Christy Gavory (23 ans), capitaine du RC Lens en Deuxième Division, est de retour dans le nord après quatre saisons à Metz. Elle fait le point sur le début de Championnat des Sang et Or et sur son nouveau rôle dans cette équipe.
Après une saison arrêtée bien trop tôt à cause des restrictions sanitaires, vous devez être heureuse d’avoir repris le championnat. Quel est votre regard sur le début de saison de Lens ?
Forcément cela fait du bien de reprendre enfin. Notre début de saison n’est pas merveilleux mais pas catastrophique non plus (Lens est 8e avec 4 points après cinq rencontres).
Vous avez débuté la saison par une défaite mais avez ensuite enchaîné quatre nuls consécutifs, il vous manque quoi pour les changer en victoires ?
Je pense que c’est plus sur le plan mental qu’on a un travail à faire puisque nous n’arrivons pas à tenir le score. Cela se joue sur des petits détails mais c’est en faisant des erreurs qu’on apprend.
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Quelles sont les forces de votre équipe ?
À mon sens, notre cohésion fait beaucoup. Paradoxalement, le covid nous a fait du bien, nous avons appris à nous connaître, à jouer ensemble. Et aujourd’hui vraiment, ce qui ressort c’est notre état d’esprit. Nous sommes toutes dans le même objectif commun. Et puis dans le jeu, nous ne sommes pas ridicule non plus.
« Paradoxalement, le covid nous a fait du bien. »
Signer à Lens à l’été 2020 n’était pas un bouleversement pour vous, bien au contraire : pourtant née à Rouen, vous avez passé de longues années au club d’Arras. Pourquoi ?
Quand je suis entrée dans le pole de Liévin, il a fallu un club assez adéquat, j’ai décidé d’aller sur Arras. Je rentrais au lycée, j’avais 16 ans, je me suis retrouvée à l’internat toute la semaine. Je n’ai pas du tout regretté mon choix, j’ai passé des belles années là-bas. On dit que dans le Nord, on pleure quand on arrive et quand on repart, cela s’est vérifié…
Et comment s’est alors passé votre départ vers Metz ?
Cela s’est décidé à la dernière minute. J’étais allé visiter une maison pour rester à Arras et puis je reçois un message en sortant du lycée, je m’en souviens encore. « C’est Metz, on te veut, on est prêt à rencontrer tes parents. » Le club montait en D1, forcément à 18 ans c’est flatteur, c’est aussi ce pourquoi nous travaillons au pôle.
Là aussi, c’est au final une belle expérience pour vous, que gardez-vous de votre passage en Lorraine ?
Ce sont de belles années, j’ai connu la D1, des moments plus difficiles également où je ne jouais pas forcément. Et puis il y a eu un maintien, la plus grosse étape, la montée aussi. J’ai un peu tout connu là-bas et j’ai engrangé pas mal d’expérience.
Mais finalement, vous êtes revenue à Lens, qui est un club né d’une fusion avec votre ancienne équipe d’Arras. Le nom et les couleurs des maillots sont différents mais c’était un retour logique pour vous ?
J’étais décidée à vouloir partir de Metz, j’avais besoin d’autre chose à ce moment-là. J’ai reçu un appel de mon ancien coach à Arras qui me parle de la fusion potentielle. Puis, changement de programme, ce n’est plus du tout le même staff, et cette-fois c’est Sarah M’Barek qui m’appelle. Le projet avait l’air de rentrer avec ce que j’attendais, et en effet, c’était un retour aux sources. Je n’ai pas hésité.
Alors Lens est malgré tout une équipe jeune, quelles sont les ambitions dans ce groupe relevé de D2 ?
La montée fait partie de nos objectifs premiers, si je peux y contribuer c’est encore mieux, je suis là pour ça. Maintenant, nous ne sommes pas encore au point de concurrencer les prétendants à la montée. Nous savons que nous avons des qualités mais il reste beaucoup de choses à travailler. Cette saison, si nous pouvons arriver dans le top 5, ce serait déjà une grande progression.
« Le top 5, ce serait déjà une grande progression.«
Vous avez connu la D2 avec Metz mais aussi avec Arras en 2016… En cinq ans, avez-vous le sentiment que ce championnat a évolué ?
Il se professionnalise, avec forcément un peu plus de tactique. Il y a de nouvelles équipes et je trouve que les écarts de niveau se resserrent très vite. Entre les premiers et les derniers, ça reste assez homogène.
Vous vous retrouvez à porter le brassard, à 23 ans seulement, c’est une source de motivation supplémentaire ?
Je ne m’attendais pas du tout à porter le brassard. J’ai été très surprise au premier match amical, d’être capitaine alors que je venais d’arriver. Le brassard, cela ne peut qu’être une fierté. Mais comme je dis souvent, tout le monde a sa part de capitaine sur le terrain, c’est ce qui fait aussi notre force.
« Je ne m’attendais pas du tout à porter le brassard. »
Vous avez déclaré, « jouer en 6 ou en 10 me convient du moment que je suis titulaire », mais vous avez quand même une position favorite ?
J’ai une préférence pour jouer numéro 10, après tout dépend du système de jeu. Je peux aussi aller sur un côté ou dépanner en défense. Il faut savoir s’adapter, tant que je serai sur le terrain je donnerai le maximum. Et marquer, ce n’est pas mon point fort les buts, mais j’ai hâte d’en marquer un premier cette saison, ainsi que distribuer les bons ballons à mes coéquipières.
Vous avez joué des compétitions (Euro U19, Mondial U20) dans les catégories de jeunes et vous n’avez que 23 ans aujourd’hui, l’équipe de France reste un des rêves à long terme ?
Forcément, cela reste dans un coin de ma tête surtout quand on fait toutes les sélections jeunes, quand on fait des compétitions officielles. Après, étant joueuse de D2 je ne pense pas que c’est là qu’on regarde le plus, je pense que c’est un peu loin.
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo © Manu Cahu