Les équipes européennes ont bien tenté de les faire douter. Aucune n’est parvenue à les renverser. Pas même la France, éliminée en quarts de finale de son Mondial.
C’était la bonne année
Historiquement, le mondial sourit rarement au pays organisateur. L’Allemagne en 2011 ou les Etats-Unis en 2003 peuvent en témoigner. Mais cette année semblait être la bonne pour les Françaises, qui ont bénéficié d’un énorme soutien populaire durant la compétition. Les joueuses françaises formaient incontestablement l’un des plus beaux effectifs du mondial et les résultats de leurs matchs depuis un an parlaient en leur faveur. Las. Non seulement les Bleues sont à nouveau apparues inhibées en phase de groupe et lors du huitième -exception faite du match d’ouverture- en plus elles n’ont pas réalisé d’exploit. L’exploit, c’était face aux Etats-Unis qu’il fallait le signer. Elles en ont été incapables. Parce qu’il manquait quelque chose, de la réussite, des joueuses plus tranchantes et une projection plus rapide… Toujours est-il que le mondial des Bleues s’est arrêté tôt. Bien trop tôt.
L’occasion était si belle. Une Allemagne pas rayonnante, un Brésil ou un Japon éliminé tôt, une Australie qui déçoit comme le Canada… et des équipes européennes à la portée des Bleues. Meme ces États-Unis là n’étaient clairement pas imbattables. Pas aussi dominateurs que par le passé. Les joueuses de Corinne Diacre le savent. Les regrets sont immenses car avec la progression des sélections, les coupes du monde seront de plus en plus difficiles à gagner. Et les Françaises pouvaient faire mieux.
Une stagnation, pas une progression
La France pouvait faire mieux, elle le devait même. À chaque compétition, le même constat surgit. Cette sélection, classée 3e ou 4e à la Fifa, ne tient jamais son rang. Mis à part en 2011, avec une superbe 4e place, et aux JO 2012, terminés au même rang, les Bleues n’y arrivent pas. Muettes dans les grands matchs, les joueuses françaises cumulent les échecs. Euro 2013. Mondial 2015. JO 2016. Euro 2017. Et désormais mondial 2019. La France donne l’impression de ne pas apprendre de son passé et de ne pas adapter sa stratégie en fonction de l’opposition. En clair, elle ne donne pas l’impression d’avancer. Alors que des objectifs sans cesse plus élevés sont mis en place, et cette année la finale était à viser, la sélection tâtonne. Les changements de sélectionneur n’y font rien. Et ce résultat est terriblement frustrant. Depuis huit ans, la France stagne. Ne franchit pas le palier qu’elle doit gravir. Et reste à quai. Désormais, les espoirs de résultats sont devenus faibles. Et l’équipe ne sera pas qualifiée pour les prochains Jeux Olympiques.
Une belle génération s’en va
Certes, de superbes joueuses arrivent et les sélections de jeunes sont belles. En plus ce mondial va donner envie à de nombreuses jeunes filles de se lancer. Toutefois cet échec sonne peut-être la douche froide pour de nombreuses stars françaises. Camille Abily, Louisa Necib, Elodie Thomis, Marie-Laure Delie, Laure Boulleau, Laura Georges, Corinne Petit, Jessica Houara d’Hommeaux… Une part de la grande génération des Bleues a déjà quitté les terrains. Et dans quatre ans, c’est une partie importante de l’effectif actuel qui risque d’avoir pris la même décision. Elise Bussaglia aura 37 ans. Sarah Bouhaddi, 37 ans. Wendie Renard, 33 ans. Amandine Henry, 34 ans. Eugénie Le Sommer, 34 ans. Gaëtane Thiney, 37 ans.
Evidemment d’autres joueuses vont émerger et certains talents actuels des Bleues, de Griedge M’Bock à Delphine Cascarino en passant par Grace Geyoro, seront encore là dans quatre ans. Pourtant, le mélange actuel d’expérience et de jeunesse qu’on trouvait en équipe de France semblait l’alchimie parfaite. Et les dernières représentantes de la génération dorée des Bleues, qui a obtenu les meilleurs résultats de l’histoire de la sélection, vivent certainement leurs dernières années de carrière. Ce mondial 2019 devait être leur mondial. Il ne restera qu’un énième mauvais souvenir. Rageant.
Jérôme Flury
Photo : Anne-Sophie Lecouflet