Après avoir disputé ses premières minutes sous la tunique de l’équipe de France le 23 février, Léa Khelifi, joueuse du Paris Saint-Germain prêtée cette saison à Dijon, fait le point sur sa carrière jusqu’ici, ses objectifs à court et moyen terme et son amour du football.
Commençons cet entretien par les débuts. Comment êtes-vous tombée dans le football ?
J’ai grandi à Behren-lès-Forbach et le foot c’est depuis petite, dehors, avec les copains, mon grand-frère, les garçons. J’étais tout le temps en train de jouer au city-stade à côté de chez moi. Depuis petite je faisais que ça, rien d’autre. Vraiment que ça. J’ai commencé très tôt, j’ai joué avec les garçons jusqu’à l’âge de 15 ans et après, j’ai dû intégrer les équipes avec les filles. D’abord j’étais au pôle espoir, pôle espoir la semaine à Strasbourg et le weekend je jouais avec Metz. Et après, j’ai fait quatre saisons à Metz, puis le PSG, j’ai signé trois ans, et là je suis prêtée un an à Dijon.
Je suis juste née à Strasbourg, je sais que le Racing est en D2, j’ai fait deux années là-bas au pôle espoir, mais je n’y ai jamais vécu étant jeune.
Sur les inspirations en termes de joueuses, au-delà de Louisa Necib, est-ce qu’il y a des joueuses plus actuelles qui vous inspirent ? On peut penser à Delphine Cascarino, bonne dribbleuse…
Oui, c’est sûr, c’est une excellente joueuse, des filles comme ça, c’est sûr que ça nous donne envie. Il y a aussi Marozsan, c’est une grande joueuse. J’aime beaucoup son style de jeu, donc j’essaye d’apprendre de ces joueuses.
« Formiga, c’est énorme, son travail, sa rigueur. C’est la joueuse qui m’a le plus marquée. »
Est-ce qu’il y a justement des joueuses auprès desquelles vous avez appris plus de choses ? Vous avez notamment évolué avec Marie-Laure Delie à Metz, Formiga à Paris…
Marie-Laure Delie, c’est sûr, elle m’a beaucoup apporté. Formiga, c’est celle qui m’a le plus marqué. franchement c’est énorme, son travail, sa rigueur, c’est ce qui me marque chez elle.
Concernant l’équipe de France, vous aviez été appelée en 2019 sans jouer, est-ce que vous avez eu peur de ne plus connaître ce type d’événement ?
Je n’étais pas du tout inquiète, je savais que j’avais besoin de temps de jeu, et qu’il fallait travailler pour y retourner. je n’ai pas lâché. J’ai travaillé pour et je vais le faire encore et encore, parce que le plus dur c’est d’y rester.
Comment s’est déroulée cette première sélection ? Vous vous retrouvez en position de frappe très rapidement après votre entrée notamment, il y a eu quelques frissons ?
Oui, j’attendais de rentrer en jeu, je me suis toujours dit que si elle faisait appel à moi, j’allais donner le maximum et c’est arrivé. Au dernier rassemblement, je ne me suis pas posé de questions. Je pense que quand elle a fait appel à moi, je me suis dit “donne-toi à fond”, ce que j’ai fait. Après, une première frappe au bout de quinze secondes, même pas… C’est arrivé tellement vite, j’ai tellement voulu m’appliquer que le ballon n’est pas trop parti.
À lire aussi : La fiche de Léa Khelifi
Avez-vous aujourd’hui une envie de revenir très vite en équipe de France ?
Oui c’est sûr, après le plus important, c’est le club avant tout. Je pense qu’il faut être performante en club pour essayer d’être rappelée en équipe de France. L’équipe de France, si ça doit arriver, ça arrivera.
“Je dois franchir ce cap. Au boulot, quoi”, avez-vous déclaré après les propos de Corinne Diacre qui expliquait que vous étiez encore une jeune joueuse. Sur quels aspects aimeriez-vous faire évoluer votre jeu ?
Je suis une jeune joueuse mais j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. Plus sur l’aspect athlétique où je dois encore passer un cap mais je sais que je suis capable.
« J’ai mon caractère aussi. C’est ce qui fait ma force aujourd’hui. »
Est-ce qu’il y a d’autres plans sur lesquels vous souhaitez encore avancer ? Sur le mental, vous êtes parfois timide en dehors du terrain, mais savez déjà faire preuve de caractère sur la pelouse…
Timide, c’est au premier abord, si on me connaît vraiment, je ne suis pas timide. Au départ, je préfère rester dans mon coin et observer, après je suis loin d’être timide. J’ai mon caractère aussi. C’est ce qui fait ma force aujourd’hui.
Avec Dijon cette saison, vous tenez parfois tête à de grosses cylindrées du championnat. Êtes vous surprise des performances de votre équipe cette saison ?
Je ne suis pas du tout surprise, je savais en venant ici qu’il y allait avoir un bon groupe, c’est pour ça que j’ai fait ce choix de venir là. Je sais qu’individuellement et même collectivement, on a une équipe intéressante, notamment offensivement. Après, il faut travailler dur pour essayer de remonter au classement parce qu’il y a des matchs importants qui arrivent.
Yannick Chandioux était ravi de vous recruter, il vous fait particulièrement confiance ?
Oui c’est très important et toujours flatteur quand on sait qu’un coach nous veut. Cela fait deux-trois ans qu’il me suit donc je n’ai pas hésité. C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai fait ce choix, c’est parce que je savais aussi que le coach allait avoir confiance en moi, mais il faut aussi lui rendre sur le terrain.
Quel est aujourd’hui votre poste idéal ? Vous aimez prendre les ailes et distiller des centres, vous êtes quasiment rentrée dans l’axe offensif avec la sélection, de base vous avez plutôt une formation de milieue de terrain…
Je dirais milieue offensive. Je dirais plus “10”, mais après je peux jouer à droite, à gauche, je peux jouer même devant… Mais plus en numéro 10.
C’est aussi alors un avantage d’avoir une bonne buteuse devant alors comme c’est le cas à Dijon (Sh’nia Gordon, Oparanozie) et à Paris… Quels sont vos objectifs à moyen terme, quand vous allez rentrer au Paris SG, c’est de vous faire une place de titulaire ? La concurrence ne vous inquiète pas ?
Je n’ai jamais eu peur de la concurrence, c’est pas du tout ça le problème. Après je suis jeune aussi, j’ai besoin de jouer. Pour l’instant, parler du PSG, je ne sais pas du tout. Aujourd’hui je suis à Dijon et je pense que c’est le plus important. Ce qui doit arriver arrivera.
Pour rester sur le Paris SG, ça fait quoi d’être dans un effectif qui comporte deux des meilleures attaquantes françaises du moment avec Katoto et Diani ?
Je pense qu’on ne s’en rend pas forcément compte quand on est dedans. Mais oui forcément, quand tu es entourée de ce genre de filles et de joueuses, c’est un plaisir. Tout va très vite et tu apprends beaucoup à côté de ces joueuses.
Est-ce qu’il y a aussi une envie de retrouver la Ligue des championnes ?
Forcément. J’ai toujours voulu viser le très haut niveau. Après, encore une fois, ce qui doit arriver arrivera. Je n’ai pas envie de me projeter, mais cela reste dans un coin de ma tête, comme l’équipe de France. Il faut travailler pour.
Que peut-on vous souhaiter pour la fin de saison avec Dijon ?
Beaucoup de buts, beaucoup de victoires et la santé avant tout. Et la Coupe de France, il ne faut pas la négliger, c’est important.
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photos : Dijon FCO et Laura Pestel