C’est un cas extrêmement rare dans le monde du football : Anissa Lahmari a marqué pour le Maroc l’été dernier en Coupe du monde. Mais elle avait auparavant porté le maillot de la France en catégories jeunes et même représenté l’Algérie. Ces changements de nationalité sportive lui ont valu certaines critiques, toutefois la jeune femme est avant tout consciente d’avoir eu de la chance dans son parcours.
Anissa Lahmari, vous êtes née en France, d’un père Algérien et d’une mère Marocaine. Qu’est ce que cela représente pour vous d’avoir porté ces trois maillots ?
« Je pourrai raconter à mes enfants que j’ai eu la chance de porter les trois maillots. Que ce soit la France, l’Algérie, le Maroc, il y a des circonstances qui ont fait que j’ai pu représenter ces équipes, c’est un honneur. Je suis née en France, j’ai pu grandir avec mes racines algériennes et marocaines par mes parents. En famille, ils m’ont toujours soutenu sur mes choix. »
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Lorsque vous avez finalement choisi de partir avec la sélection du Maroc, avez-vous subi des critiques ?
« J’ai effectivement subi quelques critiques lorsque j’ai changé de nationalité sportive, mais je ne suis pas un cas unique et je pense avoir tout donné pour la France et l’Algérie avant de finalement représenter le Maroc. »
Vous avez eu la chance de jouer une Coupe du monde où vous avez tout connu, une défaite 6-0, un but décisif, un 8e contre la France… C’était une cascade d’émotions ?
« C’est clair que je suis passée par plusieurs émotions. J’ai rejoint le groupe pendant leur préparation, mon choix de rejoindre le Maroc s’étant fait tardivement. Le coach de l’époque, Reynald Pedros, et les filles m’ont très bien accueillie. Je crois que tout le monde n’est pas au courant mais les installations du Maroc sont vraiment d’une grande qualité. Ensuite, j’ai enchaîné avec les matchs de préparation, j’ai dû rapidement m’intégrer, je connaissais peu de joueuses hormis Amani et Nakkach.
Dans ma tête, je suis déjà ailleurs…
Anissa Lahmari rêve des Jeux Olympiques
Le premier match du Mondial, contre l’Allemagne, certes on a pris six buts, mais je suis allée voir quelques coéquipières pour leur dire de ne pas s’inquiéter, j’avais confiance en l’équipe. On enchaîne avec deux victoires. Il y a beaucoup d’émotions, le match contre la France en plus, où je retrouve beaucoup de joueuses que je connais dont ma meilleure amie, Grace (Geyoro). Mais tout est passé très vite.
La Coupe du monde était un moment merveilleux mais désormais dans ma tête je suis déjà ailleurs… »
Aux Jeux Olympiques auxquels vous allez tenter de vous qualifier avec le Maroc par exemple ?
« Exactement. Les Jeux Olympiques en France, pour moi qui suis née à Paris, représenter le Maroc devant mes proches, ce serait encore un beau clin d’œil pour moi. Cela ne va pas être facile de se qualifier, si on passe la Tunisie (matchs les 23 et 28 février), nous pourrions jouer la Zambie.
Ensuite, nous avons la chance aussi après de pouvoir disputer la CAN au Maroc, les filles ont eu la chance de le faire il y a deux ans et m’en ont parlé. Il y a beaucoup de choses particulières sur mon chemin. »
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo ©FIFAWWC
