Justine Rougemont est depuis 2017 le pilier inamovible de Metz, hormis une saison où elle était retournée dans son Nord natal. Revenue en Lorraine, elle nous parle de la lutte pour le maintien, qu’elle mène en tant que capitaine.
Vous êtes née dans le Nord, mais cela fait des années que vous jouez à Metz, pourquoi ?
Je suis venue ici parce qu’à l’époque, cela faisait déjà un an que Metz m’avait contacté mais je voulais d’abord terminer mes études, étant engagée dans une Licence. A ce moment là, j’évoluais en DH, nous étions descendues, je me suis dit, pourquoi pas essayer Metz et ce nouveau challenge. Je n’étais jamais vraiment sortie de ma région à l’époque. En arrivant ici, tout s’est très bien passé et nous avons fait une super année en montant en D1. J’ai eu envie de rester puis je me suis attachée au club. Metz a grandi ces dernières années, essayant de mettre des choses en place pour ses féminines. Je suis partie un an, mais j’ai fini par revenir.
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Vous retrouvez des similitudes entre votre Nord natal et la Lorraine ?
Le Nord, c’est vraiment particulier, je ne sais pas si j’arriverai à retrouver une région comme dans le Nord, c’est très familial et accueillant. Après, si je me sens bien à Metz, c’est parce que j’y trouve des similitudes. C’est un club qui sait être à l’écoute des joueuses. Dans l’état d’esprit, on ne lâche jamais rien.
« Metz est un club qui sait être à l’écoute des joueuses »
Quand vous êtes arrivée à Metz, vous n’aviez aucun repère ?
Il y a une fille qui est arrivée en même temps que moi et que je connais depuis des années parce qu’elle habite à cinq minutes de chez mes parents (Maureen Bigot). Après, je connaissais Angélique Roujas qui était ma coach de pôle à Clairefontaine. Maintenant, bien sûr, je connais tout le monde au club.
La montée dès votre première saison en 2018 a été un déclencheur dans votre carrière ?
Quand on passe de DH à D2 et qu’on a du temps de jeu, forcément on a envie de progresser et quand on se sent bien dans un club, on n’a pas besoin de partir. Au-delà du football, c’est important de se sentir bien dans sa tête, bien dans le lieu où on habite.
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Vous êtes repartie à Lille en 2022… Pour revenir un an après. Pourquoi ce retour dans le Nord puis ce retour en Lorraine ?
Je pensais avoir atteint la fin d’un cycle, la dernière saison ne s’était pas très bien passée, j’avais besoin de changement. Partir m’a fait du bien car le fonctionnement était différent à Lille et quand on est installée depuis cinq ans dans un club et qu’on arrive dans un nouvel effectif, évidemment qu’on n’a pas la même importance. Cela m’a fait du bien de partir… et de revenir !
« Cela m’a fait du bien de partir…
et de revenir ! »
Vous êtes capitaine à Metz, quelles attitudes adoptez-vous dans ce cadre avec vos coéquipières ?
J’essaie de guider au mieux, mais je ne suis pas quelqu’un qui parle énormément. Je pense que j’essaye d’être une leader exemplaire, ce qui n’est pas toujours facile en étant quelqu’un d’impulsif (sourire). Je travaille là-dessus et je dois aussi être en mesure de fluidifier le lien entre le staff et les joueuses, la communication.
Quel est votre avis sur le collectif actuel à Metz, la marge de progression est grande ?
Nous avons des jeunes de talent, maintenant, sur le début de saison, notre fougue, notre envie de marquer nous a peut-être coûté des points. Parfois, il vaut mieux conserver le score… Nos joueuses ont forcément une grande marge de progression et c’est aux anciennes de les guider.
Bien que mal-classées, vous ne subissez jamais (hormis Toulouse) de défaites de plus d’un but d’écart, c’est frustrant ou encourageant car vous n’êtes pas loin d’y parvenir ?
Un peu des deux. Frustrant, forcément, car nous n’avons pas toujours mérité nos défaites, mais c’est le football. Si nous ne sommes pas efficaces dans les deux surfaces, cela se paye cash. Mais nous n’avons jamais pris de gros scores, on va attaquer la deuxième partie de saison avec l’envie de faire beaucoup mieux et de remonter au classement.
L’Arkema Première Ligue vous manque ?
Si j’ai l’opportunité un jour de retourner en D1, pourquoi pas, pour l’heure je me concentre sur l’objectif du maintien. Cette Seconde Ligue n’est déjà plus la D2 d’avant, le niveau est bien plus relevé.
Quand on joue le maintien pendant plusieurs saisons, avez-vous une astuce pour conserver sa fraîcheur mentale dans des semaines parfois difficiles ?
Il faut savoir profiter des instants hors du foot, s’aérer l’esprit en faisant d’autres choses. Profiter aussi quand on peut rentrer, voir ses proches, j’ai souvent mes parents qui viennent me voir. L’important, c’est de ne pas rester chez soi et ruminer. Il faut aussi partager des moments hors foot avec les filles de l’équipe, pour continuer à avoir envie de se battre. Moi, je ne lâcherai jamais !
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photos ©Mathilde Durney