Ce samedi, lors de Rodez – Les Marseillaises en coupe de la LFFP (Ligue féminine de football professionnel), les regards seront braqués sur les bancs. Surtout un banc, celui de l’OM… même si en face se trouve une jeune coach prometteuse. Interview de Karima Taieb.
Karima, vous êtes désormais entraîneure depuis un an, vous avez appris beaucoup de choses par rapport à votre carrière de joueuse ?
Oui, forcément. C’était ma première saison en Seconde Ligue, avec ce groupe de Rodez. J’ai appris sur ce championnat qui a fortement évolué et progressé. C’était une année de découvertes sur de nombreux points.
Comment avez-vous vécu le maintien acquis en dernière journée à l’extérieur en mai dernier ?
Je ne sais pas si c’est déjà arrivé un maintien comme ça, c’était dingue… Ce match-là, nous n’avions plus le droit à l’erreur, il fallait gagner et cela dépendait des résultats des autres équipes. C’était stressant, mais j’adore les challenges. J’avais dit aux filles qu’on pouvait créer un exploit. Cela a été fou. Je crois qu’il n’y a pas de mot pour décrire ce match-là, en plus, Solène Barbance marque en dernière seconde, elle arrête sa carrière sur cela. Il y avait le contexte, le match, les conséquences…
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Ce souvenir a déjà une place particulière dans votre tête malgré votre riche carrière…
Oui, parce que quand on est joueuse, on le vit complètement différemment (rires). Sur le banc, on n’est pas dans le jeu, plus dans l’analyse, sur les faits de jeu qu’on ne maîtrise pas. C’est très différent et comme il y a moins de maîtrise, je trouve cela plus stressant. C’était incroyable avec un résultat positif au final. On a travaillé dur toute la saison avec le staff, les joueuses. Cela récompense le travail d’une saison. La finalité est merveilleuse.
Cela prouve aussi que tout le monde y a cru jusqu’au bout, ce qui fait partie des choses que vous vouliez transmettre en tant que coach ?
Elles ont eu confiance dans le projet. Du début à la fin, elles y ont cru, n’ont jamais rien lâché. C’est vrai qu’il y a eu des résultats et faits de matchs pas en notre faveur… Il faut se dire, ok, c’est comme cela et continuer et regarder vers l’avant. Elles ont tenu le cap.
« Dans la difficulté, on se relevait pour travailler »
Parce qu’on aurait pu, même le staff, on sait que cela peut aller vite quand les résultats ne suivent pas, cela peut vite se retourner. Au contraire, dans la difficulté, on se relevait pour travailler. Ce maintien n’est pas venu de rien.
Ce début de saison est intéressant avec des points rapidement pris, quel est votre regard sur cette entame ?
Oui, début intéressant en terme comptable et des recrues sont arrivées. L’objectif était de garder une bonne base de l’effectif en rajoutant des individualités qui pourraient adhérer au projet du club. Le groupe vit bien, les recrues ont été curieuses de ce projet sportif, des valeurs ruthénoises. Ce début est le résultat du mélange entre les anciennes qui ont passé cette année difficile et envie de démarrer par du positif et ces recrues qui veulent amener un plus.
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Parce que sur le papier, en se sauvant en dernière journée, avec des promus ambitieux de D3 et des clubs réputés qui descendent de D1, vous savez que vous n’êtes pas favoris… Comment préparer le groupe ?
J’ai toute confiance dans le projet que je mets en place. Dans ce groupe, les joueuses qui sont restées, celles que nous avons recrutées. Ensuite, nous n’allons pas dire que nous jouons les premières places, il faut être lucide avec nos moyens. Nous allons jouer le maintien, c’est l’objectif premier. Il y avait un autre objectif qui était de gagner à la maison pour ne pas faire comme l’an dernier, l’objectif a été remplie en première journée ! J’ai confiance dans la capacité du groupe à se maintenir. Maintenant, le dire est une chose, mais tout se retranscrit dans le travail sur le terrain. Rien que le dernier match, contre Grenoble, doit nous rappeler que le maintien n’est pas du tout fait.
Ce week-end, vous retrouvez finalement les Marseillaises (ex-OM). Bien que promu en Première Ligue, vous recroisez votre ancien club dans la nouvelle coupe de la LFFP, c’est forcément spécial…
De base, quand on joue l’Olympique de Marseille, c’est un match qui est excitant. Qui donne envie, de le jouer ou d’aller le voir. Il y a un engouement et en effet, je connais l’équipe, même si elle a changé. C’est une équipe de caractère, avec des valeurs qui lui sont propres et ce sont toujours des matchs intéressants à jouer. Il y a de très bonnes joueuses, avec des recrues comme Mathilde Bourdieu. Ce sera un très bon moment pour mon groupe, de le jouer dans un stade de Paul Lignon juste magnifique.
Forcément, les discussions porteront beaucoup sur votre homologue sur le banc, Corinne Diacre, c’est une personnalité incontournable du football féminin français ?
C’est en effet une des premières qui a eu le diplôme professionnel, qui a entraîné une équipe de L2 masculine, elle va ramener toute son expérience à Marseille…
Jérôme Flury
Photo ©rodezaveyronfootball