Alors que l’Euro 2025 bat des records d’affluence, plusieurs joueuses sud-américaines, dont les Brésiliennes Kerolin et Marta ou la Chilienne Yanara Aedo, dénoncent les graves lacunes d’organisation de la Copa América. Manque d’investissements, infrastructures indignes, absence de VAR : les critiques se multiplient contre la CONMEBOL.
Une comparaison qui dérange
Depuis le début de la Copa América 2025, Kerolin ne cache plus sa frustration. Sur les réseaux sociaux, l’attaquante du Brésil a vivement critiqué l’écart entre l’Euro et la compétition sud-américaine. Elle parle d’une « différence surréaliste » en matière d’infrastructures, de public et de moyens financiers.
Je regarde l’Euro aujourd’hui… et… La différence de structure, de public, d’investissement est surréaliste… C’est décourageant, je ne voulais pas venir ici pour en parler, mais une structure serait le minimum pour nous.
a écrit Kerolin sur ses réseaux sociaux
La joueuse regrette que le développement du football féminin dans d’autres régions du monde ne soit pas pris en compte en Amérique du Sud. Pour elle, il est temps que la CONMEBOL agisse concrètement.
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Des conditions d’échauffement inquiétantes
Les problèmes logistiques sont nombreux. En Équateur, où se joue la compétition, les équipes ne peuvent pas s’échauffer sur les terrains officiels pour préserver l’état des pelouses. Résultat : les joueuses s’échauffent dans des zones restreintes, parfois en intérieur, dans des espaces de 10 à 20m² avec parfois des odeurs de peinture fraîche. Egalement, la CONMEBOL interdit le chauffage des terrains afin de prévenir l’usure des stades. Seulement deux stades sont prévus pour toute la phase de groupes.
Lors du match face à la Bolivie, le Brésil a dû partager la zone d’échauffement avec ses adversaires. Une situation tendue que dénonce Ary Borges, avec notamment une bagarre entre joueuses adverses et une joueuse qui s’en ait pris violemment à Alejandro Domineguez, le président de la CONMEBOL :
Même les tournois amateurs sont mieux organisés qu’ici. Demandez à Alejandro s’il pourrait s’échauffer dans un espace de 5 à 10 mètres avec l’odeur de la peinture. Je crois qu’on a eu l’exemple de la Copa América masculine, avec une structure immense. Pourquoi le tournoi féminin a-t-il ce genre de chose ?
s’est exprimé Ary Borges
Kerolin, prévue titulaire contre le Venezuela, a dû renoncer à jouer après avoir ressenti une gêne lors d’un échauffement improvisé. Le sélectionneur Arthur Elias s’est indigné publiquement :
Nous sommes dans une compétition où les équipes ne s’échauffent pas sur le terrain, on ne peut même pas échauffer les remplaçantes
Arthur Elias, sélectionneur de l’équipe féminine de football du Brésil
L’absence de VAR, un point de rupture
Autre sujet de tension : l’absence de VAR pendant la phase de groupes. Elle ne sera utilisée qu’en phase finale. Une décision vivement critiquée par plusieurs joueuses, notamment la Chilienne Yanara Aedo, après une défaite contestée contre l’Argentine.
C’est formidable que ce match ait été diffusé en clair, ce qui nous a permis de voir
a déclaré Yanara Aedo suite à la défaite face à l’Argentine
les deux penalties refusés. Je ne dis pas que l’Argentine n’a pas de mérite, mais la VAR change beaucoup le jeu. Elle change tout, pour eux comme pour nous, pour tous les joueurs
La joueuse a rappelé qu’un penalty évident n’avait pas été sifflé pour son équipe, et qu’un but légitime avait été refusé lors d’un match précédent. Pour Aedo, le contraste avec l’Euro, mais aussi lors de cette même compétition pour ses homologues masculin, où la technologie est utilisée dès les premiers matchs, est choquant :« l’absence de VAR est un énorme manque de respect. C’est une Copa América féminine et elle devrait être identique à celle des hommes. »
Il est également important de mentionner que lors de cette rencontre qui s’est conclue sur le score de 1-2 en faveur des Argentines, la défenseure Aldana Cometti, a fait tomber l’attaquante chilienne Mary Valencia dans la surface argentine… Toutefois, la partie a poursuivi.
Un appel à la CONMEBOL et au changement
La légendaire Marta a elle aussi pris la parole sur le faible investissement dans ce tournoi. Elle demande une prise de conscience rapide :
Cela faisait longtemps que je n’avais pas participé à un tournoi ici en Amérique du Sud, et nous avons été attristés par ces circonstances. Nous espérons que la Conmebol changera les choses et améliorera la situation
a déclaré Marta à Globo Esporte
À deux ans de la Coupe du monde 2027, que le Brésil organisera, ces problèmes sont un signal d’alarme. Les joueuses appellent la CONMEBOL à agir pour revaloriser le football féminin sud-américain, qui accuse un retard important par rapport à l’Europe.
Lucie E.
Photo © Seleção Feminina de Futebo