Le Club athlétique Villers-Semeuse (Ardennes), club évoluant en Régional 1, a publié un communiqué ce lundi dans lequel il dénonce le forfait de son équipe féminine, prononcé par la Ligue, à cause de la « grossesse d’une de ses joueuses ».
Le Club athlétique Villers-Semeuse (CAVS) dénonce « une injustice ». Et ses joueuses, révoltées, se considèrent comme des victimes incomprises. Car l’équipe féminine du club des Ardennes, évoluant en régionale 1, ne pourra plus jouer la fin de son Championnat. Elles sont déclarées forfait général à la suite d’une décision de la ligue du Grand Est. « Ce forfait trouve ses origines dans le refus de prise en compte d’un certificat Covid-19 positif. Émanant d’une joueuse de retour suite à une grossesse », dénonce le CAVS dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
« Une grossesse de joueuse = équipe exclue »
Après plusieurs matches reportés à cause de la pandémie, le Club athlétique Villers-Semeuse déclare une première fois forfait cette saison pour un déplacement à Troyes, le leader, en février dernier. Il est alors pénalisé par une défaite sur tapis vert (3-0), et n’a plus le droit de louper un match. Car le règlement est clair : deux forfaits dans la saison se traduisent par un forfait général de l’équipe.
Mais quelques semaines plus tard, quatre joueuses du CAVS et leur entraîneur sont testés positifs au Covid-19 le jour d’un match face à Montigny Metz. Comme l’exige le règlement, le club des Ardennes transmet les certificats des tests à la Ligue dans les délais impartis. Un des documents est cependant invalidé par la Ligue car une des joueuses ne ferait « pas partie du groupe ». En réalité, celle-ci a effectué la préparation de la saison avec l’équipe avant de se retirer temporairement parce qu’elle était enceinte.
« Le traitement du football féminin est fou. Comment peut-on nous pénaliser pour la grossesse d’une joueuse souhaitant prendre soin de sa vie. C’est une joueuse avec une licence qui a fait la préparation avec le groupe. Elle avait juste décidé de s’occuper de sa grossesse. Mais elle fait toujours partie du staff de l’équipe féminine », s’est justifié auprès de Footeuses Olivier Laurant, le président du club.
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Pour le directeur de la ligue, Olivier Studer, l’institution régionale n’a pas eu le choix. Et cela n’a rien à voir avec la grossesse d’une joueuse. « Le plus haut niveau de ligue régionale impose un certain respect de l’équité sportive, garantie par l’application des règlements », explique le responsable à nos confrères de France 3. « Depuis la reprogrammation, il y a eu deux matches supplémentaires auxquels cette équipe féminine a été absente. Donc la commission a restatué la semaine dernière sur les nouvelles absences liées à la programmation », conclut-il.
Un calendrier difficile à tenir pour l’équipe féminine
Après avoir fait appel, le CAVS obtient gain de cause et la reprogrammation des matches non-joués. Mais impossible pour lui de respecter le « calendrier démentiel » imposé, avec quatre matches en huit jours, à des centaines de kilomètres les uns des autres. « C’était tout simplement impossible, car notre effectif est composé de mères de famille, d’étudiantes et de salariées » enchérit Olivier Laurant. « La ligue est tenue de faire jouer les matches en retard avant les deux derniers journées. Nous, on avait proposé que les matches qu’on ne pouvait pas jouer soient perdus sur tapis-vert. Mais pas de nous acter un forfait général. »
Le Club athlétique Villers-Semeuse (CAVS) souhaite désormais que le règlement évolue en tenant compte qu’une joueuse peut tomber enceinte dans une saison. Et que sa grossesse ne doit pas pénaliser toute l’équipe féminine. « Les filles se sentent victimes. Elles sont combatives et ont un sentiment de révolte et d’injustice. On se remue, il faut avancer sur ses questions. Il faut une jurisprudence sur les grossesses. » De son côté, la ligue du Grand-Est invite le club à refaire appel.
Clément Gauvin
Photo © Club athlétique Villers-Semeuse