La jeune latérale lyonnaise, aujourd’hui prêtée à Guingamp, Manon Revelli, est revenue pour Footeuses sur son année 2021 : un titre de championne de Suisse avec le Servette Genève, une place de titulaire en Bretagne, et l’envie de percer dans son club formateur : elle raconte.
Bonjour Manon Revelli, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, quel type de joueuse êtes-vous ?
Je suis une latérale plutôt explosive, portée sur l’attaque, car dans les clubs où je suis passée, on m’a beaucoup appris à attaquer, moins à défendre. Un peu technique et mentalement, je ne lâche rien. Et je suis au service du collectif.
Un profil qui a séduit Guingamp que vous avez rejoint cette année. Pour quelles raisons ?
Je suis revenue de Suisse à Lyon, où je suis en contrat jusqu’en 2023. Et quand je suis revenue, j’ai eu une discussion avec les dirigeants, qui souhaitaient que j’ai une expérience en France pour pouvoir prétendre à jouer à l’OL.
Alors ensuite, pourquoi la Bretagne, déjà pour le discours du coach Frédéric Biancalani. L’année dernière, elles avaient réalisé une bonne saison (5e). Je connaissais pas mal de monde ici. Et en même temps je voulais sortir de ma zone de confort. À Lyon ou en Suisse, je restais proche de ma famille. La Bretagne, là, je savais que je verrai ce que cela fait de partir vraiment, de se retrouver peut-être seule.
N’était-ce pas difficile d’un point de vue personnel de vous éloigner autant de votre région d’origine ? Auriez-vous pu prendre cette décision deux ans plus tôt ?
Non, honnêtement, je ne serai pas partie aussi loin. En Suisse, j’étais à deux heures de route, bon, il fallait quand même les faire les deux heures et je ne rentrais pas tous les jours. J’ai mûri et je me suis dit qu’il était temps de tenter.
Vous avez démarré à Lyon et vous avez eu l’opportunité de ne pas trop vous éloigner… Au final la saison au Servette Genève semble vous avoir fait passer des étapes, dans le jeu comme en dehors ?
Oui, dans mon jeu, j’ai pris confiance en moi. Certes, à Lyon, nous avons toutes les conditions pour que cela soit le cas. Et on est entourée des meilleures… c’est alors plus difficile de s’illustrer. À Genève, j’ai vraiment été épanouie, avec les coéquipières et le coach. Cela s’est ressenti en dehors du terrain, beaucoup m’ont dit que j’étais plus libérée, heureuse, mature…
« J’ai pris confiance en moi »
Vous attendiez-vous à une telle saison ? Comment expliquez-vous ce titre ?
C’est vrai que je ne m’attendais pas à aller aussi loin. Je pensais que j’allais avoir une expérience de six mois à Genève, et je ne m’attendais pas à un aussi haut niveau. Et puis aussi de jouer beaucoup, de faire des statistiques, c’était intéressant. C’est une expérience qui ne va m’apporter que des choses positives, dans ma maturité, mes stats, mon palmarès.
Avez-vous tout de suite réalisé que vous veniez de décrocher le premier titre de l’histoire du club ? Qu’en pensez-vous ?
Avant de venir à Genève, je ne savais pas qu’il y a encore peu, elles étaient en D2 et qu’elles avaient l’opportunité de remporter un premier titre. Je ne m’attendais pas à autant d’ampleur, ça va rester gravé ! Même encore aujourd’hui, j’en parle avec mon entourage, c’est un beau titre.
Vous êtes très jeune, un âge où les évolutions physiques peuvent jouer un rôle important dans le jeu, travaillez-vous en particulier ces points ?
Par rapport à un poste de latéral droit, il faut avoir le physique pour tenir les efforts. Et c’est vrai aussi que défensivement, la plupart du temps, les attaquantes latérales sont des joueuses physiques donc il faut être en capacité de pouvoir répondre. Après, je pense que pour n’importe quel poste aujourd’hui le physique est particulièrement important.
