excès de confiance, de la provocation ou du mépris.
Amel Majri, c’est aussi une joueuse polyvalente, capable de rayonner à gauche d’un milieu à trois comme face à Saint-Étienne, plus sporadiquement en numéro 10 comme la première heure de la rencontre de mercredi et plus classiquement au poste d’ailier gauche comme la dernière demi-heure de ce même match.
C’est en meneuse de jeu qu’elle a ouvert le score d’un coup franc direct et c’est en ailière qu’elle a offert le deuxième but à Catarina Macario quelques minutes plus tard (voir tweet ci-dessus) alors qu’elle venait à peine d’être repositionnée par son staff. Un staff qui se doit de bâtir sa saison autour de la magnifique Majri s’il veut mener à bien sa mission reconquête.
Mickaël Duché
Photo © Amel Majri – Instagram