Dans une lettre ouverte publiée ce mardi, Sara Björk Gunnarsdóttir s’est confié sur les conditions dans lesquelles elle a vécu sa grossesse à l’OL féminin. La milieu islandaise révèle notamment ne pas avoir été payée durant plusieurs mois.
Six mois après son départ de l’OL féminin, Sara Björk Gunnarsdóttir a décidé de prendre la parole, ce mardi, pour revenir sur ses derniers mois sous les couleurs lyonnaises. Une lettre ouverte dans laquelle la milieu de terrain islandaise dénonce notamment l’attitude du club lyonnais durant plus d’un an avec notamment une absence de suivi officiel et des salaires impayés.
Car, suite à l’annonce de sa grossesse, la joueuse de 32 ans a fait le choix de rentrer en Islande. Pour être au plus proche de sa famille mais aussi pour se faire suivre dans son pays tout en continuant de pratiquer une activité physique lui permettant de reprendre rapidement le football après son accouchement. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.
« Dès le premier mois, je n’ai pas reçu mon salaire. Tout ce qui a été versé n’était qu’un petit pourcentage de la sécurité sociale. Puis je n’ai pas été payé les deux mois suivants. J’ai appelé Dietmar, mon agent, et il a écrit à Vincent, le directeur du club. Il n’y a pas eu de réponse. Lorsque Vincent Ponsot a finalement répondu, il s’est excusé pour deux des mois qui me manquaient. Et m’a dit que je serais payé pour ceux-ci. Mais pour le troisième mois, il a parlé de la loi française. Ce qui signifiait qu’ils ne me devaient rien d’autre » explique Gunnarsdóttir.
Pour obtenir l’intégralité de son salaire, l’actuelle joueuse de la Juventus Turin a dû obtenir gain de cause lors d’un procès devant le tribunal de la FIFA. Car depuis décembre 2020, les règles de l’instance internationale concernant les joueuses en congé maternité ont évolué. Selon le nouveau réglement, « lorsqu’une joueuse ne peut plus s’entraîner normalement en période de grossesse, elle peut, en amont de son congé maternité, poursuivre son activité auprès du club « de manière alternative ». Ce que n’a pas fais le club rhodanien selon le verdict du tribunal.
Pas convaincu du verdict les obligeant à payer, les dirigeants lyonnais auraient même penser à faire appel de cette décision selon elle. Ce qu’ils n’ont finalement pas fait. Lyon s’est défendu en indiquant suivre la loi française concernant une salariée en congé maternité. Et non le règlement de la FIFA. En avertissant Gunnarsdóttir qu’elle « n’aurait pas sa place à l’OL féminin » si elle réclamait ses salaires impayés lors d’un procès. Il a finalement été dans l’obligation de lui verser 82 094,82 euros en arriérés de salaires.
L’OL féminin « a rendu mon retour de grossesse impossible » confie Gunnarsdóttir
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car, à son retour dans le Rhône, l’attitude du club envers la capitaine de la sélection islandaise aurait complètement changé. « Lorsque j’ai parlé pour la première fois au club de ma grossesse, ils semblaient très heureux pour moi et m’ont dit qu’ils feraient tout pour me soutenir, et je le croyais. Mais maintenant, je n’étais pas si sûr. »
Et, notamment, parce qu’aucun membre du club n’avait officiellement pris des nouvelles de la joueuse lors de sa grossesse en Islande. Et surtout, car on lui a indiqué que Lyon ne souhaitait pas qu’elle amène son bébé lors des matches à l’extérieur. Ce qui aurait pu « déranger les autres joueuses dans le bus ou en avion, s’il pleurait tout le chemin ».
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Une incompréhension que Sara Björk Gunnarsdóttir ressentit jusque dans le bureau de Jean-Michel Aulas. Lors d’une réunion, elle explique que le président lyonnais « ne l’a pas salué ». Et que Vincent Ponsot, le directeur du football lyonnais, a brusquement changé de discours. En affirmant que les problèmes avec la joueuse islandaise n’avaient « rien de personnel » mais que c’était juste « les affaires ».
Suite à cela, la première joueuse de l’histoire de l’OL féminin à devenir maman durant sa carrière a décidé de quitter le club rhodanien. Puis de rejoindre la Juventus Turin où elle dit « être désormais heureuse » dans « un endroit idéal en tant que famille ». Elle précise que sa démarche vise à permettre à d’autres joueuses souhaitant être mère durant leur carrière de ne pas vivre les mêmes situations.
« Il s’agit de mes droits en tant que travailleur, en tant que femme et en tant qu’être humain. Il y a beaucoup plus de travail à faire » conclut Sara Björk Gunnarsdóttir.
Clément Gauvin
Photo © Clive Brunskill / POOL / AFP