Il y a quelques jours, la Northern Super League (NSL) ou aussi appelée Super Ligue du Nord a fait ses grands débuts. Une première historique pour le football ou soccer féminin au Canada. Voici les 5 informations clés à retenir sur cette nouvelle ligue qui va transformer le paysage sportif national.
1. Une première ligue professionnelle au Canada
C’est un tournant. Le Canada aura enfin sa propre ligue professionnelle de football féminin. Jusque-là, les joueuses canadiennes professionnelles devaient s’exiler au-delà de leur frontières comme aux États-Unis ou en Europe pour poursuivre leur carrière. Face à l’absence de projet, ce sont deux anciennes joueuses canadienne Christine Sinclair (retraitée à la fin de saison de Portland Thorns) et Diana Matheson (désormais retraitée), qui se chargent de l’organisation et la création de cette ligue. Grâce à la Northern Super League, les joueuses canadiennes pourront maintenant évoluer chez elles, devant leur public. Une avancée majeure pour le développement du football canadien.
Au-delà de l’enjeu sportif, ces clubs partagent une mission commune : ancrer le football féminin professionnel dans leurs territoires et inspirer toute une génération de joueuses et de supporters. Ce championnat laisse présager une aventure collective, portée par des villes, des fans et des communautés qui rêvent d’un avenir footballistique prometteur pour leur pays.
L’importance de la SLN est énorme. Je faisais partie de la FA WSL lorsqu’elle a été lancée en Angleterre en 2011, et elle a été créée pour soutenir l’équipe nationale. Dix ans plus tard – aucune coïncidence – l’équipe nationale a remporté l’Euro. Je sais à quel point il est important d’avoir un championnat dans son pays ; cela permet de créer des communautés autour des équipes, d’élargir la base de supporters et de s’assurer que les jeunes joueuses disposent d’une plateforme pour se développer et progresser sans avoir à aller ailleurs. Je crois que c’est essentiel pour l’avenir de notre sport au Canada.
Casey Stoney, sélectionneure de l’équipe nationale féminine du Canada
2. Six équipes fondatrices
La Northern Super League a été lancée avec six clubs fondateurs, répartis à travers le pays, avec une présence dans les grandes métropoles comme dans des villes émergentes du football.
Voici les six pionniers de cette première saison :
- Rise FC de Vancouver
Située sur la côte ouest, cette équipe a choisi pour domicile le Stade Swangard. Elle sera menée par l’ancienne joueuse danoise de 46 ans Anja Heiner Müller au poste d’entraîneur et par l’ancienne gardienne Stephanie Labbé. La recrue la plus marquante et sans doute la Canadienne Quinn (104 sélections avec le Canada, médaillée d’or aux Jeux olympiques de Tokyo 2020).
A lire aussi : Quinn inscrit le premier but de l’histoire de la Northern Super League
- Wild FC de Calgary
Le Stade McMahon a été sélectionné comme terrain d’accueil pour le Wilde FC Calgary. L’équipe sera sous la direction de l’entraîneuse anglaise Lydia Bedford et de la directrice sportive Alix Bruch. On note parmi les nouvelles recrues remarquables la présence de Farkhunda Muhtaj, milieu de terrain, capitaine de l’équipe nationale afghane.
- AFC Toronto
La capitale économique du pays se devait d’avoir une représentante. Le Stade York Lions a été choisi comme résidence pour l’AFC Toronto. Sous la direction de l’entraîneur Marko Milanovic et du directeur sportif Billy Wilson.
- CF Rapide d’Ottawa
Le CF Rapide d’Ottawa a opté pour le Stade TD Place en tant que stade à domicile. Sous la houlette de l’entraîneure et ex-joueuse danoise Katrine Pedersen (210 sélections) et de la directrice sportive Kristina Kiss. Le club bénéficiera de l’apport précieux d’une nouvelle recrue de choix : Desiree Scott (187 sélections avec le Canada, championne olympique à Tokyo 2020).