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Vous êtes prêtée à Guingamp et vous avez en effet beaucoup de temps de jeu. Mais votre objectif reste de vous imposer à l’OL ? Ou êtes-vous prête à faire carrière ailleurs ? Quels championnats européens pourraient vous attirer ?
Mon objectif premier est de réussir à Lyon. Ensuite, si ce n’est pas possible, je ne veux pas m’arrêter sur ça. Par rapport aux championnats étrangers, l’Angleterre m’attire beaucoup.
Sur quels aspects Eric Sévérac vous a-t-il fait progresser au Servette et même question pour Fredéric Biancalani, entraîneur expérimenté de D1 Arkema ?
Ce sont des entraîneurs qui n’ont pas peur de dire quand je suis en dessous, quand je ne fais pas le job. Avec moi, ils vont toujours chercher plus. C’est ce que j’aime, je suis encore jeune, j’ai plein d’axes d’amélioration. Et le temps de jeu donne confiance. Cette saison je progresse beaucoup plus en défense, parce que à Lyon ou à Genève, nous étions très portés sur l’attaque. Là à Guingamp, je ne peux pas être trop portée vers l’attaque. Je vais être plus efficace en défense qu’en attaque.
« Ils n’ont pas peur de dire quand je suis en-dessous de mon niveau. »
Quelles sont les différences entre le championnat suisse et le championnat français, le physique, la tactique ?
Techniquement, la D1 est beaucoup plus forte, on le voit avec les clubs engagés. Tactiquement aussi, on travaille beaucoup en amont des matchs. Après, le championnat suisse est particulièrement physique. J’avais été impressionné par l’engagement.
Avez-vous suivi la campagne européenne du Servette ?
Oui ! Certes les résultats n’étaient pas là, mais par contre, elles ont quand même su poser leur jeu. C’est quelque chose qui ne peut que évoluer d’année en année. Elles ont eu un groupe relevé mais elles prennent de l’expérience.
Vous connaissez bien une autre latérale, gauche cette fois, qui explose actuellement avec l’OL et les Bleues, Selma Bacha, comment jugez-vous son évolution ?
On était ensemble à la formation, puis en pro. Ce qui lui arrive est totalement mérité, c’est le résultat de son travail. Selma, que ce soit à la formation, en équipe de France jeune, elle m’a beaucoup appris, elle reste un modèle.
« Selma Bacha reste un modèle ! »
Quels sont justement vos références et les joueuses qui vous font progresser, même encore actuellement avec l’EAG ?
Une de mes modèles est Lucy Bronze, qui était à Lyon, qui joue à mon poste. À Guingamp je suis bien entourée aussi. Il y a Margaux Le Mouël, Sana Daoudi, Héloïse Mansuy, Sarah Cambot… Elles m’aident beaucoup, elles connaissent la D1.
Vous avez connu une première partie de saison difficile, pourquoi ? Guingamp manque-t-il un peu d’expérience ?
Nous avons une équipe jeune, un effectif réduit, nous savions que cela allait être plus difficile cette saison, il y a eu beaucoup de départs. Par ailleurs, on n’a pas su saisir notre chance au bon moment. Sur les matchs décisifs, on n’a pas réussi à prendre l’avantage, on n’arrive pas à passer ce cap à chaque match. Nous en parlons entre nous, nous essayons de trouver, est-ce un manque de vitesse ?
Il reste du temps, comment renverser cette situation dans les mois à venir ?
Il faudrait transformer les matchs nuls en victoires. Nous ne sommes pas détachées non plus ! Il y a certains matchs que nous n’avons pas su prendre à notre compte, il va falloir inverser cela.
Quels sont vos objectifs pour 2022 ? Une première cape chez les A ? Continuer à enchaîner les matchs ? Rejouer la Coupe d’Europe ?
Ah oui évidemment un premier appel en équipe de France A serait incroyable. Pourquoi pas être décisive avec les clubs, en marquant ou en réalisant des passes décisives. Sinon, continuer à jouer, être performante. Et puis tout faire pour m’imposer à Lyon. Retrouver la Ligue des championnes. Jouer, tout simplement.
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo ©Olympique Lyonnais