L’Équipe a publié un article concernant les salaires de l’Arkema Première Ligue. Depuis deux ans, les sommes se sont gonflées, mais le travail est encore long pour rattraper les championnats anglais, espagnol ou encore américain.
La comparaison avec son homologue masculin est tentante. Les deux premières divisions françaises, chez les hommes et chez les femmes, ont eu le droit à leur article aujourd’hui. Pourtant, une telle comparaison n’est pas utile. Que les footballeuses touchent moins que les footballeurs, c’est malheureusement une réalité. Que ce soit trois, cinq, ou dix fois moins, le problème reste le même. Ce qui est intéressant, c’est d’observer l’évolution des salaires au sein même du championnat et de voir son positionnement par rapport aux autres.
Une nette augmentation des salaires chez les cadors
Jean-Michel Aulas, président de la Ligue Féminine de Football Professionnel (LFFP), veut faire du championnat français le meilleur du monde. C’est d’ailleurs dans ce souci de professionnalisation qu’a vu le jour la LFFP. Pour ce faire, il faut que la première division française devienne attractive sportivement, mais aussi économiquement, avec des salaires attrayants.
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Côté salaire, ce sont l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain qui offrent le plus et qui dominent le classement. La joueuse la mieux payée du championnat est la Malawite Tabitha Chawinga. La Lyonnaise touche 80 000€ brut mensuel (hors éventuelle prime). A titre de comparaison, en 2022, c’est Kadidiatou Diani, alors parisienne, qui est première de ce classement, en touchant 37 000€. En l’espace de trois ans, le plus gros salaire de l’élite française a donc doublé.
Sur le top cinq des salaires les plus élevés d’Arkema Première Ligue, ils ont quasiment tous doublé. Il n’y a pas que les nouvelles recrues qui ont le droit à une hausse de salaire, puisqu’on voit qu’au sein du championnat en lui-même ils sont revalorisés. Wendie Renard a vu son salaire bondir de 13 000€ en restant à Lyon. Dans un autre registre, Kadidiatou Diani enregistre une hausse de 23 000€ sur le sien lors de son transfert à Lyon.
Une vision en trompe l’œil du championnat
Si pour les cadors du championnat, tout va bien et les salaires augmentent, ce n’est pas une généralité. Sur les douze équipes qui composent le championnat, Lyon et Paris sont les seuls clubs dont les salaires mensuels moyens dépassent la barre des 10 000€. Le troisième club, le Paris FC, est loin derrière avec « seulement » un salaire moyen à 3000€.
Le salaire moyen lyonnais est quasiment 13 fois plus élevé que celui de Guingamp, lanterne rouge de ce classement. Cet écart significatif entre les deux clubs est aussi le symbole de la double vitesse économique du championnat. Si entre 2022 et 2025, Lyon a vu le salaire moyen de son effectif bondir de 8 000€, pour Guingamp, ça n’a pas bougé. Il y a trois ans, les Bretons étaient déjà à 1600€. De manière générale, les augmentations par club restent faibles : Dijon est passé de 2000€ à 2200€ ; Montpellier de 2600€ à 2755€… Même le Paris FC qui concurrence cette saison son voisin de la capitale, n’a vu une augmentation que de 300€, passant de 2700€ à 3000€.
Dans ces conditions, le championnat reste encore loin de ses concurrents qui en sont à instaurer des salary cap et des minimums salariaux. Cela explique pourquoi de nombreuses joueuses partent vers les championnats étrangers.
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Monter un projet solide prend du temps
Alors, à quoi est dû cet écart entre les équipes et comment expliquer le retard pris ? Tout d’abord, il y a le statut du championnat. Si la France possède la LFFP depuis à peine un an, en Angleterre, son équivalent a vu le jour en 2017. Outre-manche, ce sont donc sept ans d’avance qu’ils ont. Des pistes sont également à l’étude, pour permettre de ramener plus d’argent dans les caisses. À commencer par le projet de coupe de la Ligue, qui devrait faire l’objet d’un contrat de naming. Il y a aussi le contrat signé avec Canal+ jusqu’en 2029 qui peut rapporter de l’argent… Pas d’inquiétudes dans les hautes sphères donc, mais le besoin de travailler vite et bien pour atteindre l’objectif fixé par Jean-Michel Aulas.
Axel Piotet
Photo : Paris Saint-Germain