La nouvelle gardienne du club d’Issy, prêtée sans option par Fleury (D1) jusqu’au 30 juin 2021, est revenue sur ses premiers pas au sein du club des Hauts-de-Seine. L’occasion également pour Laëtitia Philippe de faire le point sur sa carrière longue de 14 ans en D1 Arkema.
Laëtitia Philippe, vous débutez une toute nouvelle aventure : quelles sont les raisons de cette arrivée à Issy ? C’est un véritable challenge alors que le club affichait un goal-average de -45 à la mi-saison…
Je n’avais plus de temps de jeu à Fleury, une autre gardienne venait d’arriver et je passais 3e… J’avais besoin de jouer, cela m’a aidé dans ce choix de rallier Issy. C’est un challenge, mais la différence de buts largement défavorable ne m’a pas fait plus peur que ça. Ce n’est pas seulement la faute de la gardienne de toute manière, mais j’espère pouvoir apporter de l’expérience à l’équipe.
Justement, il s’agit d’une équipe relativement jeune, qui redécouvre la D1 cette saison, votre expérience était-elle une question importante concernant votre signature ?
C’est le discours que j’ai eu avec le directeur sportif, avec le staff, que j’apporte mon vécu à ce groupe. Je suis dans ma 14e saison en D1. Il faut que je puisse apporter quelque chose, notamment sur la gestion des temps forts et des temps faibles de l’équipe.
Comment se sont déroulés vos premiers pas avec les autres gardiennes de l’effectif, notamment Pauline Moitrel et Solène Froger, qui affichent toutes les deux 6 apparitions en championnat cette saison ?
Le coach des gardiennes les avait prévenues en amont. J’essaye de discuter avec elle aussi, de leur donner des conseils. Mais cela s’est très bien passé, notamment avec Solène, Pauline étant encore blessée pour le moment pour pouvoir s’entraîner avec nous. J’ai été très bien accueillie, même par les autres filles. Et je n’ai rien à redire sur les installations, en ce moment on s’entraîne sur le stade où nous effectuons nos matchs.
Malgré une carrière plutôt longue, il s’agit seulement de votre 4e club en D1 (Après le MHSC, Rodez et Fleury) ?
Oui, je n’ai pas connu beaucoup de clubs, après, en France, on a vite fait le tour. Le prochain objectif c’est peut-être d’aller voir ailleurs. C’est une envie depuis quelques années, depuis le début de ma carrière je n’ai pas connu d’autre championnat, cela pourrait m’intéresser. Mais on ne sait jamais ce qui peut se passer en football.
Suivez-vous encore Montpellier, où vous avez effectué la majeure partie de votre carrière ? Aimeriez-vous y rejouer ?
Oui bien sûr, je les suis toujours. Il y a encore dans cette équipe des filles avec qui j’ai pu évoluer. Y retourner un jour, bien sûr que cela me ferait plaisir. La ville est magnifique, le club est très solide et possède de belles infrastructures.
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Le poste de gardienne est largement discuté dans le football féminin. Depuis vos débuts, avez-vous constaté des évolutions importantes de ce rôle ?
Oui, j’ai vu le domaine profondément changer. À mes débuts, tous les clubs n’avaient pas forcément des entraîneurs spécifiques pour les gardiennes, ce qui est très important évidemment pour progresser à ce poste. C’est en suivant des séances spécifiques avec des spécialistes que l’on apprend.
Et quel regard portez-vous sur la nouvelle génération de gardiennes françaises, qui se distinguent notamment en compétitions jeunes et prennent depuis peu un nouveau statut dans leurs clubs (Mylène Chavas, Justine Lerond,…) ?
C’est bien que ça arrive enfin, que les plus jeunes prennent la place. Il y a eu un saut d’une génération. Maintenant, entre effectuer une belle compétition dans les catégories jeunes et s’imposer en D1, le pallier est grand !
Comment se sont déroulés jusqu’ici vos échanges avec l’entraîneur des gardiennes du club, Jordy Longui, qui a notamment fondé récemment une académie pour gardiennes ?
Je ne le connaissais pas du tout, il a monté une académie. Il nous prépare sur des aspects plus cognitifs aussi, sur les habitudes des attaquantes adverses par exemple. Il est beaucoup porté sur la discussion. Nous savons ainsi quand une séance s’annonce plus ou moins rude physiquement, car il nous en parle avant. Les séances sont très préparées, il y passe du temps. Je suis preneuse de cela, tout est bon pour progresser et j’ai encore des points à améliorer.
Comment s’est passé votre premier match avec les Chouettes face au Havre ? Saviez-vous en arrivant que vous alliez récupérer la place de numéro 1 ?
Je suis arrivée lundi soir, dès l’entraînement, nous avons tout de suite eu du jeu. J’ai directement échangé avec les joueuses, notamment la charnière centrale, que je connaissais pour avoir déjà joué contre elles. Nonna Debonne, Anaïg Butel… Cela a été un peu plus simple. Le jeudi j’ai su que je jouais cette rencontre.
Je n’arrive pas en tant que gardienne numéro 1, à chaque fois, il faut gagner sa place. Je dois savoir montrer aux autres que j’ai toujours le niveau pour m’imposer.
Vous n’avez pas été titulaire chez les Bleues depuis 2015. Mais à seulement 29 ans et alors que vous retrouvez peut-être un poste de titulaire en D1, vous pensez encore à la sélection ?
Les Bleues ça reste dans un coin de ma tête. J’ai encore été appelée sans jouer en 2019. Là désormais je me consacre entièrement à mon club, le reste ce n’est que du bonus. Mais quand on y a goûté, on a forcément encore envie d’y aller.
Propos recueillis par Jérôme Flury