Kim Cazeau a passé 15 de ses 19 dernières années à Albi. Née dans la préfecture du département du Tarn, l’attaquante joue toujours au club d’Albi-Marssac aujourd’hui, bien que celui-ci soit tombé en D3.
Vous êtes quasiment un symbole dans l’équipe albigeoise de par votre longévité, comment définiriez vous l’état d’esprit d’Albi-Marssac, du club et de la ville ?
« Albi reste familial, convivial, un endroit où on se sent bien et où il fait bon vivre, un club du Sud de la France en fait ! C’est toujours resté ainsi, même en première division. »
Comment vous êtes-vous mise au foot et pourquoi y être restée ? Il n’y a jamais eu d’hésitation sur un possible arrêt ?
« Non, je n’ai jamais eu cette envie pour l’instant. Je suis tombée dedans assez jeune, mais je n’ai signé en club qu’à l’âge de douze ans parce qu’à l’époque, ma mère ne voulait pas que je fasse du foot, c’était un « sport de garçon ». On a mis du temps à la convaincre mais le football m’est venu d’un coup, naturellement. Je n’avais pas de père ou de frère footballeur, c’est juste comme cela, dans la cour de récréation, je jouais dans mon quartier, et cela m’est resté. »
Votre mère dirait encore qu’il s’agit d’un sport de garçon aujourd’hui ?
« Non, maintenant elle regrette même un peu de m’avoir mise plus tard au football, mais d’un autre côté, je la remercie. Cela m’a permis de redoubler d’efforts, car les autres s’y étaient mis plus tôt, et c’est aussi un peu grâce à elle que j’ai fait cette carrière. »
Votre région est marquée par le rugby, est-ce plus simple aujourd’hui pour une jeune Albigeoise de se mettre au football ?
« Par rapport au moment où j’ai commencé, cela a complètement changé. Maintenant, tout le monde sait qu’à Albi, il y a un club de football. Même en étant désormais en D3, des gens s’intéressent à nous, cela montre qu’on a une place dans le sport à Albi. »
« Le niveau est plus relevé. Des jeunes qui auraient pu percer à mon époque perceront moins aujourd’hui. »
Les joueuses qui commencent maintenant, on leur demande plus qu’à vous lorsque vous aviez le même âge ?
« Cela n’a rien à voir. Déjà à notre époque, il y avait beaucoup moins d’argent. Et ce n’est pas du tout le même football, elles doivent donner plus car le niveau est plus relevé aujourd’hui. Des jeunes qui auraient pu percer à mon époque perceront moins aujourd’hui. Mais c’est intéressant que cela évolue dans ce sens. »
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Quel regard avez-vous sur votre saison en cours ?
« Collectivement, je pense que cela va, même si nous aurions pu faire mieux sur certains matchs. Nous sommes encore dans la course, la deuxième partie de saison va être intéressante. Personnellement, c’est une saison un peu compliquée. Il faut continuer à travailler. »
Comment garder intact le plaisir de jouer après tant d’années et après cette relégation en D3 ?
« Quand l’environnement et les conditions sont mises en œuvre pour que le plaisir soit là, il n’y a pas de problème. Je me suis toujours dit que le jour où je ne prendrais plus de plaisir sur le terrain, il faudra que je pense à arrêter. Pour l’instant, j’ai encore ce plaisir. »
Vous êtes revenue à Albi en 2021, avec l’idée de « finir où tout a commencé ». Mais rien n’était défini dans votre tête concernant votre potentielle fin de carrière ?
« Je suis revenue en janvier 2021, j’avais un contact avec Nicolas Castagnier, coach adjoint à l’époque. La demi-saison s’est très bien passée, donc je suis restée, la deuxième saison s’est aussi très bien passée. Nous nous sommes maintenues alors que beaucoup de personnes nous voyaient descendre. Et la saison dernière… Malheureusement, on descend sur la dernière journée, sans avoir été relégables une fois de la saison avant ce dernier match.
« Encaisser, se relever, repartir au travail. »
C’est dur à accepter, parce que c’est mon club, on a été des années au plus haut niveau national. Mais il faut encaisser, se relever, repartir au travail. »
Vous ne l’aviez pas du tout anticipé… Cela vous a un peu bousculé cet été, vous avez hésité à rejoindre un autre club ?
« J’étais persuadée qu’on descendrait pas, nous avions l’effectif pour nous maintenir. Peut-être que notre état d’esprit, différent de la saison d’avant, nous a joué des tours. Forcément, cet été, c’était compliqué, j’ai eu des offres de clubs de D2, cela donne envie de rester au haut niveau, mais pour des raisons personnelles, je suis restée ici. »
Vous avez été appelée dans votre carrière en équipe de France B, jamais chez les A, rétrospectivement, c’est un petit regret ?
« Non, car je pense que je n’avais pas le niveau pour aller titiller la A. J’ai fait la B, une sélection (novembre 2017), c’était déjà inespéré le jour où j’ai eu la convocation. J’avais fait l’équipe de France militaire aussi, c’était très gratifiant.
Je n’ai pas de regrets. Aujourd’hui, je continue à jouer. Je m’étais dit un jour que j’arrêterai à 30 ans, j’en ai bientôt 32 et je suis toujours sur les terrains ! »
Propos recueillis par Jérôme Flury