Après un début de carrière en France, l’ancienne joueuse de Saint-Etienne et Soyaux, Laura Condon, a rejoint la Lazio Rome en janvier 2023. Elle nous a donné des nouvelles dans notre émission hebdomadaire sur Twitch.
Pourquoi avoir rejoint la Lazio au mercato hivernal ?
C’était un peu compliqué à Soyaux. Je jouais, cela se passait bien au niveau sportif tout de même mais bon, nous avions des résultats difficiles. J’ai eu l’opportunité de pouvoir partir à la trêve et d’avoir un nouveau challenge. Jouer des montées, c’est intéressant ! L’année d’avant avec l’ASSE, je jouais le maintien, c’était encore le cas sur les six premiers mois avec Soyaux.
Quand on est dans une spirale négative, il y a des moments où on ne prend plus trop de plaisir à jouer. J’avais envie d’un nouveau challenge, en plus cela faisait un petit moment que je souhaitais partir à l’étranger, c’était déjà ma volonté en début de saison, je n’avais pas pu. Là, j’ai franchi le pas. Je me suis dit aussi que cela pourrait me permettre d’évoluer, après n’avoir que joué en D1 et D2 française hormis une petit pige aux Etats-Unis.
Comment cela s’est fait, vous travaillez avec un agent, vous avez aussi regardé vers l’Espagne ?
Vers octobre-novembre, j’ai commencé à discuter avec un agent italien, qui est de Rome. J’ai eu de bons échanges avec lui, il m’a parlé d’un départ à la trêve. Il m’a mis directement en relation avec la Lazio qui cherchait un milieu de terrain. On est vite parti sur l’Italie mais c’est vrai que l’Espagne est un championnat qui m’a toujours intéressé car c’est un style de jeu que je prône, la possession.
À lire aussi : Retrouvez l’entretien complet en vidéo sur notre chaîne Twitch
Partir en milieu de saison n’est pas l’idéal, mais des fois les opportunités ne se présentent qu’une fois et il faut savoir sortir de son confort. Cela prend du temps, aujourd’hui je dois encore m’adapter à la langue, au style de jeu, mais c’est en changeant d’air qu’on évolue. On me chambre sur l’accent !
Est-ce que l’enchaînement de victoires que vous connaissez actuellement enlève de la pression ou en rajoute ?
Il y a une pression mais qui est différente de lorsqu’on joue le maintien et où la pression est négative. Dans le sens inverse, c’est plus positif, nous sommes en position où on a les choses en main, on prend le jeu à notre compte. Alors qu’en jouant le maintien, parfois on se met plus dans une position d’attente, à vouloir contrer. Je préfère, comme toute joueuse sans doute, avoir la possession !
Est-ce que la saveur de la victoire est différente lorsqu’on gagne trois fois dans une saison de lutte contre la relégation et lorsqu’on enchaîne 15 succès en course vers la montée ?
Il y a de la satisfaction dans chaque victoire mais c’est vrai que c’est différent. J’ai le souvenir dans certaines équipes où j’étais avec peu d’émotions positives, quand on gagnait, c’était comme si nous avions remporté la Ligue des champions ! Peut-être que j’aurai la même saveur en fin de saison si nous arrivons à terminer premières. Quand les victoires s’enchaînent, une forme de normalité s’installe.
Comment s’est déroulée ton intégration ?
Je me suis sentie à l’aise dans l’équipe, immédiatement très avenante avec moi. En revanche, dans le jeu, cela a été un peu plus compliqué. J’ai mis un ou deux mois à m’acclimater au jeu, différent de chez nous. Et je ne connaissais pas les coéquipières… En plus de cela, on ne m’a pas forcément mis à mon poste de prédilection. Je commence à être à l’aise. Cela aurait été plus confortable en arrivant en début de saison. Normalement, je suis milieu défensive, là j’étais plus sur les côtés d’un milieu en losange. Je suis assez lente (rires) ! On me demande plus offensivement.
À lire aussi : L’AS Rome s’envole en Serie A féminine, la Juve s’accroche
Vous avez remporté un Euro U19 et été finaliste du Mondial U20. Quelques années après, que vous reste-il de ces compétitions ?
Ce sont les meilleurs souvenirs de ma carrière. C’étaient des moments inoubliables, intenses. On se rend compte plus tard que de telles compétitions, on en joue très peu. Cela reste à vie. J’ai eu la chance d’être avec des joueuses exceptionnelles. C’est que du positif que j’en garde et ce sont des matchs où on apprend beaucoup. Quand on arrive à jouer avec ce type d’enjeu là, on arrive à avoir moins de pression positive. Je suis contente de voir aussi où sont arrivées certaines des joueuses que j’y ai côtoyées.
Et que vous-a-t-il manqué pour ne pas connaître la même carrière d’après vous ?
Si je savais ! Il y a beaucoup de choses sans doute. Il y a des filles qui étaient déjà au-dessus de la moyenne à cette époque. Et au milieu, il y a énormément de bonnes joueuses en France. Et ces filles-là sont dans des écuries autres que celles où j’ai joué.
Vous avez évolué à Saint-Etienne et Soyaux. Cette saison, les deux clubs pourraient se croiser, l’un montant en D1, l’autre descendant en D2. Avez-vous noté de grandes différences entre ces deux clubs ?
Il y a quelques différences. Au niveau des infrastructures, à Saint-Etienne, nous avions des terrains dédiés, des vestiaires à nous, des terrains d’entraînement, une salle de musculation. A Soyaux, c’était plus compliqué. Rien que pour avoir un terrain, on changeait souvent de terrain d’entraînement, pendant un moment nous étions même sur un terrain de rugby. J’étais quand même surprise, et même au niveau du staff, il était moins étoffé. C’était juste moins professionnel, j’aurais dû m’en douter puisque Soyaux est plus amateur. Mais c’est dommage, notamment pour le championnat.
Comment jugez-vous l’écart entre D2 française et féminine ?
C’est surtout au niveau des moyens, des infrastructures. À la Lazio, nous sommes au même niveau que les garçons, tout est mis en œuvre de la même façon. C’est tout bête, mais nos tenues sont toutes prêtes dans le vestiaire, ensuite on les met au sale, et le lendemain elles sont de nouveau là, toutes prêtes… On ne pense qu’au foot, l’extrasportif ne nous perturbe pas. Après, en termes de niveau, en France il y a un bon niveau et un bon vivier.
Photo © SS Lazio