Louisa Necib va commenter pour beIN SPORTS le match de la parité entre Bordeaux et le PSG, ce samedi, en quarts de finale de la Coupe de France féminine. La rencontre aura lieu au Matmut Atlantique, dans la foulée du match de Ligue 2 qui opposera les Girondins à Saint-Étienne. Pour Footeuses, l’ancienne internationale française a évoqué cette initiative qui pourrait réunir jusqu’à 25 000 spectateurs. Elle est également revenue sur son rôle de consultante dans les médias, sur la diffusion du football féminin en France, et sur la stagnation de la discipline dans notre pays.
La billetterie commune pour la rencontre entre Girondines et Parisiennes et Bordelais et Stéphanois est disponible ici.
Vous allez vivre de près ce quart de finale entre Bordeaux et le PSG en le commentant sur beIN SPORTS. Cet événement pourrait attirer jusqu’à 25 000 spectateurs au Matmut Atlantique. Est-ce quelque chose que vous auriez pu imaginer il y a six ans, lorsque vous étiez encore sur les terrains ?
Absolument, car ce type d’événement se produisait déjà à l’époque. En tant que joueuse, nous avions souvent des matches en levée de rideaux. L’avantage de jouer après le match des hommes, c’est que les supporters seront déjà présents. Il est donc fort probable qu’ils restent pour assister à ce moment fort de la Coupe de France féminine.
Comment appréhender une telle affluence quand on est joueuse ?
C’est une préparation mentale spécifique à chaque joueuse. Et quoi qu’il en soit, la motivation et la détermination seront décuplées car c’est une belle affiche, en quart de finale de la compétition. Et quand on joue dans un beau stade comme le Matmut Atlantique où évolue l’équipe masculine, c’est une force et une motivation supplémentaire. Il n’y a que du positif à en tirer. Les ondes seront plus positives que négatives. Après la gestion du stress entre en jeu mais ça sera un stress positif.
De plus en plus de joueuses de votre génération quittent peu à peu les terrains et deviennent coaches ou consultantes… cette présence dans les médias est-elle importante pour la visibilité du foot féminin ? Et sur son analyse ?
Auparavant, il y avait très peu de femmes dans les médias sportifs. C’est vraiment un milieu qui était réservé aux hommes. Aujourd’hui, c’est un monde qui s’ouvre de plus en plus aux femmes et c’est agréable. Mais au-delà du fait que cela s’ouvre aux anciennes joueuses, il faut surtout parler des compétences et de l’analyse et la connaissance du jeu. C’est ce qui prime aujourd’hui, pour un homme ou pour une femme. Le sexe a peu d’importance.
Les moyens mis en place samedi par beIN Sports seront similaires à ceux qui seront déployés pour le match de Ligue 2 juste avant, ce qui est très inhabituel dans le foot féminin. Comment jugez-vous la diffusion actuelle du foot féminin au quotidien ? De nombreux supporters ou acteurs du jeu dénoncent des problèmes récurrents…
C’est une chance pour le football féminin d’avoir un diffuseur comme beIN SPORTS dans un beau stade avec une belle qualité. On espère maintenant que les spectateurs seront au rendez-vous. Mais ce genre d’événements se font depuis des années. On a l’impression que tout est nouveau, tout est neuf. Alors que les filles jouent depuis de nombreuses années dans de grands stades. C’est le cas de Lyon qui allait à Gerland et qui va désormais au Groupama Stadium. C’est aussi le cas du PSG au Parc des Princes ou au Stade Jean Bouin.
Maintenant, il faudrait que d’autres clubs s’ouvrent à de telles initiatives et proposent de beaux stades. On verra toujours un meilleur football dans de vraies infrastructures que dans des stades compliqués. C’est un plus pour la discipline. On le voit avec la Coupe de France chez les hommes : quand des grosses équipes se déplacent chez des clubs amateurs, les matches sont toujours plus disputés et compliqués à jouer pour les professionnels car la qualité du terrain joue tout comme les infrastructures.
Pensez-vous que des événements comme celui-ci peuvent stimuler l’intérêt du grand public pour le football féminin, qui est souvent cantonné à une mauvaise diffusion ?
Absolument. Avoir les mêmes moyens de diffusion pour les femmes que pour les hommes est une véritable reconnaissance et un avantage pour ce match. Plus les matches seront diffusés sur des chaînes accessibles au grand public, plus la discipline sera vue par un grand nombre de personnes. C’est une belle publicité et une belle vitrine pour le football féminin.
Ce quart de finale se jouera dans un stade de 40 000 places… mais la finale est prévue à Orléans dans un stade de 8 000 places… Pensez-vous que ce choix est judicieux pour être certain de remplir l’enceinte ou alors que nous manquons un peu d’ambition ? Sachant que l’Angleterre a déjà vendu près de 40 000 billets pour sa finale de coupe à Wembley…
Du point de vue du nombre de places, ce choix montre peu d’ambition et d’espoir pour le football féminin. On peut craindre que si la finale se déroule dans un stade avec une grande capacité, celui-ci sera vide. Pourtant, il est certain que lorsqu’on est joueuse, on préfère jouer dans un stade reconnu. Orléans… ce n’est pas Wembley. Il faut être ambitieux et se donner les moyens de faire connaître le football féminin en faisant beaucoup de publicité.
Justement, comment voyez-vous l’évolution de la discipline ? Et que pensez-vous des propos de Wendie Renard qui dénonce de nombreux manques en équipe de France mais aussi en D1 Arkema ?
Après la Coupe du monde 2019, je pensais qu’il y aurait un véritable engouement et une vraie évolution dans le football féminin en France. Malheureusement, ce n’est pas le cas. J’ai arrêté en 2016, mais je ne constate aucune évolution en six ans. Je suis d’accord avec Wendie pour dire que la discipline stagne. Nous étions en avance sur des pays comme l’Angleterre, l’Espagne ou l’Italie. Mais aujourd’hui, ces pays sont au même niveau que nous.
Selon vous, la création d’une ligue professionnelle, bientôt envisagée en France, pourrait-elle changer rapidement les choses ?
Je ne sais pas, car l’Angleterre n’a pas eu besoin d’une ligue professionnelle pour évoluer et rattraper de nombreux championnats. Je pense que le travail en interne doit être revu et fait différemment. Au niveau de la Fédération, mais aussi au niveau des clubs, on constate que les infrastructures n’évoluent pas. Nous avons toujours Lyon et Paris en vitrine du football féminin français. Mais derrière, l’évolution n’a pas suivi. C’est frustrant de voir que la discipline n’a pas évolué.
Sportivement comment voyez-vous la saison actuelle des deux équipes ?
D’un côté, on assiste à un duel traditionnel entre le Paris Saint-Germain et l’Olympique Lyonnais. Deux formations de premier plan qui se battent pour le titre comme elles l’ont fait depuis plusieurs années maintenant. Le PSG est une équipe de grande qualité, avec un coach talentueux à sa tête.
De l’autre côté, Bordeaux réalise une saison remarquable avec un effectif rajeuni sous la direction de Patrice Lair. Malgré la perte de nombreuses cadres, l’équipe parvient à se maintenir à un bon niveau et à produire du jeu de qualité.
Propos recueillis par Clément Gauvin
Photo © PANORAMIC