Seule Française évoluant en première division australienne ces dernières années, Margot Robinne a pris le temps de répondre aux (nombreuses) questions de Footeuses en septembre dernier. Voici enfin la deuxième partie où elle s’amuse notamment de la proximité de son nom avec celui d’une actrice bien connue dans ce pays.
Vous qui connaissez l’ambiance ou l’état des pelouses pendant la saison, avez-vous été surprise par la qualité d’organisation de ce Mondial 2023 ?
La Ligue en Australie est professionnelle depuis plusieurs années, avec des critères minimums imposés aux clubs. En termes d’infrastructures, beaucoup de choses sont mises en place, pour qu’on soit dans les meilleures conditions possibles.Je n’ai jamais joué sur d’aussi bonnes pelouses. Il y a tout de même des villes qui n’ont pas de grosses infrastructures. C’était le cas d’Adélaïde où la France a joué le Maroc en huitièmes. L’ambiance était très calme.
Retrouvez la première partie de l’entretien avec Margot Robinne ici
Le sport national est un autre type de football, et la saison de championnat se jouait en même temps. Tous les plus grands stades du pays n’ont pas pu être réquisitionnés par la Fifa pour plus de deux mois. C’est l’exemple de Sydney qui a finalement changé de stade pour le match d’ouverture au vu de la demande.
Est ce que l’euphorie est rapidement retombée ou au contraire, vous avez observé des évolutions après cette Coupe du monde ?
Ils ont beaucoup parlé de l’héritage que pourrait laisser la compétition, ils l’avaient préparé aussi en amont. Une nouvelle équipe s’est intégrée à la Ligue professionnelle et plusieurs clubs ont annoncé que leurs abonnés ont atteint leur niveau record. Canberra atteint les 15 000 abonnés. La communication des clubs est bonne, les joueuses, les transferts, les matchs, tout est très bien présenté. L’entrée est gratuite aux matchs de championnat pour les filles de moins de 16 ans licenciées dans un club. La manière de présenter les choses est plus positive ici également. Les joueuses des Matildas sont très populaires, tout le monde ici les connaissait, savait qu’elles jouaient le Mondial.
Rétrospectivement, l’Australie en demi-finale… c’est énorme ou c’est logique ?
En plus elles étaient sorties tôt dans la Coupe d’Asie deux ans avant… Quand tu y penses, oui, c’est une forme d’exploit, quand tu regardes la composition d’équipe. Mais ici, ils ne le voient pas forcément comme cela, dans le sens où ils s’étaient tellement convaincus que c’était possible, avec leurs joueuses qui ont commencé à s’exporter en Europe depuis quelques saisons, qui fait qu’ils avaient confiance. Pendant la Coupe du monde, après avoir passé la phase de groupes, les supporters imaginaient déjà l’Australie aller en finale. « C’est tout droit », disaient-ils !
Toutefois, concernant les années à venir, l’Australie va peut-être avoir du mal à attirer les joueuses dans son championnat. Les championnats européens font rêver actuellement. La ligue ici se développe énormément, mais le niveau de vie aussi est élevé. Le salaire minimum fixé dans la ligue est de $25 000 pour 35 semaines. Les joueuses les plus anciennes se tournent parfois vers autre chose. Je commence personnellement à préparer l’avenir.
Nous nous permettons une question drôle pour finir, mais s’appeler Margot Robinne en Australie, ça ne débouche jamais sur des anecdotes improbables (NDLR : Margot Robbie est une des actrices les plus connues du pays) ?
Cela m’arrive souvent ! C’est devenu ma blague. La première fois où c’est arrivé, c’est en passant mon permis australien. Je vais à l’endroit où je dois m’enregistrer pour la carte grise en quelque sorte. J’arrive au guichet, la dame était super excitée, elle était super souriante et soudain se rend compte en me voyant qu’elle a lu le nom trop vite. Mais cela m’arrive vraiment souvent dès que je donne mon prénom, mon nom. C’est marrant !
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo ©Margot Robinne