La très jeune attaquante du PSG féminin, prêtée cette saison au Dijon FCO, semble à l’aube d’une belle carrière. Ses débuts dans le foot, sa vision du poste d’attaquante, Océane Hurtré a répondu aux questions de Footeuses dans cet entretien.
Qu’avez-vous pensé en signant votre premier contrat pro au PSG ?
Énormément de fierté. C’est toujours gratifiant de signer dans son club formateur. Et c’est l’aboutissement d’un travail quotidien que je continue à produire.
Vous êtes née à Rennes, mais vous avez commencé directement au PSG. Pouvez-vous nous raconter vos premières années de foot ?
J’ai toujours été en région parisienne depuis petite. J’ai été à l’AS Poissy avec les garçons, après une année au PSG. Puis j’ai passé une saison à l’OL et j’ai fait mon retour au PSG. Après mon contrat signé cet été, je suis partie en prêt à Dijon. Mes parents se déplacent beaucoup et née à Rennes, je n’ai pas vécu en Bretagne.
Être “Titi” du PSG, ça implique quoi pour vous, cela colle une petite étiquette ?
Je pense que oui, le club compte sur nous pour les prochaines années. Avoir fait sa formation au PSG, c’est une bonne indication pour le futur. Cela nous donne peut-être une pression en plus, mais c’est bien de voir que les gens sont contents de voir des joueuses formées au club éclore au haut niveau.
Vous êtes très jeune, à vos débuts le foot féminin commençait à éclore médiatiquement en France, est-ce que vous avez des modèles parmi les joueuses ou vos modèles restent des joueurs ?
Je suis le football, mais je n’ai pas forcément de modèle. Bien sûr, ayant signé au PSG, jouer avec Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, c’est impressionnant au début.
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Au poste d’attaquante, il y a énormément de concurrence dans les clubs et sélections. C’est un facteur de motivation ?
Oui c’est motivant de pouvoir se confronter aux meilleures joueuses du monde. Cela nous donne des axes de progression pour arriver à leur niveau. L’espoir étant de leur succéder un jour.
Vous suivez beaucoup de football, vous n’hésitez pas à partager certaines choses sur twitter, comme une interview de Karim Benzema insistant sur la place trop grande donnée aujourd’hui aux statistiques dans le sport. C’est une passion ?
Complètement. Ce n’est pas une contrainte de regarder du football, c’est mon envie. J’apprécie regarder de tout, pas forcément que les plus grands matchs, pour développer ma culture footballistique. C’est vrai qu’aujourd’hui les statistiques sont très importantes pour beaucoup de personnes alors que certains joueurs sont très précieux sans avoir des stats énormes.
« Regarder du football est mon envie, jamais une contrainte ! »
Quels sont vos principales qualités à ce poste et de quelle manière préférez-vous jouer en attaque (associée à une autre buteuse, seule dans l’axe ?)
J’aime être soit en soutien de l’attaquante de pointe, dans l’axe. Ou parfois côté gauche, c’était plutôt ma position ces dernières années pour délivrer des centres. Ce sont deux rôles différents. Cette année, je suis beaucoup au milieu de terrain, ce qui me correspond bien pour pouvoir aider mes coéquipières offensivement. Concernant mes qualités, je pense à ma vision du jeu et mon pied gauche. Il y a peu de gauchères.
Cette saison avec Dijon, votre temps de jeu en D1 explose. Comment vivez-vous ce nouveau rôle ?
C’était mon objectif de la saison, de pouvoir découvrir la D1 Arkema. Je n’en avais joué que deux matchs avec le PSG. L’idée est de découvrir pleinement le championnat afin de jouer les meilleures équipes.
L’équipe marque peu. Pensez-vous qu’il y a des points en particulier sur lesquels vous pouvez vous améliorer ?
Il faut comprendre qu’on a une équipe très remodelée, il y a eu du recrutement cette année, on a un peu de mal à s’adapter mais nous travaillons chaque jour pour trouver les solutions. Aujourd’hui dans le football, les coups de pied arrêtés sont une arme à ne pas négliger. Nous avons ouvert le score contre Fleury de cette manière. Nous devons nous concentrer davantage et continuer les efforts pour trouver les automatismes.
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Vous enchaînez les rencontres entre France U19, club et France U20, c’est simple de jouer tous ces matchs ?
Au final, cela se ressemble un peu. En sélection, je retrouve beaucoup de filles avec qui j’ai joué dans ma formation. Après, il est clair que ce n’est pas toujours facile de s’adapter à de nouvelles joueuses, surtout que nous avons peu de temps lors d’un rassemblement, on essaie de faire au mieux.
Quels sont vos objectifs en club cette saison ?
En club, c’est de pouvoir grappiller des places, de finir 6 ou 7e, après sur le plan personnel c’est d’avoir du temps de jeu, de pouvoir aider l’équipe pendant mon prêt. Et que je sois une nouvelle joueuse en revenant au Paris SG.
Vous êtes accompagnée par un agent (cabinet de conseil : Rising Partners Agency). Comment fonctionne le suivi ? Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Comme ils sont à Paris et moi à Dijon, nous ne nous voyons pas beaucoup, après eux se déplacent pour venir voir toutes leurs joueuses évoluer. C’est une aide pour les contrats de sponsoring, et cela nous aide pour le futur. Nous savons que le football féminin ne va pas assurer notre avenir comme le football masculin. Je suis quelques formations à Dijon et des cours d’anglais cette année.
« Le premier entraînement avec le groupe parisien, c’était impressionnant ! »
Quel est votre regard sur vos coéquipières parisiennes ? C’est intimidant de se retrouver parmi ces stars mondiales ?
La première fois que je me suis entraînée avec le groupe professionnel, c’était impressionnant ! Ce sont des filles que je regardais à la télévision. Mais après, cela devient une routine et ce sont des personnes comme tout le monde, qui nous mettent à l’aise, sont là pour nous.
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Que gardez-vous aujourd’hui du Mondial U20, c’était un moment d’émotion intense…
Pour la plupart d’entre nous, c’était la première grande compétition. Avec du recul, nous avons vécu de très belles émotions, même si nous aurions préféré une autre fin. Cela a été une grande leçon, nous savons désormais comment aborder une compétition mondiale.
De manière générale, cette saison est potentiellement une année importante de votre vie, on est plus dans la confirmation que dans l’apprentissage ?
Pour moi, c’est une saison où je dois montrer mes qualités. J’ai la chance d’avoir du temps de jeu, c’est un moment clé dans la suite de ma carrière. L’envie sera de revenir au PSG plus forte, avec de l’expérience et en étant devenue une nouvelle joueuse.
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo ©Vincent Poyer/DFCO