En éliminant Rodez, pensionnaire de Seconde Ligue, Le RC Fléchois a créé l’exploit lors de ce premier tour fédéral. Retour sur une rencontre historique.
Si la magie de la coupe est un mythe pour certains, en Sarthe, elle est devenue réalité, dimanche 23 novembre. À 15 heures, le Racing Club Fléchois, pensionnaire de Régional 2, accueille Rodez, qui lutte pour son maintien en Seconde Ligue. Sur le papier, trois divisions séparent les deux formations et l’issue de la rencontre semble déjà scellé. Du côté Fléchois, il n’y a d’ailleurs pas beaucoup de place au doute, comme l’indique Tiphanie Durdan, attaquante du Racing. « Je pense que dans nos têtes, on est toutes parties perdantes. On allait prendre au moins 5 buts et voir du beau football. »
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L’espoir de victoire est mince pour les joueuses de La Flèche, mais pas inexistant. La veille de la rencontre, la formation travaille encore avec assiduité. « Le vendredi, on a travaillé défensivement, en bloc compact, indique l’attaquante. Je pense que c’est ce qui nous a permis de jouer les contre-attaques le lendemain. »
Quelques heures avant le match, elles se retrouvent pour partager un moment ensemble, l’occasion de relâcher la pression et d’ajuster les derniers préparatifs. Un moment mêlant détente et tension, sous l’œil d’Aurélia Piron, en charge du développement du football féminin au club. « Le matin, elles étaient hyper détendues, elles ont fait des vidéos, elles ont chanté… Guewen, le coach, a fait un petit débrief avec la vidéo d’un match qui a déjà eu lieu. Ensuite, il y a eu un repas ensemble. »
« À la première accélération que je fais, je vois que je les prends de vitesse. »
Petit saut en avant de quelques heures. À la sortie du vestiaire, les bavardages laissent place à la concentration. Tiphanie Durdan est titulaire, Aurélia Piron prend place sur le banc, parmi le staff, et à la sécurité et au micro, Samuel Rabouan, le président, observe d’un poste plus reculé. « On a eu un temps exécrable, c’était atroce, se rappelle-t-il. Il y avait environ 300 personnes. Ça fait un peu de bruit quand même. Pendant le match, je me retournais, et je voyais les gens qui étaient debout, qui commençaient à chanter, à applaudir. »
Sur le terrain, l’ambiance est plus pesante. Le Racing est pourtant la première équipe à frapper. Sur une erreur défensive ruthénoise, Tiphanie Durdan récupère le ballon et se présente devant le but. Elle n’arrive pas à trouver le chemin des filets sur cette occasion. « À la première accélération que je fais, je vois que je les prends de vitesse. Dans ma tête, je me dis que c’est possible que je me retrouve devant le but. »
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Après cette frayeur, les visiteuses se reprennent et Valentine Gay inscrit le premier but de la rencontre après le quart d’heure de jeu. Hiérarchie respectée, les pensionnaires de Seconde Ligue mènent et sur le banc Aurélia Piron ne dramatise pas. « Je me dis, déjà, on a tenu quinze minutes, c’est beau », sourit-elle. Sur le terrain, les Sarthoises se livrent à une bataille sans merci. « Notre gardienne nous sauve beaucoup de buts aussi, elle nous fait un match extraordinaire. » Juste avant la pause, Tiphanie Durdan a l’occasion de remettre les deux équipes à égalité. Elle ne tremble pas, et cette fois, le ballon passe la ligne, La Flèche égalise au meilleur moment.
Tiphaine Durdan, véritable poison des défenses
Au retour des vestiaires, Rodez pousse, touche le montant, la barre et bute sur la gardienne, Alexia Ouvrard. « Plus les minutes passaient, plus on se disait que c’était faisable », commente Aurélia Piron. Les dieux du football ont choisi leur camp et surtout leur joueuse. 75ème minute, c’est encore une fois Tiphanie Durdan qui vient se présenter devant le but pour donner l’avantage au Racing. Un mouvement suivi dans les tribunes par le président : « J’ai couru, pas aussi vite que Tiphanie, pour la suivre quand elle s’est présentée face au but ». L’attaquante fléchoise ne s’arrête pas là et dans un ultime effort, inscrit un troisième but et scelle définitivement le score du match.
L’arbitre siffle la fin de la rencontre et le stade Bouchevreau se lâche enfin. « On a toutes bien jouées, résume la joueuse. La défense a été irréprochable et pour une fois, il n’y a pas eu de gâchis de mon côté. On s’est toutes courues dessus. Je crois que moi, je suis tombée au sol, et on a fini par faire un ventriglisse. »
Au bout d’un vrai match de coupe, la formation de Régional 2 vient donc éliminer les pensionnaires de Seconde Ligue. Un exploit que peut rééditer le club, le 14 décembre, puisque le RC Fléchois reçoit une nouvelle formation de Seconde Ligue, Toulouse. Un match qui s’annonce plus compliqué à négocier selon la triple buteuse. « Maintenant elles vont me connaître, je pense que je vais avoir beaucoup moins d’espace. C’est une équipe très différente, qui est première de Seconde Ligue et de ce que l’on a vu, le niveau ne sera pas le même », souffle-t-elle.
Un club qui se fait une place dans la hiérarchie
Si le club du RC Fléchois est en pleine reconstruction, sa section féminine a trouvé les ressources pour devenir une équipe importante dans le département. Évoluant encore en départemental 1 il y a trois ans, les Fléchoises ont enchaîné les performances. Après être montée jusqu’en R1, l’équipe s’est stabilisée en R2. Cette victoire en Coupe de France permet au club de se montrer et pourquoi pas, attirer de nouvelles joueuses dans ses rangs. C’est ce qu’espère son président Samuel Rabouan. « C’est bien pour les petites filles qui voient aussi que les grandes, elles font de super parcours et je pense qu’elles vont se reconnaître et prendre goût à venir jouer au foot. Aujourd’hui, on a une équipe U13, une équipe U15, une équipe U18 et sur la partie féminine, on est labellisé, donc, voilà, c’est amené à se développer. » Et si tout cela n’était qu’un premier chapitre…
Axel Piotet
Crédit photo : Racing Club Fléchois