Malgré l’avis de son rapporteur public, le Conseil d’État a maintenu l’interdiction du port du hijab dans le football féminin.
En novembre 2021, les Hijabeuses, collectif de femmes musulmanes et sportives, avaient déposé un recours contre la FFF afin d’obtenir le droit de jouer voilées. En cause : l’article 1 du règlement de la Fédération française de football. Depuis 2016, il prohibe « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale. »
Lundi, elles pensaient obtenir gain de cause. Le rapporteur public venait de préconiser l’annulation de cet article et la modification du règlement. Ce dernier avait estimé qu’il n’y a ni « prosélytisme », ni « provocation » dans le seul port du hijab. Il considérait également qu’aucune « exigence de neutralité » n’incombait aux joueuses licenciées de la FFF. La plupart du temps, son avis est suivi par la plus haute juridiction administrative du pays. Et le sentiment général était plutôt à l’optimisme pour ces femmes qui demandent à jouer au foot avec leur voile.
L’avis du rapporteur public sur le hijab n’a pas été suivi
Mais ce jeudi, elles sont tombées de haut. Le Conseil d’État ayant finalement maintenu l’interdiction du port du hijab en compétition. Dans son argumentaire, il a concédé que les joueuses sont bien des usagères d’un service public et donc pas soumises au devoir de « neutralité ». Mais il a ajouté que que la 3F pouvait édicter les règles qu’elle estime nécessaires au « bon déroulement » des matches.
Cette décision, forcément, ne passe pas auprès des Hijabeuses et de leurs premiers soutiens. À savoir l’association Alliance Citoyenne et la sociologue Haifa Tlili. Dans un communiqué commun publié dans la foulée, elles ont laissé exprimer leur incompréhension et leur inquiétude.
« Le Conseil d’État argue que l’interdiction des signes religieux apparaît nécessaire pour prévenir ‘tout affrontement ou confrontation sans lien avec le sport’. En ce sens, il interdit donc à des femmes de jouer au football pour éviter les réactions violentes que cela pourrait susciter, selon la logique – de culpabilisation de la victime que dénoncent, entre autres, les mouvements féministes de longue date. Par cette décision, le Conseil d’État intègre la violence contre les femmes, contre l’islam, qui existe dans la société française comme un fait que l’on pourrait éviter par l’exclusion des victimes elles-mêmes. »
Les Hijabeuses prêtes à saisir la CEDH
À la fin de leur communiqué, les membres du collectif ont assuré qu’elles n’allaient pas en rester là. Pour elles, le combat continue. « Les Hijabeuses n’excluent pas de saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour faire valoir en France une liberté qui est déjà garantie partout ailleurs en Europe. »
Photo © Les Hijabeuses