L’OL décroché sa cinquième Ligue des Champions après une victoire aux tirs au but face à Wolfsburg. Les Lyonnaises soulèvent leur troisième coupe d’Europe consécutive.
Elles étaient peut-être favorites à leur succession, mais après ce nouveau succès, les superlatifs manquent pour qualifier la performance des filles de l’Olympique Lyonnais lors de la finale de la Ligue des Champions féminines. Trois titres d’affilée, c’était du jamais vu avant hier soir. Face à leurs meilleures rivales, les Allemandes de Wolfsburg, les Françaises ont mis l’application nécessaire à ce genre de rencontre. L’envie, la qualité, le courage, tous les ingrédients étaient présents pour rendre le rêve réalité. Le suspense s’est alors ajouté pour pimenter la soirée.
Après une entame timide, les Lyonnaises se sont montrées de plus en plus offensives. Wolfsburg a plié à plusieurs reprises mais sans rompre, alors sur chaque contre allemand, la pression se faisait sentir. Pas à l’abri, les Lyonnaises nous ont fait frémir plus d’une fois, ont cru trouver la faille à plusieurs reprises, mais rien n’y a fait. Des petites erreurs ont aussi été commises par les Françaises, des ballons perdus, des passes pour personne… Ce match est le plus important de la saison de deux équipes déjà titrées dans leur championnat respectif. Deux équipes très proches en termes de qualité.
Mais l’OL semblait tout de même prendre petit à petit un avantage sur le contrôle de la rencontre. Les statistiques sont révélatrices de cette domination : 26 tirs dont 15 cadrés contre 6 (dont 3 cadrés) côté allemand. Pourtant durant 90 longues minutes, les Lyonnaises ne sont pas parvenues à trouver la faille. La seule fois où le ballon semblait franchir la ligne, dégagé de justesse par la défense allemande, l’arbitre n’a pas considéré le but valable. Cette tête d’Amandine Henry à la 69e minute de jeu aurait pu changer le cours du match, il n’en a rien été.
Le miracle de la prolongation
Pire, dans le temps additionnel de la rencontre, sur une sortie, la gardienne Sarah Bouhaddi percute de plein fouet Lucy Bronze venue à sa rencontre. Les deux joueuses sont sonnées et Bouhaddi souffre de la main gauche. Les minutes s’égrènent et les Lyonnaises manquent une dernière occasion avant que l’arbitre ne siffle la fin de cette rencontre dominée mais pas gagnée. Le début de la prolongation ressemble alors à un de ces cauchemars déjà tant de fois vécu. Alors que les Lyonnaises repartent à l’assaut, un contre allemand, tranchant, se révèle décisif. Sur une frappe hors de la surface française, la Danoise Harder (93e) prend Sarah Bouhaddi de court. Ouverture du score contre le cours du jeu, réalisme allemand glaçant.
Mais le doute n’a pas le temps de s’installer. Comme le confesse Eugénie Le Sommer après match, « Au fond nous savions que nous pouvions gagner, même quand nous étions menées. Prendre ce but nous a remobilisées. » Et moins de trois minutes après l’ouverture du score, Alexandra Popp, buteuse l’an passé en finale, est cette fois-ci expulsée. Le doute change de camp et la rencontre s’apprête alors à basculer.
Tout, les Lyonnaises nous ont tout fait ce soir du 24 mai 2018. Elles sont rentrées dans l’histoire mais pas de n’importe quelle manière. La frayeur sur la blessure de Bouhaddi, l’inquiétude sur l’ouverture du score allemande, l’espoir après le carton rouge de Popp, la délivrance sur l’égalisation d’Henry à la 98è d’une superbe frappe en demi-volée puis une franche joie quand Le Sommer, une minute plus tard seulement donne pour la première fois du match un avantage à l’OL. Shanice Van Den Sanden, rentrée après l’ouverture du score allemande vient de signer sa première passe décisive de la soirée. Exceptionnelle sur son côté droit, elle en délivre une 2è quatre minutes plus tard. Cette fois c’est pour Ada Hegerberg qui donne un avantage quasi-définitif à Lyon.
Camille Abily nous fait définitivement chavirer
A la mi-temps de la prolongation, l’affaire semble entendue. Le club français est à 15 minutes du sacre et compte deux buts d’avance tout en étant en supériorité numérique. Cette fois, c’est l’euphorie qui nous gagne. Alors que dire lorsque Camille Abily, recordman du nombre de matchs en Ligue Des Champions féminines et tout juste entrée en jeu marque sur sa première touche de balle à la 116è minute. Sur un énième caviar de l’irrésistible Shanice Van Den Sanden. Une douce folie s’est installée. Les Lyonnaises ont conservé leur trophée, pour la troisième année d’affilée. Historique, magique et mérité.
Après match, l’entraineur Reynald Pedros s’avouait satisfait et saluait l’importance de l’ensemble du groupe. « On prend ce but et on a une réaction d’orgueil. Souvent on parle de groupe. Ce soir, je tiens à féliciter celles qui sont entrées, qui ont fait la différence. »
Une joueuse a elle aussi marqué l’histoire de la compétition de son empreinte. La Norvégienne Ada Hegerberg est en effet parvenue a établir un nouveau record de buts sur une édition en inscrivant 15 buts cette saison. « On est tellement heureuses et je pense que c’est mérité. Le caractère qu’on montre aujourd’hui, on en parle tous les jours, pendant la saison. Je suis très fière de l’équipe, de notre travail de tous les jours. C’était un objectif pour moi, de marquer autant de buts. On a eu des occasions à la fin, c’est rentré et je suis émue. On s’est regardé dans les yeux et on s’est dit ‘On va être championnes d’Europe encore’. Et c’est ce qu’on a fait. C’est magnifique. Bien sûr qu’on a beaucoup de talent, mais c’est tout dans la tête. J’ai hâte de continuer. »
Jérôme Flury
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