Cette année, le foot féminin français fête ses 50 ans. L’occasion de revenir sur les grandes dates qui ont fait l’histoire de la discipline. Ce premier épisode est consacré au club Fémina Sport, à l’origine d‘une rencontre opposant deux équipes parisiennes en 1917.
Le 30 septembre 1917, deux équipes du Fémina Sport s’affrontent à Paris. Si les détails du match sont peu connus, nous savons que c’est l’équipe de Thérèse Brulé qui s’est imposée 2 à 0 face à celle de Suzanne Liébrard. À l’époque, l’évènement avait été relayé par le quotidien L’Auto qui n’est autre que l’ancienne version du journal L’Équipe.
Le Fémina Sport, fondé en 1912, est un club omnisport féminin qui a joué le rôle de pionnier dans l’émergence de la pratique en Hexagone. Il fait connaître ce sport dans la région parisienne, principalement dans les milieux populaires. Les joueuses ont ensuite parcouru le territoire afin de défendre l’idée que les femmes aussi aiment le foot. Plusieurs équipes font alors leur apparition et une Fédération des sociétés féminines sportives de France est créée à l’initiative d’Alice Milliat, qui sera par ailleurs à l’origine des Jeux Olympiques Féminins (1922). Cette Fédération va organiser un Championnat féminin en 1918, une première mondiale.
Après la Première Guerre mondiale, le football féminin devient donc légitime. Les clubs parisiens qui participent à ce championnat fondateur se font de plus en plus nombreux. En 1919, deux équipes et deux sociétés y prennent part. L’année d’après, ils sont rejoints par deux autres équipes. Outre le Fémina Sport, nous retrouvons : En Avant, Ruche sportive féminine et Sportives. Très rapidement, à partir de la saison 1920-1921, cette compétition s’ouvrira aux clubs de province. Ce premier Championnat de France va exister de 1919 à 1932. Il servira de catalyseur.
Durant cette période, le Fémina Sport domine outrageusement les débats, avec pas moins de 11 titres remportés en quatorze éditions. Surtout, le club est une figure de proue du football féminin à travers l’Europe. Elles vont même jusqu’à disputer une série de matchs en Angleterre en 1925 qui les amènera à Stamford Bridge.
Les clubs profitent de l’engouement suscité par les joueuses et du climat favorable de l’entre-deux guerres pour bâtir à leur tour des sections féminines. Ainsi, l’essor de la discipline devient peu à peu comparable à celui que connait l’Angleterre.
Mais à la fin de la guerre et avec le retour des soldats, le football féminin a été progressivement critiqué, dénaturant les femmes selon ses détracteurs. En avril 1933, la FSFSF l’a radié officiellement de son organisation. Les rares tentatives pour la maintenir en vie sont restées vaines, à l’image d’une Ligue de Paris qui organisait un championnat exclusivement réservé aux clubs de la capitale avant de s’éteindre prématurément en 1937. Sa pratique a ensuite été « vigoureusement interdite » par le gouvernement de Vichy en 1941. Le football féminin ne renaîtra véritablement qu’à la fin des années 1960, grâce à une poignée de femmes déterminées.
Mickaël Duché
Photo de Une : Les joueuses du Fémina Sport le 31 janvier 1921, au stade Elisabeth. ©BNF-Gallica