Le Club Athlétique Paris, troisième club de la capitale en termes de licenciées de football, a récemment créé la sensation en se qualifiant pour les 8e de finale de la Coupe de France. La gardienne Camille Meyer nous a confié son plaisir d’évoluer au quotidien dans ce club.
Bonjour Camille Meyer, et félicitations pour cette qualification pour les huitièmes ! Quelle était l’ambiance sur la pelouse à l’issue du match face au Mans ?
Merci ! Tout d’abord j’ai été surprise par le public. À aucun moment de la rencontre il n’y a eu de silence. Le match n’était pas fou sincèrement, mais les supporteurs n’ont jamais lâché. Lorsqu’on a marqué, l’ambiance est devenue délirante, comme s’il y a avait eu un but décisif à la 95e d’un classique PSG-OM.
Des parents étaient tout aussi en transe que des copines qui viennent régulièrement nous voir. Il y avait une espèce de communion entre des gens qui connaissent bien le football et d’autres beaucoup moins. Et notre petit club de supporteurs était bien là avec son esprit bon enfant, pour chanter notamment le chant « C A côté », lorsqu’un adversaire manque son tir. Après, pour les penalties, contre Le Mans, je n’ai rien fait, leur tir manqué est passé au-dessus de la barre. Mais en 32e contre Valenciennes, j’en ai sorti 3.
Cette qualification pour les huitièmes de la Coupe de France est-elle la plus grande émotion footballistique de votre vie de joueuse ? (Le club est devenu récemment champion de Régional 2 et a même disputé l’an passé les barrages d’accession à la D2)
Personnellement, j’avais déjà vécu plus fort, en ayant par exemple l’occasion un jour de jouer contre l’équipe de France. Et de manière générale, le sentiment reste un peu partagé car les équipes étaient à notre portée. Maintenant, Reims, ça va être très compliqué, à moins d’un miracle. Mais l’objectif ce sont les barrages d’accession en D2. Nous sommes premières ex-aequo en R1 cette saison, en ne comptant qu’une seule défaite et seulement 6 buts encaissés.
« J’ai une confiance de fou furieux dans ma défense. »
Justement, quelles sont d’après vous les principales qualités de l’équipe ?
Notre équipe est assez homogène, nous avons 25-30 ans de moyenne. La plupart des filles ont de l’expérience, nous sommes des compétitrices, nous avons envie de gagner. Certaines ont joué en D1, en D2, il y a sept ou huit ans. Donc nous avons des qualités physiques, l’enchaînement des rencontres ne nous pose pas de problème. Et en effet, je suis très fière de ma défense. J’ai une confiance de fou furieux dans ma défense.
Quels sont les objectifs de la saison ?
La volonté première du club, c’est le maintien. Nous avons le même groupe depuis quelques saisons, elles ont connu les montées, mais je ne suis pas sûre qu’elles souhaitent toutes jouer en D2. En termes d’engagement, ce n’est pas pareil. Nous ne touchons pas de salaire pour jouer, et cela nous convient, mais passer tous les weekends aux quatre coins de la France, personnellement ce n’est pas quelque chose que j’envisage. Mais évidemment, nous avons la culture de la gagne, et cet objectif des barrages. L’an passé, nous sommes tombés face à Nantes, qui possède un gros budget et avait pour objectif de monter (Ndlr : défaite 3-0 sur l’ensemble des deux matchs). Nous avons vu une vraie différence. Nous voulons tout de même jouer les barrages de montée, pour le défi et l’expérience.
Comment abordez-vous la rencontre face à Reims, un historique du football féminin et pensionnaire de D1 ?
On va le préparer ce match contre Reims, mais pour Le Mans, nous avions les vacances où nous ne pensions qu’à la Coupe, là nous sommes focus sur le championnat. La semaine prochaine on joue contre le premier, tout en préparant la Coupe. Je ne doute pas que le staff a déjà son plan de bataille. On y va surtout pour faire plaisir à ceux qui viennent nous voir jouer. Les garçons ont demandé à ce que leur match soit décalé pour qu’ils puissent venir nous voir jouer. Il y a un bon équilibre dans ce club entre les sections féminine et masculine. Le but c’est de nous dire que le huitième de finale c’est pour le club. Ici, l’ambiance est bonne et l’esprit simple.
Enfin, avez-vous un favori pour la Coupe ?
Honnêtement, j’aimerais Bordeaux. J’aime beaucoup l’équipe, les filles qui la composent, Asseyi, Lavogez, ce sont des joueuses très sympathiques, le projet de jeu est bon, et ce week-end encore elles ont tenu le 0-0 contre l’OL. Après, j’aimerais bien aussi que ce soit le CA Paris (rires).
Camille Meyer joue au football depuis 23 ans : « J’ai longtemps joué chez les garçons« . Originaire d’Alsace, la gardienne a notamment passé un test chez l’ancien club de Compiègne. Une joueuse était alors chargée de lui proposer des frappes. « C’est Gaëtane Thiney qui m’a allumée pendant vingt minutes », se souvient-elle.
Propos recueillis par Jérôme Flury.
Un grand merci à Camille Meyer et remerciements à Sophie Piéplu.