Après la victoire historique du PSG face à Lyon (1-0) vendredi 20 novembre, Olivier Echouafni a accepté de nous partager ses impressions sur la performance de ses joueuses et sur ce qui attend son équipe, désormais leader du championnat.
Félicitations pour cette victoire face à l’Olympique Lyonnais. Les joueuses ont toutes expliqué avoir « appliqué les consignes du coach », mais avez-vous tout de même été surpris par la ténacité et l’énergie de votre équipe lors de ce choc ?
Je m’y attendais quand même, c’est vrai qu’on l’avait très bien préparé… Après, le paramètre le plus important depuis ces deux-trois dernières années, c’est que ces affiches sont régulièrement placées après des trêves internationales. À cette occasion, des joueuses partent, pour nous, c’est quasiment le cas de tout l’effectif, comme pour Lyon, mais nous avons notamment des joueuses issues de pays sud-américains comme le Brésil.
Les joueuses rentrent de ces sélections avec un fort décalage horaire et quand vous récupérez les joueuses le jeudi pour un tel choc le dimanche, c’est très compliqué. Là, pour la première année, ce match était placé avant la trêve internationale. Une belle nouvelle autant pour nous que Lyon, les deux équipes ont montré une belle image en termes d’énergie.
« On avait en face de nous la meilleure équipe du monde (…), on se devait avant tout de bien défendre. »
Il y avait vraiment beaucoup d’intensité, on avait en face de nous la meilleure équipe du monde avec beaucoup de top joueuses. On se devait avant tout de bien défendre, c’est la première chose, pour ensuite plus les chercher. À partir du moment où on avait l’opportunité de marquer rapidement, ce qu’on a saisi, cela donne de la confiance.
Les joueuses aussi se sont servies de tout ce qu’on a subi ces dernières années, des défaites frustrantes comme la demi-finale de la dernière Ligue des championnes perdue d’un but seulement.
Les joueuses ont été vivifiées. Maintenant ce qu’il faut dire aussi, c’est que le résultat en lui-même vendredi, il est bien différent de la précédente victoire du PSG en mai 2018 par exemple. Cette finale de Coupe de France s’était jouée dans des circonstances très particulières, avec une interruption de jeu pendant près d’une heure.
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Souvent par le passé, le nombre de situations que pouvaient avoir les lyonnaises était très différent. Là, sur ce match là, on peut pas parler de hold up, c’est une équipe de l’OL et une du PSG qui ont fait jeu égal, nous avons seulement eu un peu plus de réussite.
Vous avez évoqué l’importance de bien défendre… La capitaine Paredes a encore livré un match énorme, vous disposez certainement d’une des meilleures gardiennes du monde, votre équipe est la meilleure attaque mais aussi la meilleure défense du championnat… C’est effectivement le point le plus important pour vous ?
Oui il faut bien défendre. Quand vous avez en face de vous des joueuses de couloir telles que Karchaoui ou Carpenter qui n’arrêtent pas de faire des courses, de prendre la profondeur, il faut pouvoir les arrêter. Mais c’est un ensemble, c’est l’équipe qui fait le travail défensif. Il faut bien défendre collectivement, je dis souvent aux filles : il faut défendre en avançant.
Partout où vous avez entraîné, vous avez souvent connu une longue période d’invincibilité en réussissant à fédérer un « groupe » (15 matchs sans défaite avec Amiens en 2014, 15 matchs sans défaite avec Sochaux en 2015, 14 matchs sans défaite avec la France en 2017…) Pensez-vous avoir aussi trouvé le vôtre avec ce Paris Saint-Germain ?
C’est vrai, il faut savoir faire des séries, il faut savoir les maintenir, il faut savoir aussi les casser, arrêter les négatives. Ce sont des chiffres intéressants, ces 14 ou 15 matchs dont vous parlez. Peut-être qu’il y a des départs difficiles, il faut trouver ses marques, une fois que c’est intégré, les choses sont plus faciles.
« Je m’appuie beaucoup sur les séries. Il faut savoir en faire, les maintenir, les casser aussi. »
C’est vrai, les séries, je m’appuie beaucoup sur ça, sur des objectifs à atteindre pas trop élevés au départ, ce qui donne une grande motivation. Là par exemple nous sommes sur quoi, 8 clean sheets consécutifs ? Il faut le tenir. Les joueuses se prennent au jeu aussi, là, un objectif évidemment, c’était de battre Lyon. Et en effet, c’est important de fédérer dans un sport collectif, il faut trouver les bons mots, les leviers pour atteindre des objectifs.
Vous parlez de « séries », d’objectifs allant croissant, mais là l’objectif est simple : il ne faut plus se manquer maintenant que vous avez pris la tête, le plus dur n’arrive-t-il pas peut-être maintenant que l’OL est dans la position du « chasseur » ?
Je ne suis pas trop d’accord avec cette idée de « ne plus se rater ». Si Lyon nous avait battu et qu’on aurait eu 5 points de retard, cela aurait été bien plus compliqué. Mais là, surtout, au-delà du classement, c’est un déclic d’avoir enfin battu Lyon.
« C’est un déclic d’avoir enfin battu Lyon (…) Maintenant, le chemin est encore long. »
Cela fait longtemps qu’on l’attendait. Parfois, alors que le travail au quotidien est méticuleux, on y laisse beaucoup d’énergie, c’est difficile, mais il faut savoir se remettre en question, persévérer. Et puis à domicile, on arrive à les accrocher, maintenant les battre… Aujourd’hui elles savent au fond d’elles, qu’elles sont capables de le faire. Maintenant, le chemin est encore long, il va falloir enchaîner les matchs avant le retour face à l’OL… Il faudra d’abord arriver à Lyon avec si possible encore ce point d’avance.
L’effectif du PSG est toujours aussi riche, mais dans cette saison si particulière, êtes-vous inquiet quant à la préparation physique de vos troupes avant l’enchaînement prochain des rencontres de championnat et de Coupe d’Europe ?
On a commencé la saison au mois de juin, une partie des joueuses n’ont toujours pas pu retrouver leur famille. En principe, à cette période de l’année avec leur sélection elles rentraient au moins deux trois fois. Le mois de novembre est toujours très particulier, difficile. En tant qu’entraineur, on a toujours peur des blessures, mais je ne suis pas inquiet. Maintenant avec décembre nous attendent trois semaines de compétitions intenses, on a un effectif qui peut nous permettre de tenir la route. Et ce qu’on vient de vivre va nous aider aussi, va nous galvaniser.
Que pensez-vous du fait que la D1 Arkema fasse partie des rares championnats sportifs à ne pas s’être arrêté avec ce nouveau confinement ?
Déjà nous sommes des privilégiés, nous avons de la chance de pouvoir continuer notre métier, certes dans des stades vides. On aurait tellement voulu jouer devant 30 ou 40 000 personnes au Parc des Princes, on joue au football pour donner de telles émotions au public. Mais pouvoir continuer est une chance.
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo de couverture : ©Julia Engel/Wikimedia Commons