- Roses FC de Montréal
Le Centre sportif Bois-de-Boulogne a été sélectionné comme le lieu de résidence pour les Roses FC de Montréal. Sous la direction du coach Robert Rositoiu et de la directrice sportive Marinette Pichon. Le club pourra tirer profit de l’expérience d’une nouvelle joueuse de renom : Charlotte Bilbault, qui a représenté la France à 56 reprises.
- Tides FC de Halifax
Avec leur entraineur Lewis Page et leur directeur sportif Amit Batra, le Tides FC a pour domicile le Wanderers Ground, stade à Halifax. Parmi les recrues, on note notamment la gardienne canadienne Erin McLeod. Cette dernière a participé à quatre Coupe du monde et remporté deux médailles olympiques (bronze en 2012 et or en 2020), avec un record de sélections par le Canada pour une gardienne. (119 sélections).
Chaque équipe disputera 25 matchs de saison régulière, dans un format pensé pour assurer rythme et visibilité tout au long de l’année. Les quatre meilleures formations accéderont aux séries éliminatoires, qui permettront de sacrer la première équipe championne de l’histoire de la NSL.
3. Un modèle professionnel et équitable
Le modèle économique de la Northern Super League est clair :
- Plafond salarial : 1,6 million de dollars par club
- Salaire minimum : 50 000 $ par joueuse
- 1 joueuse désignée par équipe, nommée « marquee player », peut avoir salaire hors plafond
- Les effectifs compteront entre 20 et 25 joueuses dont au moins deux gardiennes de but et jusqu’à 8 étrangères. Les transferts ne se font qu’avec l’accord des joueuses, qui deviennent autonomes à la fin de leur contrat.
- La fenêtre des transferts avant le lancement s’est refermée le 14 avril 2025, et celle d’été sera ouverte du 20 juillet au 31 août.
4. Des visages connus… et de jeunes talents
Plusieurs stars du football canadien rejoignent la NSL. On retrouve notamment : Erin McLeod (Tides FC de Halifax), icône des buts avec 116 sélections avec le Canada, la milieu de terrain Desiree Scott (CF Rapide d’Ottawa) surnommée « The Destroyer » avec ses 187 sélections nationales, ou encore Quinn (Rise FC de Vancouver), championne olympique en 2020 avec 106 sélections au compteur et qui avait notamment fait un court passage au Paris FC en 2019.
Côté jeunesse, la ligue mise aussi sur des espoirs prometteurs canadiens, comme Stephanie Hill (Roses FC de Montréal, défenseure, 23 ans), Mya Jones (AFC Toronto, attaquante, 23 ans), Grace Stordy (Wild FC de Calgary, défenseure, 23 ans) ou Jessica De Filippo (Rise FC de Vancouver, attaquante, 24 ans).
D’après la Northern Super League, 132 footballeuses ont trouvé un accord avec les six clubs du nouveau championnat canadien. Parmi elles, 87 sont originaires du Canada, tandis que les 45 autres viennent de 20 autres pays tels que la France (Charlotte Bilbault avec Roses FC de Montréal et Eva Frémaux avec Tides FC de Halifax), l’Afghanistan, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Australie, la Belgique, la Corée du Sud, le Danemark, l’Écosse, l’Espagne, les États-Unis, la Finlande, l’Islande, l’Irlande, Israël, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et la Turquie.
A lire aussi : Eva Frémeaux rejoint le Halifax Tides et la nouvelle ligue du Canada
5. Une ligue pensée par et pour les femmes
La NSL est née d’un projet porté par Diana Matheson, ancienne internationale canadienne (206 sélections). Lorsqu’elle s’exprime sur son objectif elle émet la volonté d’offrir une vraie voie professionnelle aux joueuses. Pour cela, la marque a été soigneusement conçue avec un logo, des couleurs et un message inclusif. Ici, pas de mention du mot « femmes » dans le nom. La Northern Super League veut être une ligue à égalité avec les plus grandes.
L. E.
Photo © NSL