Seule Française évoluant en première division australienne ces dernières années, Margot Robinne a pris le temps de répondre aux (nombreuses) questions de Footeuses. Première partie.
Margot Robinne, après un début de carrière en France, vous êtes arrivée en Australie en et vous n’en partez plus, pourquoi ?
Je suis devenue Australienne en janvier. Quand tu es Française arrivant ici, tu sais comment cela se passe, tu as un « working visa », tu n’as pas les meilleures contions de vie pour ta première année, tu découvres et tout et en fait, beaucoup de gens s’installent ensuite et restent parce que… c’est pas trop mal comme vie !
Je suis seule ici, mais j’ai ma famille près de Versailles, je vais en France tous les un an et demi, mon père vient, mes frères c’est un peu compliqué. Il faut que tu partes un minimum de deux semaines quand tu viens ici, avec le décalage horaire notamment.
Comment cela s’était passé à votre arrivée, vous aviez un contrat d’une certaine durée ?
Quand je suis arrivée, j’avais joué à Montigny, Rouen, au TFC, cela m’avait un peu ‘gavé’, je m’étais fait les croisés. J’avais une amie ici, de l’équipe de France de futsal universitaire. Ici, tout est business. Il existe des académies, tu crées du un contre un avec un joueur, tu développes les joueurs comme cela, nous avons créé un business pour les féminines. J’étais un peu à la fin d’un cycle et en débarquant ici, j’ai trouvé tout sympathique et je me suis demandé comment rester. Un moment en regardant la ligue pro à la télé, je me suis dit que je pouvais jouer. Les trois dernières années, j’ai joué en ligue pro.
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En arrivant ici, j’ai aimé la culture, les gens sont gentils, cela se reflète partout dans la société. Ensuite, j’ai commencé à jouer dans l’équivalent de la deuxième division, en dessous de la ligue pro, fermée, à l’américaine.
Et alors, les différences en termes de jeu sont frappantes avec la France ?
La deuxième division est régionale. La différence de niveau a été folle tactiquement et techniquement, c’est moins bon que la France. En revanche, athlétiquement et au niveau de l’état d’esprit, c’est un peu à l’américaine, ça se bat jusqu’au bout, dans tous les sens. Après, j’ai regardé la ligue pro à la télé et je me suis dit que je pouvais y arriver, j’y ai joué et c’est le même sentiment. Même si ça s’est amélioré et structuré, le niveau technique et tactique est plus faible qu’en Europe, en revanche, l’état d’esprit… Même si elles perdent 3-0 à la 82e minute, tu les vois galoper comme des malades. Elles y croient toujours. Et cette mentalité se retrouve dans tous les championnats du pays.
« Le niveau technique et tactique est plus faible… Mais quel état d’esprit ! »
Au niveau des contacts et de ce que l’arbitre va siffler, c’est un peu « des bouchères » et cela passe. Il faut s’y faire. Dans l’impact, tu sais que dès que tu as la balle, en France, nous allons temporiser, orienter. Ici, tu ne peux pas garder la balle plus de quelques secondes, car tu sais que cela va venir fort. Physiquement, tu cours énormément. Katrina Gory a beaucoup couru pendant le Mondial, mais c’est pareil pendant toute l’année avec elle.
Justement, en parlant du Mondial, qu’attendiez-vous de la sélection d’Australie ?
Elles ont… bien préparé, c’est relatif, car les années avant la coupe du monde n’étaient pas très glorieuses, mais pour cette Coupe du monde à la maison, il y avait un bel enjeu culturel. Par exemple, une place importante a été mise sur le développement de la femme, ils en parlaient beaucoup. C’était une idée de « on veut changer l’histoire, on va tout faire sur le terrain pour que les choses évoluent ».
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Sur le papier, les joueuses je ne les trouve pas extraordinaires, mais cet état d’esprit… Avant, le match contre la France, je ne le sens pas du tout. J’ai une amie qui joue pour l’Australie, et avant le match, je lui écrit. « Bon, on doit discuter. Si l’Australie gagne, tu me files ton maillot car je serais triste. » (rires)
Nous étions peu de Français dans le stade, c’était jaune partout. J’avais prédit par contre qu’elles allaient chuter contre l’Angleterre en demies après, car tu as trop de dépenses d’énergie dans leur manière de jouer, donc des matchs tous les quatre jours, à un moment, tu ne peux plus. Mais pour une équipe 11e au classement mondial, le dernier carré, c’est pas mal ! Et ce n’est en effet pas une surprise pour moi. Elles-mêmes étaient convaincues d’y arriver. C’est d’ailleurs quelque chose dont on devrait s’inspirer.
Interview à suivre…
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo ©Margot Robinne