Les footballeuses d’Afghanistan et les équipes de jeunes ont dû fuir le pays pour se réfugier en Australie au Portugal ou encore au Pakistan après la prise de pouvoir des talibans le 15 août.
Lors de leur première prise de pouvoir, de 1996 à 2001, les talibans avaient interdit aux femmes et aux jeunes filles de pratiquer un sport et d’assister aux rencontres de football. Forcément, le retour de ce mouvement islamiste sur le devant de la scène politique vingt ans plus tard a été source d’angoisses pour des centaines de footballeuses à Kaboul et partout ailleurs.
« Il n’a jamais été facile pour une femme afghane d’être une athlète en Afghanistan mais là ça devient dangereux et elles peuvent être tuées. »
Menacées, vivant dans une situation dangereuse, des dizaines d’entre elles avaient été évacuées par l’Australie dans les jours qui ont suivi la prise de Kaboul, le 15 août. En tout, près de « 75 joueuses et quelques membres de leurs familles ont quitté l’Afghanistan », avait alors détaillé Khalida Popal, ancienne capitaine de la sélection nationale et qui avait participé à l’évacuation. Selon elle, certaines Afghanes avaient été battues ou avaient entendu des coups de feu lors de leur fuite.
L’avenir du football féminin afghan en péril
Sept semaines plus tard, la situation des joueuses en exil – et in fine l’avenir de l’équipe nationale – est plus qu’incertaine. La capitaine Shabnam Mobarez, qui vit aux États-Unis, a donné de leurs nouvelles ce mardi : « C’était une expérience traumatisante de sortir du pays. Maintenant, elles essaient de s’habituer à cette nouvelle vie normale. Elles sont sous le choc parce qu’elles ont laissé leurs familles et leurs amis derrière elles. »
Shabnam Mobarez s’est montrée très inquiète : « L’équipe a vécu tellement d’expériences terrifiantes dans le passé… Il n’a jamais été facile pour une femme afghane d’être une athlète en Afghanistan. Cela me brise le coeur qu’elles se soient battues dans tant de petites batailles, et maintenant c’est presque comme si le jeu était terminé. Cela devient dangereux et elles peuvent être tuées. »
Les équipes de jeunes au Portugal
Des dizaines de jeunes footballeuses afghanes, âgées entre 14 et 16 ans, ont quant à elle trouvé refuge au Portugal où elles ont été accueillies avec leur famille après plusieurs tentatives manquées de fuir le pays en août. Une mission de sauvetage, appelée « L’Opération Soccer Balls », a été menée par une coalition internationale dirigée conjointement par les États-Unis et le Portugal.
Cette mission a permis l’évacuation de 80 personnes, dont 26 membres des équipes de jeunes ainsi que des adultes et d’autres enfants, y compris des nourrissons. Les jeunes filles ont retrouvé les terrains près de Lisbonne et ont affronté les jeunes de Benfica en amical.
« Je sais à quel point elles ont traversé des moments difficiles. »
Elles ont même reçu la visite de l’une des capitaines de l’équipe senior, Farkhunda Muhtaj, qui vit au Canada et qui a fait le voyage début octobre pour leur apporter du matériel et diriger les premières séances d’entraînement. « Elles sont tellement dévouées, elles ont été si résistantes, je sais à quel point elles ont traversé des moments difficiles », avait-elle clamé.
L’équipe féminine juinior au Pakistan
Le Pakistan, pays frontalier, a également joué un grand rôle en acceptant d’accueillir sur son sol l’équipe féminine junior d’Afghanistan un mois après la prise de pouvoir des talibans. « Nous souhaitons la bienvenue à l’équipe afghane de football féminin », a salué Fawad Chaudhry, le ministre pakistanais de l’Information, dans un message publié sur twitter mercredi 15 septembre.
Cette fois, ce sont plus de 75 personnes (joueuses, entraîneurs, familles) qui ont franchi la frontière avec le Pakistan -parées de burqas pour ne pas se faire repérer – avant de rejoindre la ville de Lahore où elles ont été reçues avec des guirlandes de fleurs.
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Mickaël Duché
Photo © Hummel