La réaction de Corinne Diacre après la victoire de l’équipe de France féminine contre l’Uruguay (5-1), samedi, dans le Tournoi de France.
Comment analysez-vous ce match ?
Nous avons eu deux mi-temps différentes. En première période, on a eu du mal à imposer notre jeu. On ne s’est pas non plus facilité la tâche à cause de problèmes techniques, de problèmes de justesse et de choix. Même si on met trois buts en première période. J’ai trouvé la seconde période plus aboutie au niveau du jeu.
Comment expliquez vous ces différences entre la première et la deuxième période ? Est-ce que cela vient du système ?
C’est plus l’animation du système que le système en lui-même. On s’est mises en difficulté sur certaines relances. À partir du moment où on est pas juste techniquement, à ce niveau là, ça ne pardonne pas. L’animation du système en deuxième période était bien meilleure. Les changements ont aussi fait du bien.
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Pourquoi avoir fait le choix de commencer en 4-3-3 ?
Parce qu’on continue à travailler. On abandonne pas une défense à quatre. Je voulais voir des choses, j’en ai vu des biens et des un peu moins bien. D’où l’idée de repasser à trois derrière pour se sécuriser, ce qui a été fait en deuxième période. Et j’ai trouvé, en plus, que l’animation offensive était plus aboutie.
L’animation offensive avait justement manqué dans le premier match, qu’est ce qui a changé ce soir ?
Les matchs se suivent et ne se ressemblent pas. Les deux adversaires étaient complètement différentes. On a rectifié des choses à la mi-temps, des choses qu’on avait identifiées avant le match, mais qu’on a pas su mettre en place en première période. Le changement de joueuses, le changement de profil de joueuses a permis à notre animation d’être un petit peu meilleure.
Vous avez parlé des erreurs défensives, celle d’Hawa Cissoko amène le but de l’Uruguay. Est-ce que vous avez eu quelques mots avec elle ?
C’est quelqu’un qui est abattue, bien évidemment. Au-delà de ça, Hawa est une belle personne. Elle a fait des erreurs. Maintenant… c’est difficile. On va en discuter toutes les deux et puis on va laisser un peu de temps. On ne va pas réagir à chaud. En tout cas, elle est bien malheureuse ce soir.
Quel est votre sentiment sur l’atmosphère de ce stade Raymond-Kopa (Angers) ?
Ça faisait un petit moment qu’on n’avait pas joué chez nous. Ça fait du bien de retrouver son public. Un public portant, qui nous soutient, en route pour cette Coupe du monde. C’est vrai qu’on va être loin l’été prochain mais on sait qu’on va pouvoir compter sur nos supporters.
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J’espère qu’il y aura encore un peu plus de monde mardi prochain. Mais effectivement, le public angevin est tout à la cause de l’équipe de France féminine.
Vous allez avoir l’occasion de remporter un troisième titre du tournoi de France. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Au-delà du trophée, on ne se trompe pas d’objectif : on est là pour travailler. Pour mettre des choses en place. On est là aussi pour se mettre parfois en difficulté. J’attends des réponses. Donc, si je veux des réponses, il faut que j’essaye des choses. Parfois au détriment de la performance de certaines joueuses. Mais je dois l’accepter.
On est effectivement à deux victoires en deux matches. L’objectif c’est d’enchainer une troisième victoire contre une équipe norvégienne solide, qu’on connaît car on les a jouées en novembre dernier. Elles ont quelques blessées aussi. Je pense que la coach essaie également des choses. Mais, au-delà de ce que fera l’adversaire mardi, je vais rester concentrée sur mon équipe et on va continuer à travailler.
Deux joueuses ont marqué leur premier but en bleue (Naomie Feller et Kessya Bussy), comment les avez-vous trouvées ?
Timorées. Le haut niveau exige plus. C’est bien au niveau des stats, individuellement. Après au niveau du jeu, je reste un peu sur ma fin.
Qu’attendez-vous de plus d’elles justement ?
Ce que les autres ont fait à leur place en entrant. De l’animation, des prises de risque, de l’audace. Beaucoup de choses. Après, les profils sont différents. Maintenant, je ne condamne personne au bout de 45min. En même temps, je leur ai aussi mis la pression. Il faut supporter cette pression. Et parfois c’est pas facile.
En Coupe du monde, on aura besoin de joueuses mentalement prêtes. Prêtes à subir cette pression. Il faut hausser son niveau d’exigence, son niveau mental, athlétique. Il faut tout faire en plus que ce que l’on fait en club le week-end. Contre certains adversaires ça passe, contre d’autres c’est un peu moins bien. Après, la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain, je ne condamne personne. Je fais juste des constats à l’instant T.
L’Uruguay est un adversaire rugueux. Comment avez-vous trouvé votre milieu de terrain ? Physiquement, pour répondre à l’impact proposé par les uruguayennes.
On a eu la possession. Donc on est tombées sur une équipe Uruguayenne avec un bloc bas, assez dense. On avait bien analysé cette équipe. Il y a ce que l’on voit en vidéo et ce que l’on peut mettre en pratique sur le terrain. On a subi beaucoup de duels parce qu’on a pas été toujours judicieuses dans nos choix, mais également techniquement. On a perdu beaucoup de ballons. Et quand on n’est pas juste techniquement, on s’expose à l’aspect athlétique des équipes adverses.
Il faut qu’on arrive à être plus juste, pour éviter ces duels. Il faut savoir faire preuve de patience. Savoir fatiguer son adversaire, par la possession, par la circulation du ballon. Mais cela demande de la justesse technique. Et effectivement, dans les duels, l’adversaire ce soir était… je vais pas dire supérieur, mais beaucoup plus rugueux.
Nathalie Querouil
Photo © FFF féminines