Pas de Ligue des Champions au programme aujourd’hui, ni d’équipe de France, ni même de mercato de D1. Non, cet article concerne sans doute l’essence même du football : la vie d’un club amateur, la reprise à Falaise, dont la section féminine évolue en départementale. C’est parti pour le premier entrainement de l’année.
Les vacances sont finies. Et pourtant, les sourires sont de mise. Pas de retour à l’école ou au travail, mais un retour sur les terrains. « Elles avaient hâte de reprendre », confie leur entraîneur, Antonio -‘Tonio’- Da Silva.
Le groupe n’est pas complet, mais pour un entraînement programmé fin août, « elles sont déjà nombreuses », souligne Tonio. Une gardienne est présente : parfait pour se tester aux frappes tout à l’heure.
Pour le moment l’heure est aux brèves présentations. Certaines joueuses ont rejoint l’équipe durant l’intersaison. Elles disputent leur premier entrainement à Falaise, petite cité du Calvados en Basse-Normandie, qui évolue en division départementale mais qui progresse, depuis le lancement de sa section féminine en 2013. Les diverses catégories d’âges sont bien remplies et l’équipe senior est jeune.
« Oh il y a de nouveaux chasubles! » Pour d’autres, c’est une rentrée de plus dans un club qu’elles connaissent. Les filles débutent alors un premier tour de terrain sous le soleil qui perce les nuages. Puis les exercices démarrent.
« Je n’arrive pas à la lever », maugrée Laura, à l’exercice des jongles. « Il y a des filles ici qui n’arrivaient pas à faire deux jongles il y a deux ans et qui se débrouillent très bien aujourd’hui » : le coach se veut rassurant. Lui aussi a le sourire. Il ne cache pas son plaisir d’entraîner les filles depuis des années. « Ça joue bien, c’est plaisant et toujours dans un bon état d’esprit. »
« Nous n’avons jamais pris un carton, même un jaune. Un jour une fille a donné un mauvais tacle, elle s’est excusée plusieurs fois! »
-Antonio Da Silva, entraîneur des féminines de l’Entente Sportive Falaisienne
Une jeune fille, Emma, regarde timidement les sportives du bord du terrain et hésite à se joindre. Sous l’invitation de Tonio, elle arrive également et se saisit d’un ballon. Sa petite soeur, encore plus jeune, reste à côté de l’équipe, semblant elle aussi désirer s’y joindre. Le père d’Emma est enchanté, « elle a vu son père jouer, mais elle-même n’a jamais osé se lancer. Cette année, elle devait commencer le football avec une amie. »
Mis à part deux parents et deux amies, il n’y a pas foule à l’entrainement, et les joueuses sont plutôt étonnées de voir débarquer un photographe. « Ne prends pas en photo nos mauvais tirs! », sourit une des recrues.
L’ambiance est bonne, le secret d’un bon groupe et Tonio ne s’en cache pas : Avec les joueuses qui sont arrivées cet été, il est ambitieux. « On ne vise pas le maintien clairement, on va regarder vers le haut cette saison. » Sept joueuses ont rejoint l’équipe en juillet, dont une attaquante en provenance de Flers, qui joue en Régionale 1.
« Tu es seule ! », « Avance, avance! » Sur la pelouse, ça communique, ça court, et surtout, ça se fait plaisir. Les oppositions se terminent sans buts, mais l’essentiel n’est pas là en ce premier jour de la saison.
Florine Touquet, la gardienne mise à contribution sur les exercices de tirs, arrive de Lille où elle évoluait dans les divisions régionales. Son sport premier, c’est le judo. Pour elle, le foot a toujours été une passion, un plaisir. « C’est une ambiance particulière, un sport collectif d’équipe que j’apprécie. »
Elle est surprise de la jeunesse du groupe, alors qu’à Lille elle jouait parfois avec des joueuses de 20 à 50 ans. Toutefois elle le sent déjà : « Si elles restent au club dans les années à venir, cela peut être intéressant, elles ont une belle marge de progression. »
Et soudain, c’est la fin de l’entraînement du jour, les chasubles et les plots sont rangés. Les joueuses sont essoufflées mais ont déjà hâte de revenir. Parce que le sport est avant tout un bonheur.
Textes et photos : Jérôme Flury