Malgré un maintien obtenu sportivement en D2, l’US Orléans souhaite supprimer ses féminines pour des raisons économiques, au profit de son équipe masculine, dès la saison prochaine. La décision a été annoncée au staff et aux joueuses ce vendredi.
C’est un nouveau scandale dans le foot féminin « professionnel ». Un mois seulement après le cri de détresse des joueuses de Brest (D3), une autre équipe féminine est sacrifiée par sa direction. Cette fois-ci, il s’agit de l’US Orléans… une équipe faisant potentiellement partie de la future Ligue Féminine de Football Professionnel (LFFP) en juillet prochain. Pour allouer plus de ressources à l’équipe masculine dans sa quête de retour en Ligue 2, Cyril Courtin, le nouveau président du club, a pris la décision radicale de supprimer son équipe féminine professionnelle.
« Vous nous coûtez trop cher et vous ne rapportez rien »
Les joueuses d’Orléans croyaient avoir fait le plus dur. Réussir une nouvelle fois à se maintenir en D2 féminine en décrochant une courte victoire face à Thonon Evian le 12 mai dernier sur leur pelouse (2-1). Mais elles étaient loin d’imaginer ce que le club envisageait -et même espérait secrètement en coulisses- depuis plusieurs semaines : leur chute.
Car au lieu d’être célébrées, elles se voient punies. Sacrifiées par Cyril Courtin, arrivé à la présidence de l’US Orléans le 6 avril dernier, pour des raisons économiques. Le club, actuellement 10e en National chez les hommes, doit en effet trouver deux millions d’euros pour éviter une relégation administrative de son équipe masculine en National 2 suite à son passage devant la DNCG. Déjà en difficulté financière l’an passé, la trésorerie du club a été amputée par des dépenses imprévues cette saison, notamment 300 000 euros nécessaires pour remplacer la pelouse remplie de morceaux de verre du Stade de la Source. Pour l’ancien président du club, Philippe Boutron, la priorité lors de la vente du club était d’assurer une pérennité aux « 75 emplois et 600 licenciés ». Le nouvel actionnaire ne semble pas partager cette vision du futur.
Car les féminines d’Orléans ont d’abord appris sa volonté de baisser leur budget de façon informelle, il a plusieurs semaines par le biais de la presse. Puis c’est lors d’une soirée organisée par le club, à laquelle les joueuses n’étaient pas conviées (par manque de place officiellement) que l’actuel staff a questionné le président. « Il faut vous préparer à toutes les éventualités », a d’abord expliqué Cyril Courtin. Avant de les rencontrer une nouvelle fois, en présence de joueuses, ce vendredi matin, puis d’être plus direct. « Pour des raisons économiques, non, on ne repartira pas en D2 la saison prochaine. Vous nous coûtez trop cher et vous ne rapportez rien. »
Pas de kiné, ni d’entraîneur des gardiennes à plein temps : les féminines de l’US Orléans subissent déjà la situation précaire du club.
Ces mots du nouvel actionnaire, ami de Vincent Labrune- le président de la Ligue de football professionnelle- selon L’Équipe, ont provoqué un profond sentiment de colère et d’abandon. « Encore une fois, ce sont les féminines qui trinquent, le sportif n’est pas mis en avant », nous a confié une source interne.
Car suite à cette annonce complètement inattendue, les réactions ont été unanimes : colère, frustration, et un sentiment d’abandon total. « On a été humiliée », « Tu mets en place une stratégie pour t’en sortir sportivement, en étant l’un des plus petits budgets de D2. Et malgré ça, tu n’es pas valorisée », ont réagit plusieurs membres de l’équipe, sous couvert d’anonymat. Pourtant, les féminines étaient déjà bien impactées par la situation économique précaire du club. Pas de kiné, ni d’entraîneur des gardiennes à plein temps. Elles avaient même dû faire des efforts dans le choix des hôtels et baisser leurs exigences en termes de conditions de déplacement, allant jusqu’à amener leur pique-nique sur certains trajets.
Cyril Courtin et l’US Orléans sanctionnés par la DNCG ?
Mais cette décision n’acte en rien le naufrage des féminines. Ni le sauvetage de l’équipe masculine. Le club doit encore passer devant la DNCG à la fin du mois de juin. Cette décision pourrait avoir des répercussions dramatiques. Et pas seulement pour les filles. Car avec la rétrogradation forcée de son équipe féminine, le nouvel actionnaire s’exposerait à de nouvelles sanctions selon certains spécialistes. La commission pourrait en effet décider de sanctionner l’intégralité du club. Et faire aussi perdre le statut professionnel à l’équipe masculine. Ce qui serait un nouveau coup dur pour l’US Orléans. Mais surtout pour son nouveau président-actionnaire Cyril Courtin qui rêve de voir cette équipe retrouver la Ligue 2… au détriment de ses féminines.
Contacté, le club d’Orléans n’a pas donné suite à nos sollicitations.
À lire aussi : Comment voir la finale de Ligue des champions féminine OL-Barça à la TV ?
Clément Gauvin
Photo © FFF