Une internationale française en R1, c’est plutôt rare, mais Marina Makanza (15 capes) n’a pas hésité à rejoindre l’AS Monaco football féminin cet été et s’est déjà illustrée avec un but décisif. Elle est revenue pour Footeuses sur sa carrière, les raisons de son arrivée ou encore les évolutions du sport ces dernières années.
Marina Makanza, pourquoi avoir décidé de signer à Monaco ?
Tout simplement, j’ai été séduite par le projet, qui est intéressant sur du moyen terme. Je suis plus en fin de carrière qu’en début et je cherchais un challenge sur du moyen-long terme pour finir sur quelque chose de concret et écrire une petite partie de l’histoire avec Monaco.
« Écrire une petite partie de l’histoire avec Monaco »
Avez-vous un regret de ne pas avoir fait une saison pleine à l’OM à cause de blessures ?
Non, pas du tout. C’est vrai que j’ai eu une fracture puis une autre blessure, je n’ai pas pu tout jouer mais Marseille est un bon club et j’ai été contente d’évoluer là-bas. Je n’y suis resté qu’un an mais cela a été une année enrichissante, j’ai pu aussi commencer là-bas mon double projet en travaillant dans le sponsoring.
D’un point de vue footballistique, cela ne s’est pas fait comme je l’aurais souhaité, à cause des blessures en partie, mais j’ai pu engranger de l’expérience dans un autre domaine et j’en tire une bonne expérience.
Est-ce que vous avez moins de pression en jouant désormais en R1 ?
Non, après il faut savoir que certes, c’est un club de R1, mais sur le niveau d’entraînement, on est quand même sur quatre entraînements par semaine, avec pas mal d’intensité, un staff technique complet, avec du travail physique supplémentaire, le préparateur étant dispo sur d’autres créneaux que les entraînements collectifs. Je n’ai pas rejoint Monaco avec l’idée de « redescendre » en R1 et faire du football loisir, au contraire.
« Je ne suis pas venue en R1 avec l’idée de faire du football loisir,
bien au contraire ! »
Comment jugez-vous l’équipe actuelle de l’ASMFF, qui sort d’une belle saison mais a connu quelques changements ?
C’est un bon groupe, assez jeune avec quelques joueuses d’expérience. La marge de progression est énorme. Sur le niveau R1, elles ont des capacités techniques, athlétiques au-dessus de la moyenne.
Rétrospectivement, quand vous regardez votre carrière, pensiez-vous jouer dans autant de clubs (10 dont Grenoble en Junior) et aussi longtemps ? Que vous a apporté cette aventure footbalistique dans votre vie ?
Quand je regarde en arrière… (Réfléchit) Je suis contente, surtout sur l’expérience en Allemagne (NDLR : Fribourg entre 2010 et 2013). En ayant un peu plus de recul, je suis contente d’avoir fait ce choix là, qui m’a un peu ouvert les portes de l’équipe de France.
Dans l’ensemble, j’ai pu faire beaucoup de clubs, voyager, rencontrer de nouvelles personnes… Avec toujours des réadaptations, où il faut apprendre de nouvelles méthodes de travail. Je trouve ça excitant en fait, de ne pas rester sur des habitudes quotidiennes.
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À 31 ans, on peut aussi penser à la suite, vous avez des projets ?
J’ai commencé à faire du sponsoring l’an passé et j’avais commencé aussi à distance sur la fin de saison avec Fleury une formation en marketing, via l’UNFP. En arrivant à Marseille, ils m’ont proposé d’engranger de l’expérience sur le terrain en parallèle de ma formation. J’ai aussi lancé ma marque de vêtements l’an dernier. J’ai des projets et le foot fait toujours partie de ma vie pour un moment.
Quels sont les objectifs sur le terrain ? Les blessures sont derrière vous ?
L’objectif commun est d’accéder au niveau supérieur, la D3. Cela va être une longue saison et il faudra rester focus. Cela fait déjà trois matchs et ce week-end nous avons un gros match face à Cannes, concurrent direct à la montée. Physiquement, je touche du bois, pour le moment tout va bien et beaucoup de choses sont en place au club sur la prévention des blessures.
15 sélections en équipe de France, c’est rare, vous en pensez quoi, vous auriez aimé un but ?
Oui, mais il n’y en a pas eu (rires), ce n’est pas grave ! Après, on peut toujours dire qu’il y aurait pu y avoir plus de 15 matchs mais je suis fière de cela.
Quels sont les plus beaux souvenirs de foot ?
La préformation à Clairefontaine, après mon passage à Grenoble. Sinon le championnat d’Europe U19 remporté en 2010. Et les JO 2012 à Londres. J’étais réserviste mais avec le groupe en permanence.
Quels sont les différences qui vous marquent le plus dans le football féminin entre vos débuts et aujourd’hui ?
Le nombre de licenciées, les transferts, les moyens mis à disposition. Cela n’a rien à voir. Quand j’ai commencé, il me semble que c’était en D3 à Claix, nous n’étions pas du tout sur les mêmes rythmes d’entraînements. La structuration et les organigrammes de clubs sont différents.
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo ©ASM Foot féminin