INFO EXCLUSIVE. Footeuses dévoile une lettre ouverte des joueuses de Brest (D3 féminine) dans laquelle elles dénoncent des conditions inacceptables marquées par des salaires non respectés, des logements insalubres et un manque de considération généralisé.
À Brest, les projecteurs sont braqués cette saison sur l’équipe masculine et son parcours exceptionnel en Ligue 1. Pourtant, derrière cette façade éblouissante se cache une réalité bien moins heureuse pour le club brestois. Dans une lettre ouverte que nous dévoilons ce mercredi, l’équipe féminine – qui dépend de l’association du club- vit des heures bien plus compliquées.
Des mensonges, des promesses non tenues, des conditions de travail inadmissibles… Voilà ce que dénoncent les joueuses de l’équipe D3 féminine. Un cri de ras-le-bol qui résonne au sein de l’association d’un club pourtant professionnel. Les révélations faites dans cette lettre ouverte mettent en lumière une série de pratiques préjudiciables à l’épanouissement des joueuses et au bon fonctionnement de l’équipe.
🔴 Salaires incomplets, logements insalubres, déplacements payés par le staff…
— Footeuses (@foo_teuses) April 24, 2024
Footeuses révèle la lettre ouverte des joueuses de Brest (D3 féminine). 📃
La révolte et la grève couvent « l’autre Stade Brestois 29 ». 😡 pic.twitter.com/Z6r4532t42
Des logements insalubres et des salaires au rabais pour les joueuses de Brest
Au cœur des griefs soulevés se trouvent les questions financières. Selon elles, les salaires prévus sur les contrats ne sont pas respectés sur les fiches de paie, des retraits injustifiés sont opérés au titre de prétendus « frais divers » et les primes de match varient de manière arbitraire d’une joueuse à l’autre, et même d’un mois à l’autre, malgré des résultats identiques. Ces pratiques non seulement sapent la confiance des joueuses envers la direction de l’association du club, mais elles les plongent également dans une précarité financière insoutenable.
« Certains contrats ont été signés 5 mois après l’arrivée des filles au club. Elles ont dû subvenir à leurs besoins, loin de leur famille, sans le moindre revenu. Lors de la signature de leur contrat, 5 mois après, le montant était inférieur à ce qui a été dit à leur arrivée. L’ensemble du staff s’est cotisé pour les aider financièrement », révèle la lettre ouverte.
Mais les injustices ne s’arrêtent pas là. Des promesses de logement à titre gracieux non tenues, des conditions de vie indignes avec des moisissures sur les murs et l’absence de chauffage, des loyers prélevés sans consentement sur les fiches de paie : tel est le quotidien désastreux que subissent certaines joueuses. De plus, les accès aux places pour les matchs des professionnels de Ligue 1 leur sont refusés et les dotations en équipement restent incomplètes, dégradant ainsi les conditions d’entraînement et de compétition.
À lire aussi : « Un direct de merde » : le pétage de plomb d’un technicien TV durant le match Guingamp-Fleury en D1 Arkema
Des déplacements en minibus payés par le staff
Les conditions de déplacement ne sont pas en reste, avec des repas non prévus à l’arrivée à l’hôtel, des trajets effectués dans des conditions précaires, mettant en danger la sécurité des joueuses et du staff. « Certains déplacements ont même été réalisés à la charge des joueuses (frais d’essence et de péages, location de voitures). Nous avons été contraintes de conduire notre propre voiture de location mettant en danger l’intégrité des joueuses », expliquent-elles.
Mais au-delà des aspects matériels, c’est aussi le manque de considération et de respect envers les joueuses qui est dénoncé. Des choix sportifs imposés sans consultation, des droits à la formation professionnelle niés sans explication et le départ de membres du staff laissés sans remplacement, autant d’éléments qui témoignent d’une gestion défaillante et d’un mépris flagrant envers les joueuses et le staff.
« Nous avons toujours été professionnelles en donnant le meilleur de nous-mêmes sur le terrain sans jamais rien laisser paraître. Malgré nos nombreuses sollicitations en interne afin de faire changer les choses ; on nous ment en nous laissant espérer. Mais les semaines passant, notre situation extra-sportive devient insupportable. Cela ne peut plus durer ainsi ! Elle impacte nos performances individuelles et collectives ; notre bien-être physique et mental. Elle met en danger l’intégrité physique des joueuses et du staff. Nous ne sommes pas respectées. »
Vers une grève des joueuses de Brest ?
Face à cette situation intenable, les joueuses du Stade Brestois 29 ont donc décidé de prendre la parole et de demander des expliquations au président de l’association, Daniel Le Roux. « Nous nous questionnons sur les intentions du président. En effet, nous avons reçu un mail non nominatif de sa part en date du 15 mars 2024, veille d’un match crucial alors que nous étions en course pour l’accession en D2, nous annonçant pour la plupart notre éventuelle non reconduction la saison prochaine. Souhaite-il nous déstabiliser ? »
Elles se réuniront avec les référents des syndicats des joueuses, appuyées par leurs agents, dans le but de faire valoir leurs droits et de mettre fin à ces pratiques déplorables. La révolte gronde, et la grève se profile à l’horizon, tant que leurs revendications légitimes ne seront pas entendues.
Contacté le club n’a pas souhaité réagir et attend les résultats d’une enquête interne avant de prendre des mesures si nécessaire.
Clément Gauvin
Photo © FFF