Après la débâcle initiale face à l’Angleterre, l’équipe de France a su rebondir dans cette She Believes Cup 2018. Cette fois pas de trophée et de nombreuses choses restent à régler, mais diverses bonnes nouvelles nous poussent à un optimisme – toutefois mesuré.
Alors bien sûr il y a eu ce naufrage collectif face à l’Angleterre. Cette lourde défaite 4-1 dès l’entrée du tournoi qui a donné « un sentiment de honte » à la sélectionneuse. Cette défaite, en tout cas de cette ampleur, était inattendue et a servi d’électrochoc. Mais les bleues ont su rebondir. Ainsi elles n’ont pas perdu le second match face aux Américaines, qui sert toujours un peu de référent. Si c’est peut être surtout un exploit individuel de Le Sommer qui offre le nul aux bleues, c’est avant tout leur abnégation collective et leur application en défense qui a permis à la France de ne pas sombrer une deuxième fois d’affilée. Le mot affiché par joueuses et médias à l’issue de ce match fut celui de « réaction ». Enfin, les tricolores ont terminé leur tournoi en beauté en infligeant un 3-0 à l’Allemagne, un vrai bon résultat comme on n’en avait pas eu depuis des mois. Au final, 5 buts inscrits, 5 encaissés, une défaite, un nul et une victoire et une impression générale pas si mauvaise. Bien sûr les bleues ont perdu leur titre. Mais il peut être utile de rappeler qu’il y a deux ans, elles finissaient bonnes dernières de la première édition de ce tournoi sans avoir gagné un match…ni même inscrit un but.
Le retour de Thiney
Camille Abily est partie mais les joueuses d’expérience sont toujours là. Parmi celles-ci Laura Georges (188 sélections), Eugénie Le Sommer (150 sélections) mais aussi Gaëtane Thiney qui, un temps écartée de l’équipe de France, compte tout de même 143 capes. Une Gaëtane Thiney qui avait à cœur de revenir en bleue comme elle l’expliquait dans un entretien le 12 janvier dernier : «Je me fixe l’objectif d’y retourner, donc j’essaye d’être performante ». Un souhait réalisé puisque Gaëtane a été appelée pour la première fois par Corinne Diacre afin de participer à la compétition aux Etats-Unis. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas venue faire de la figuration. Seulement remplaçante lors du premier match, elle a sauvé l’honneur des bleues lors de la défaite face à l’Angleterre en marquant le dernier but du match (4-1). Titulaire lors des deux rencontres suivantes, la joueuse du Paris FC a fait du bien au jeu des bleues et sa qualité a souvent ammené des situations intéressantes côté français. Impliquée sur les trois buts face à l’Allemagne, elle signe notamment une superbe passe décisive en début de seconde période. En bref Gaëtane a beaucoup apporté durant ces trois matchs et son expérience en fait l’une des leaders de ce groupe. Toujours au top de sa forme avec neuf buts en championnat cette saison, la capitaine du PFC affirmait il y a peu « Il y a une coupe du monde en France et je vais tout faire, non pas pour aller à la coupe du monde, mais pour y être performante. » C’est tout le mal qu’on lui souhaite
Un collectif 5 étoiles
Sur le papier surtout, cette équipe de France reste toujours alléchante. La qualité est présente à chaque ligne, à commencer par la gardienne Sarah Bouhaddi qui est installée depuis longtemps chez les bleues. Titularisée lors des deux derniers matchs, elle vient de boucler sa 129è rencontre internationale. Et elle fait partie des meilleures à son poste. En défense, Griedge MBock Bathy Nka, à seulement 22 ans (!) compte déjà 41 sélections, un (très) joli palmarès et une reconnaissance à son poste. Sur le côté inutile de présenter Amel Majri, élue meilleure joueuse de D1 en 2016 qui constitue un danger constant de par son activité incessante. Au milieu Amandine Henry la capitaine mais aussi Gaëtane Thiney sont des joueuses précieuses et réputées tandis que sur le front de l’attaque c’est Le Sommer la superstar. De plus, les nouvelles joueuses lancées par Diacre ainsi que celles qui prouvent match après match leur qualité – Grace Geyoro notamment- font de cet effectif une constellation d’étoiles. Gauvin, Torrent, Karchaoui, Asseyi, Diani sont autant de joueuses talentueuses qui complètent cette belle équipe.
Les absentes
L’effectif présent à la She Believes Cup est donc intéressant. Or, il l’est encore plus lorsque l’on regarde les ‘absentes’ de cette liste. Wendie Renard, l’une des meilleures défenseures du monde, est bien évidemment une titulaire indiscutable de la sélection et reprendra son poste à son retour. Quant à celles qui n’ont pas été retenues en Equipe de France A…elles ont marqué des points chez la réserve ! En effet, la sélection B a remporté haut la main l’Alanya Cup (Turquie) grâce notamment à des prestations abouties de Claire Lavogez et de Delphine Cascarino, buteuse en finale et meilleure buteuse du tournoi. Parmi les joueuses composant l’équipe victorieuse en Turquie on retrouve également Annaïg Butel, Charlotte Bilbault, Kenza Dali, Clara Matéo ou encore Cissoko, Lorgeré, Corboz, Jaurena, Ali Nadjim… Autant de joueuses qui rêvent peut être du mondial 2019…
Enfin, outre les absentes ou les écartées, notons aussi que les jeunes U20, en préparation actuellement, peuvent aussi candidater à la coupe du monde l’année prochaine. Marie Antoinette Katoto fait par exemple figure de potentielle sélectionnable… En bref, il y aura beaucoup de prétendantes pour peu de places l’an prochain.
Une équipe type qui se dessine
Corinne Diacre s’est vu reproché par une partie du public ses trop nombreux changements et tests. Mais cette fois entre le match face aux Américaines et celui face aux Allemandes, aucun mouvement n’était à signaler. Preuve qu’un 11 type commence à émerger ? Quoi qu’il en soit, la route est encore longue mais la prestation face à l’Allemagne a donné un signal encourageant. Les Françaises ont réalisé de bons mouvements et on peut espérer que les automatismes continuent à se développer prochainement.
Bien évidemment, tout n’est pas parfait. Les Françaises ont remporté leur unique match face à une équipe qui semble clairement en perte de repères. Les blessures de Faustine Robert et d’Aïssatou Tounkara sont tout sauf une bonne nouvelle, surtout après les belles prestations de la défenseuse du Paris FC. Le parcours sera long et semé d’embûches mais toutefois les bleues repartent de cette compétition sur une bonne note. Il aurait été bon de ne pas perdre du tout. Mais il est peut être meilleur de démarrer par une défaite et de conclure par une victoire que de suivre la trajectoire inverse. A poursuivre sur cette lancée !
Jérôme FLURY