La défenseure Andréa Lardez a récemment prolongé jusqu’en 2023 avec Bordeaux, club qu’elle a rejoint en 2015 et qui développe efficacement sa section féminine. Passée de la D2 à une place qualificative à la prochaine Ligue des championnes en quelques saisons, la Française retrace le parcours fulgurant des Girondines et aborde la saison actuelle avec humilité.
Vous avez récemment prolongé votre contrat jusqu’en 2023 avec un club que vous avez rejoint il y a déjà six ans… C’est une marque de confiance importante pour vous ? Est-ce que vous imaginez finir votre carrière ici, à Bordeaux ?
C’est une bonne question, on me l’a déjà posée. J’ai à peu près toujours la même réponse : tant que ça se passe bien ici, tant que les objectifs du club restent tels quels, avec ce sentiment chaque saison de passer un niveau supérieur, il n’y a pas de raison que je parte.
Vous l’avez évoqué, le club semble progresser au fil des années, quelle évolution constatez-vous en termes de structuration ?
La première année, nous nous étions maintenues à la dernière journée. Le club a compris qu’il faudrait plus en terme d’investissements. Ça passe d’abord par les infrastructures, le fait d’avoir de meilleurs vestiaires, puis par des petits contrats qui permettaient de s’entraîner le matin. On sent vraiment les choses changer.
Est-ce que vous vous sentez plus craintes ou respectées par les autres équipes aujourd’hui dans le championnat ?
Oui, c’est vrai. C’est ce qui fait que par moments j’ai un petit peu de mal dans la manière d’aborder les rencontres. J’avais l’habitude d’être d’abord dans l’équipe qui redoutait l’adversaire. Désormais, c’est plus souvent l’inverse. On sait que les équipes vont vouloir bien défendre, faire quelque chose face à nous. Mais nous y sommes préparées aussi, nous le savons.
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Quel regard avez-vous sur la concurrence croissante ? Quelles choses souhaitez-vous encore améliorer dans votre jeu ?
C’est une bonne chose ce recrutement. Si on veut qu’un groupe fonctionne, il faut gérer l’enchaînement des matches, penser aussi à la dimension Coupe d’Europe. Avec plus de matches, on est obligé de doubler les postes. Ça permet à tout le monde de hisser son niveau, quelles que soient les joueuses qui jouent.
« L’arrivée d’Ève me montre ce que nécessite le niveau international. »
Me concernant, il faut justement que j’arrive à basculer dans cet état d’esprit de moins redouter l’adversaire, d’être dans la prise d’initiatives, de muscler mon jeu. L’arrivée d’Ève (Périsset) me montre ce que nécessite le niveau international.
Quand vous revenez sur cette aventure bordelaise, des moments forts se dégagent-ils ?
Parmi les moments forts, je mettrais certainement la montée en D1 (2017) et le maintien dans l’élite l’année d’après. Depuis on enchaîne de très bons résultats. Plus récemment je repense à des matches solides contre Lyon. Je me rappelle d’un match nul (0-0) que nous avions fêté comme une victoire (2020).
La Ligue des championnes est-elle dans les esprits désormais ? Avec huit points d’avance et un match en retard actuellement au classement…
Collectivement, nous n’en parlons pas plus que ça. Je sais d’expérience que huit points d’avance ça peut vite tourner. Je me méfie énormément. Après, oui, c’est un objectif, à titre collectif, de pouvoir faire un déplacement à l’étranger en Coupe, jouer un match de Ligue des championnes, entendre la petite musique des grandes soirées…
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Comment jugez-vous l’équilibre entre plaisir et concentration dans le club cette saison ?
Nous continuons à prendre beaucoup de plaisir. De toute façon si ce n’était pas le cas nous n’aurions pas ces résultats là. On fait du foot parce qu’on aime ça à la base.
Le rapport à cette notion de plaisir a évolué durant ma carrière. J’avais l’habitude de jouer avec mes copines. C’était du pur bonheur car j’étais avec un groupe que je connaissais depuis longtemps. Mais les résultats n’étaient pas forcément présents. Là en revanche, nous avons de super résultats qui contribuent aussi au plaisir procuré par le sport. Ce ne sont pas les mêmes raisons, mais la manière dont on y arrive est la même.
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo : FCGB – Q. SALINIER