Wittisheim, Elsenheim, Ribeauvillé, Marckolsheim, Sélestat, Vendenheim… Un coup d’œil au profil d’Océane Picard sur le site de la Fédération Française pourrait, à défaut de proposer un voyage en Alsace, faire penser que la joueuse a déjà trente ans… Pas du tout ! Tombée très jeune dans le football dans son village de Mackenheim avec sa mère, sa sœur, son frère, son père, Océane Picard est, à seulement 22 ans, l’une des plus belles promesses du Dijon FCO cette saison. Elle regarde devant elle avec beaucoup d’envie.
Océane, pouvez-vous nous rappeler comment vous êtes arrivée à Dijon à l’été 2023, après avoir connu une expérience en Allemagne notamment et à Metz ?
« Après mes débuts dans mon village, j’ai rapidement intégré une section sportive puis le pôle Espoir à Strasbourg, en connaissant ensuite Vendenheim en U19 Nationaux, Fribourg en Allemagne, où j’ai retrouvé Inès Kbida et mon amie Marie-Morgane (Sieber).
Je suis passée à Fribourg car j’ai eu envie de voir autre chose et j’y ai connu une de mes plus belles années, j’étais en équipe de France U17, avec Sandrine Soubeyrand en coach. J’aurai pu rester plus longtemps en Allemagne, mais il était important à mon âge d’être vue. J’ai fait le choix de revenir en France, en D2, à Vendenheim puis à Metz, où nous visions la montée en D1. J’avais cette ambition personnelle d’évoluer en D1 Arkema, Dijon et le coach m’ont fait confiance. »
Comment expliquez-vous la dynamique actuelle du DFCO, 4e de première division et enchaînant les beaux résultats ? C’est inhabituel dans ce club qui a beaucoup lutté pour le maintien ces dernières années…
« Par notre travail et je dirai que l’an dernier, on était déjà une équipe qui marquait, nous avions marqué contre chaque équipe du championnat. Il y avait une belle dynamique et nous sentions que c’était déjà un autre DFCO. Nous le confirmons cette année, il y a un bel engouement, maintenant, il faut garder la tête sur les épaules, nous ne sommes encore qu’au début. Il y a deux matchs importants à aller gagner. Il faut qu’on confirme notre place. Il va falloir qu’on se remobilise après la défaite au PSG pour gagner contre Montpellier. »
« Déjà l’an dernier, nous sentions que c’était un autre DFCO »
Justement, vous parlez de gagner là où il y a encore un an, l’ambition était déjà de sauver des nuls… Comment expliquer ce changement d’état d’esprit ?
« On a un sentiment de confiance les unes envers les autres, c’est différent de l’an passé où nous avions en effet cette idée qu’il fallait qu’on accroche le match, qu’on s’arrache pour les points. Cette fois, il y a plus de sérénité, nous savons que nous pouvons faire de belles choses si on est toutes concernées, qu’on fait le travail ensemble. »
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Surtout, vous marquez beaucoup. Vous ne vous contentez pas de gagner 1-0 mais vous insistez, comme contre Guingamp (4-0 le 16 novembre), pourquoi ? C’est votre entente collective ?
« Nous avons une très bonne entente, c’est un groupe qui vit très bien et nous avons énormément d’armes offensives, que ce soit celles qui débutent ou celles qui sont sur le banc. Nous avons beaucoup de qualités et nous arrivons à les exprimer sur le terrain. »
Vous parlez du banc des remplaçantes, pour le moment, vous y débutez souvent. Lors de chacune de vos entrées, vous avez ce costume du ‘supersub’, qui doit tout donner en peu de temps ?
« C’est effectivement important de garder cette mentalité-là, prouver que tu es là, que tu as envie de participer à cette fête offensive, même si bien sûr qu’en tant que joueuse, on souhaite gratter le maximum de temps de jeu. »
Il ne vous a pas fallu longtemps pour marquer votre 3e but en Arkema Première Ligue contre Guingamp (5 minutes après son entrée). Le premier survenait il y a un peu plus d’un an, il a toujours une saveur unique ?
« Le premier but a une saveur particulière, surtout qu’il intervenait à un moment crucial (4 novembre 2023, égalisation à 3-3 à la 90+2 contre Le Havre). Mon deuxième était aussi lors d’un match important, dans les dernières minutes d’un 0-0 contre Bordeaux (9 décembre 2023, victoire 1-0). »
Océane Picard vue par son coach
Sébastien Joseph, sur le banc de Dijon depuis 2022, loue l’investissement de sa numéro 10. « Elle a une grande marge de progression mais fait déjà du bien à chaque entrée en jeu, affichant beaucoup d’envie. Il faut qu’elle continue comme cela. »
Vous aviez le numéro 10 à Metz, vous l’avez repris cet été à Dijon… Qu’est ce qu’une bonne numéro 10 pour vous ?
« Une meneuse de jeu, capable de tout faire, orienter le jeu, trouver la dernière passe, marquer des buts. C’est une joueuse qui doit avoir un impact dans le jeu et montrer qu’elle est là. »
« Une numéro 10, c’est une joueuse qui doit avoir un impact dans le jeu »
Quels sont vos objectifs alors que vous êtes désormais dans l’élite, au sein même d’un club bien classé, c’est l’équipe de France ?
« Bien sûr que les Bleues sont dans un coin de la tête, mais il faut que j’arrive à accrocher un maximum de temps de jeu, d’être décisive. Concernant Dijon, je pense que parler des play-offs est encore tôt, il reste beaucoup de journées, il faut qu’on prenne match après match en essayant de gagner les rencontres importantes. »
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photos ©Jérôme Flury