Quelle saison pour l’US Saint-Malo ! Relégué de D2 en début d’année, le club breton va y remonter immédiatement, après un exercice abouti. Didier Buet, responsable de l’équipe, revient sur la réussite du groupe coaché par Roland Jamelot.
La montée est validée à trois journées de la fin, l’objectif est rempli, on imagine votre satisfaction ?
Didier Buet : La montée, ce n’était pas tout à fait l’objectif de départ, parce que les dirigeants que nous sommes, et le staff, qui a changé puisque Fabrice Guarin avait fait le choix de passer à autre chose, n’avions que très peu de visibilité sur ce nouveau championnat. L’idée était de voir les rapports de force. Nous sommes très satisfaits puisqu’à trois journées de la fin, nous sommes déjà assurés de la première place après avoir été en tête quasiment toute la deuxième partie de championnat. L’amalgame staff-joueuses a bien pris avec 14 départs quand même sur le groupe de D2 de l’an passé. Cela a été une année très sereine, même après notre première défaite contre Roubaix.
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Il n’est pas question d’aller trop vite en besogne mais vous préparez doucement la prochaine saison ?
C’est encore tout frais, il reste des matchs à disputer cette saison. Nous n’avons pas encore rencontré nos joueuses pour faire le bilan ou parler de la suite. On prépare, pas tant en interne, mais par rapport au nouveau cahier des charges de la Seconde Ligue, l’écart est très important. On a un passage important auprès de la DNCG fin mai. Il faut qu’on prépare le budget.
C’est anecdotique d’être le deuxième club breton derrière Guingamp, référence historique, mais devant Brest et le CPB Rennes, qui resteront en D3 saison prochaine ?
Ah non ! Surtout pas, cela ne ferait que banaliser la performance du club depuis dix ans dans le football féminin. En regardant le paysage il y a dix ans au moment de notre montée en D2 et aujourd’hui, des clubs emblématiques du football féminin ont disparu, comme Arras, absorbé par Lens, ou Soyaux, reparti en division régionale. Ou encore Quimper… Il ne faudrait surtout pas banaliser notre travail. Aujourd’hui, nous sommes donc dans les 26 meilleurs clubs français de la saison. Il ne doit y avoir que trois ou quatre amateurs, comme Fleury en D1, Albi, Montauban… On voit la difficulté pour un club amateur d’être au plus haut niveau.
« Il ne faudrait surtout pas banaliser notre travail »
Nous avons un manque de soutien sur le football féminin. Il y a une forme de bien-pensance mais de malfaisance. Les collectivités ne nous aident pas sur la partie féminine. Le traitement médiatique n’a pas été non plus extraordinaire sur notre partie féminine. Notre montée est passée de manière neutre dans les médias. Les gens ne se rendent pas compte de la difficulté pour un club comme le nôtre d’être au plus haut niveau. Alors quand on voit le cahier des charges, il faut qu’on trouve des solutions pour continuer. On se réjouit de la professionnalisation du football féminin français. Mais les montants d’aides sont encore faibles. Nous sommes d’autant plus fiers de nos performances.
Comment expliquez-vous votre réussite cette saison ?
Je pense qu’il y a deux choses, c’est l’engagement des dirigeants qui sont toujours là, que ce soit Yves Fantou, Roland Beaumanoir, moi-même depuis le début de l’équipe féminine en D2. Roland Beaumanoir a donné un gros coup de pouce à l’équipe en 2011. Fabrice Garin a fait un travail assez extraordinaire puis les choses se sont faites naturellement avec Roland Jamelot. Même la descente l’an passé, cela s’est joué à deux-trois points. C’est le fruit d’une histoire et d’une structuration qui reste, même s’il y a encore beaucoup de progrès possible.
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Brest fait aussi une très belle saison. Le Stade Rennais arrive, se structure bien, je considère qu’on est dans une dynamique collective sur le territoire. Nous ne sommes pas ennemis, seulement rivaux sur le plan sportif. Cela travaille bien en Bretagne sur le football féminin. Et si un grand groupe français veut aider un club amateur, il est le bienvenu à Saint-Malo !
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo©US SAINT MALO