Meneur d’hommes ayant brillé à la tête de diverses sélections, le Français Hervé Renard s’attaque à un immense défi en arrivant à la tête de l’équipe de France féminine, peu sereine à quelques mois du Mondial 2023. Pas de quoi l’effrayer.
Son nom « claque » sur la planète football, encore plus depuis le dernier Mondial masculin. Mais c’est bien dans le monde du football féminin qu’il s’apprête désormais à résonner. « Renard », les Bleues connaissaient déjà, avec leur capitaine, Wendie, à l’origine de la fronde collective de février qui a débouché sur le limogeage de Corinne Diacre. Désormais, c’est avec le tout aussi iconique Hervé Renard (sans lien de parenté avec la joueuse) que l’équipe de France féminine va composer.
Sur des bancs en Angleterre, au Vietnam, en Algérie
L’entraîneur a largement fait ses preuves depuis le début de sa carrière. Il a fait la Une des médias après le succès de l’Arabie Saoudite, sa sélection, contre l’Argentine en décembre dernier. Mais ce faiseur de miracles n’en était pas à sa première. L’homme de 54 ans a un parcours détonant derrière lui. Ton grave et posé, chemise blanche aussi souvent visible que son sourire, l’ancien défenseur a un charisme naturel.
Pourtant, le coach est passé par des moments très difficiles. Comment celui qui s’est retrouvé au chômage après une expérience manquée à Cambridge en 4e division anglaise en 2004 a-t-il pu faire triompher la modeste sélection de Zambie à la Coupe d’Afrique des nations huit ans plus tard ? Ce fait d’armes est peut-être son plus glorieux. Passé brièvement par Nam Dinh au Vietnam en 2004, par Cherbourg de 2005 à 2007 puis déjà par la Zambie en 2008-2010, Hervé Renard a aussi été adjoint du Ghana, a entraîné l’USM Alger (Algérie) et a été quelques mois sur le banc de l’Angola.
Une mission impossible avec Sochaux, deux titres à la CAN
En 2013-2014 il se révèle à une partie des observateurs de Ligue 1 française alors qu’il rejoint le FC Sochaux en octobre. À la tête d’une institution en péril, il persuade l’ensemble du club que le maintien reste possible. Et cela malgré 11 points à la mi-saison. 7e de la phase retour, le FC Sochaux et ses recrues estampillées de la patte de leur coach (les Zambiens Sinkala, Sunzu ou le Ghanéen Jordan Ayew) ratent cependant leur « finale » contre Evian (défaite 0-3).
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Hervé Renard retourne en Afrique. Il mène cette fois la Côte D’Ivoire à la victoire en Coupe d’Afrique des Nations, devenant le premier homme à remporter deux éditions avec deux sélections différentes. Si cette faculté à mener des collectifs vers un succès sur une compétition se vérifie, l’entraîneur est cependant ensuite en difficulté lors de son expérience sur le banc du LOSC. Il n’y restera que six mois avant… de repartir en Afrique.
« Je suis insatisfait de nature »
Depuis, Hervé Renard a réalisé l’un « des rêves de sa vie ». Deux fois même, puisqu’il s’agissait de prendre part à une Coupe du monde et qu’il a dirigé le Maroc en 2018 et l’Arabie Saoudite en 2022. Sans s’extraire des poules.
Le Français a une faculté rare à fédérer ses collectifs. Jordan Ayew n’avait pas hésité à rendre un hommage marqué à son coach après un succès sochalien en 2014. Fondant en larmes, il lâchait qu’il devait lui « rendre sa confiance ». Pourtant, l’homme à la chemise blanche est capable d’être très exigeant avec ses joueurs. « Je suis perfectionniste. Je dirais… insatisfait de nature », expliquait celui qui insiste toujours sur l’importance qu’a sa mère dans sa vie. Cette dernière n’avait pas hésité à cumuler les jobs pour assurer une meilleure jeunesse à son fils unique. Lorsqu’il en parle, l’entraîneur a souvent des larmes dans les yeux.
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Ce retour en France peut surprendre alors qu’il était sous contrat avec la Fédération d’Arabie Saoudite jusqu’en 2027. De plus, il n’a jamais été à la tête d’une équipe féminine. Les attentes seront grandes, alors que les incertitudes sont colossales actuellement pour l’équipe. Entre les joueuses qui ont pris leurs distances et celles qui sont blessées, le casse-tête est grand à moins de quatre mois du Mondial. Cela tombe bien, il adore relever des challenges. La première liste de celui dont le contrat court jusqu’en août 2024 sera très attendue.
« Tu vas nous porter chance », glissait Hervé Renard à Wendie, en la rencontrant avant un Sochaux-Nice capital pour le maintien en 2014. Sochaux s’était imposé 2-0. Parfois, il y a des signes comme cela…
Jérôme Flury
Photo © Hervé Renard