L’entraîneur de Vendenheim Nicolas Both fait le point sur le début de saison compliqué de son équipe et les évolutions en cours en D2. Longtemps club phare en Alsace, Vendenheim semble aujourd’hui dépassé par le Racing Strasbourg. Mais il n’y a aucune rivalité entre les deux équipes.
Nicolas Both, Vendenheim est un club qui depuis 2004 n’a pas connu autre chose que la D1 ou la D2, comment expliquer les difficultés actuelles, par la densification du niveau ?
C’est bien le fait qu’il y ait de plus en plus de bonnes équipes et que celles-ci sont de plus en plus fortes. Un coup d’œil aux effectifs engagés le montre.
Est ce que l’histoire du club (NDLR : un des fondateurs de la D1) est rappelée aux joueuses, est ce que cela peut motiver des recrues ou non ?
C’est en effet quelque chose que l’on présente aux joueuses, que l’on fait partie historiquement des grands clubs français. Après, nous partons du principe que les filles donnent toujours leur max, que ce soit pour un club local, un club historique, peu importe.
Il y a le bilan comptable et il y a le jeu. Vous êtes actuellement 12e au classement, que peuvent faire les joueuses pour changer cette situation ?
Tout bêtement, il faudrait que tout ce que nous faisons bien pour le moment soit plus automatique. Et à l’inverse, que nous raréfions nos erreurs. Parfois ce sont de petits manquements, mais ils se payent immédiatement. C’est une question mentale mais je ne dirai pas que ce soit juste de la concentration ou de la rigueur. Nous concédons trop d’occasions.
En quoi l’émergence du Racing Strasbourg a changé ou non des choses pour vous ?
Pas grand-chose finalement. Après, c’est certain que pour la joueuse régionale qui hésite entre les deux clubs, cela peut poser problème. Mais pour nous, cela a révélé surtout l’obligation de se mettre au niveau avec cette nouvelle équipe. Pour le moment, nous ne l’avons pas fait. En tout cas, il n’y a pas de rivalité. Je préfère finir derrière le Racing et me maintenir.
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Racing Strasbourg, Nantes, Le Havre, Saint-Etienne… Est ce que l’absence d’une structure professionnelle masculine est une limite pour le développement d’une équipe féminine ?
Je dirai simplement que l’absence d’une structure professionnelle tout court peut être un frein ! Après, il est vrai que lorsqu’une structure masculine est déjà en place, c’est plus facile. Nous pouvons prendre l’exemple de Juvisy (aujourd’hui Paris FC) qui était exclusivement féminin. Aujourd’hui l’ASJ Soyaux connaît aussi parfois des difficultés. Mais chez les hommes aussi quand on remonte un peu en arrière, on remarque que tout cela a beaucoup changé.
« Aujourd’hui il existe des différences entre hommes et femmes concernant les dotations en Coupe et les frais kilométriques. »
Plus globalement, manquez-vous de dotations de la part de la Fédération ?
Je ne dirai pas cela. En revanche, je donnerai deux exceptions : les dotations en Coupe de France qui sont différentes, ainsi que les indemnités kilométriques par rapport aux garçons. Mais je ne pense pas que ce soit à la Fédération de combler d’éventuels manques.
Est ce qu’il est devenu de plus en plus difficile de conserver les joueuses ou est ce que cela a toujours été le cas à Vendenheim ?
Je crois qu’aujourd’hui c’est dur pour tout le monde. J’ai l’impression que chaque année, il y a dix arrivées, dix départs dans chaque club. Parfois le fait que nous soyons un club non professionnel joue aussi dans ces mouvements.
Vous avez une équipe avec plusieurs locales mais c’est bien une Serbe, Sara Vranic, qui brille au sein de votre attaque, quelles sont ses principales qualités ?
En effet, elle est avec nous depuis quelques saisons déjà. Son principal atout est la vitesse, sa frappe aussi et puis c’est une fille qui a du caractère, qui est capable de réagir. Elle joue dans l’axe ou dans le couloir et compte 2 buts et 1 passe décisive pour le moment.
Même question pour Angelina Noël, qui à seulement 17 ans enchaîne les matchs. Est-ce un symbole de votre formation ?
Angelina a le parcours de certaines filles avant elle, en cela elle est certes un peu symbolique. Ce qui est surtout notable chez elle est son attitude. Elle avait peu joué les années précédentes, elle a été patiente. Nous lui avons expliqué qu’elle avait les qualités mais qu’il fallait attendre, ce qu’elle a fait.
« Ce qui est surtout notable chez Angelina Noël est son attitude. Elle a su être patiente. »
C’est aussi une joueuse qui a une formation de « foot de quartier », dans le sens où elle adore le jeu, quand elle tombe, elle se relève immédiatement. Elle n’a que 17 ans, si elle part plus tard pour le foot dans un club supérieur nous en serons ravis. Pour le moment nous sommes content de pouvoir compter sur elle.
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo ©2spseb