C’est fait, le nom des 26 joueuses convoquées pour le Mondial féminin 2023 ont été révélés par Hervé Renard, le sélectionneur de l‘équipe de France ce 6 juin. Le coach revient sur ses choix.
Pouvez-vous expliquer votre volonté de rappeler Amandine Henry ?
Cela a fait partie de mes premières intentions, une blessure au genou l’a empêchée de venir avec nous sur le premier rassemblement, je lui avais demandée de venir à Clermont-Ferrand tout de même. Dans son petit souci avec l’OL, aujourd’hui tout semble résolu, on s’est attaché à l’accompagner de façon très suivie pour qu’elle soit prête. (…)
Plus globalement, c’est un groupe qui restera à affiner après les quinze premiers jours passés à Clairefontaine pour le début de cette préparation.
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Que signifie le retour d’Aïssatou Tounkara ?
J’avais aussi fait appel à une liste de 26 joueuses au mois d’avril, dans laquelle je ne l’avais pas mise, car elle n’était pas souvent titulaire avec Manchester United. En ayant vu d’autres joueuses en avril, je me suis donné le choix de l’appeler, sachant qu’elle connaît les données parfaitement. C’est une occasion pour moi de la voir en action, c’est à elle de pousser la porte pour faire partie de ces 23.
Qu’en est-il de l’état de forme de Kadidiatou Diani ?
Je pense qu’elle a communiqué elle-même, elle a repris la course, elle aura un programme personnalisé.
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Avez-vous envisagé à un moment, vu sa forme et sa complicité avec Clara Matéo, d’appeler Gaëtane Thiney ?
Oui. Je me suis concentré à regarder chacune d’entre elles attentivement sans jamais mettre aucune restriction à aucune d’entre elle. Il faut que cette équipe de France ait le plus d’atouts pour faire face aux difficultés qui se mettront face à nous. Ce n’est jamais facile, les dernières positions d’une liste de 26 se jouent à très peu de choses. Celles qui ne sont pas dans la liste, c’est toujours difficile pour elles, mais ce n’est pas une sanction, ce sont des choix sportifs. Jusqu’à 24 heures avant le premier match, on est capable de changer une liste, il faut qu’elles se tiennent prêtes, même celles qui sont en dehors.
Vous avez contacté, par message ou appel, celles qui ne sont pas convoquées ?
Ce matin, je me suis levé avec une idée en tête, celle d’appeler cinq joueuses qui ne sont pas dans cette liste. Certaines étaient là au mois d’avril, d’autres, on a parlé de leur retour. Je leur avais promis que je les appellerai. J’ai assumé mes responsabilités. Parfois les conversations sont courtes, mais on peut se mettre à leur place et comprendre leurs réactions du jour. Le malheur des unes fait parfois le bonheur des autres. Je leur demande de rester focus, tout peut arriver.
L’absence de Delphine Cascarino va-t-elle changer les choses d’un point de vue tactique ?
Tactiquement, peu de choses changeront, même si son absence est un énorme manque pour l’équipe de France. Pour son niveau et le fait qu’elle soit une joueuse importante dans le groupe. À nous de chercher quelque chose aussi pour les absentes.
Pourquoi ne pas avoir retenu des joueuses telles que Malard ou Baltimore et privilégié un profil tel que celui de Feller ?
Bien sûr que je me suis posé la question, j’ai pesé le pour et le contre, les qualités différentes qu’elles ont. Concernant les nouvelles, c’est toujours bien d’amener un dynamisme nouveau, ce sont des joueuses qui peuvent nous apporter beaucoup de par leur polyvalence.
Quel est votre avis sur l’absence de diffuseur, qui a mené Marinette Pichon à lancer une pétition ?
Je félicite l’initiative de Marinette Pichon pour que cette Coupe du monde féminine soit diffusée. Je pense qu’on arrivera à trouver un consensus dans l’intérêt du football féminin et de la Coupe du monde. Et je fais confiance aux protagonistes pour qu’à la fin, tout s’arrange. Espérons que la semaine qui arrive soit très positive, nous on va se concentrer sur notre préparation en espérant que toutes les téléspectatrices et tous les téléspectateurs français puissent voir cette équipe.
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Vous convoquez quatre gardiennes, lors de votre première liste, vous en avez titularisé deux, avez-vous affiné la hiérarchie à ce poste ?
J’annoncerai d’abord aux gardiennes celle qui sera numéro une avant de l’annoncer à la presse. Concernant les rôles de 3e et 4e gardiennes, il y aura toujours une petite concurrence pour la troisième place et il est vraisemblable que la quatrième gardienne fasse le voyage avec nous en Australie. C’est un poste très spécifique.
Concernant les absences de Baltimore ou Hamraoui, quelles sont les motivations ?
Je vais démarrer par Kheira Hamraoui. Je lui ai dit que la décision était sportive et 100 % de ma part. Il n’y a jamais personne qui m’a parlé de quoi que ce soit, j’ai décidé en mon âme et conscience de sa présence ou non dans le groupe. Alors sur la question de ‘qui est à sa place’, toutes celles qui sont capables de jouer au milieu de terrain.
C’est important de rappeler que sur cette liste, trois d’entre elles ne feront pas la Coupe du monde. Des fois il faut aussi réfléchir à si des joueuses seront capables de rester remplaçantes tout au long de la compétition, il faut faire des choix. Concernant Sandy, je vais pas faire de commentaires sur sa saison, dont j’ai surtout vu la fin. D’autres joueuses m’ont parues plus aptes de faire partie de la liste dans ce qu’on recherche.
Le programme reste le même avec deux matchs de préparation ?
Oui. Et même le camp de base, il n’est plus possible de le changer, cela n’aurait pas été ma décision personnelle, mais chacun ses choix, on va être obligés de s’adapter.
Quel est votre regard sur les nombreuses ruptures de ligaments croisés ?
Il va falloir y réfléchir certainement beaucoup plus. La coach de Chelsea est très proche de ces aspects là du footbal féminin, avec les caractéristiques différentes que les femmes ont. Il va falloir s’y pencher très vite et il faut qu’on soit très vigilant par rapport à cela.
« J’ai senti une ambition qui peut nous amener loin »
Hervé Renard
L’ambition est intacte malgré les absentes ?
L’ambition est toujours la même. C’est un groupe qui, à mon avis, avait besoin de régénérescence. On verra si la réponse est bonne si on est dans un premier temps qualifié pour les demi-finales de la Coupe du monde.
Je suis très heureux d’être à la tête de cette équipe de France féminine. Je remercie une nouvelle fois la Fédération, le nouveau staff, ceux qui étaient déjà présents, les joueuses qui ont été exceptionnelles. Et je pense qu’elles vont le rester car j’ai senti une grande attente de l’intérieur, une motivation, une dynamique qui peut nous amener loin.
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