Elle marque, elle marque Lynda Bendris. Depuis deux saisons, la jeune Franco-Algérienne, formée à Metz et passée par l’OM où elle n’a pas réussi à s’inviter en équipe première, terrorise les défenses de D3. Comme une certaine Louna Lapassouse qui lui a précédé sous le maillot d’un club cannois de plus en plus ambitieux.
Lynda Bendris, vous marquez très souvent en D3. Quelles sont vos qualités et comment l’expliquez-vous ?
Alors, j’ai toujours été adroite devant le but, après, en grandissant on travaille, on développe sa palette. Concernant le poste, j’ai toujours été en 9, il n’y a qu’en sélection là où sur le match retour de qualification (pour la CAN), il m’a mise sur le côté gauche.
Vous avez commencé en Moselle ?
J’étais dans le club de mon village à Clouange avec les garçons jusqu’à ma dernière année U15, où je suis partie à Metz.
Où vous avez remporté le championnat de France U15, une de vos premières émotions de joueuse, vous en gardez un souvenir ?
Oui, je pense que c’était ma plus belle saison, où j’ai aussi remporté le mondial pupilles avec la sélection du Grand Est. D’ailleurs, j’avais terminé meilleure buteuse à ce tournoi donc c’était une belle année !
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Sur quels points avez-vous progressé depuis votre venue à Cannes ?
Là où ils m’ont fait grandir, c’est sur la répétition d’efforts et le jeu sans ballon. J’ai toujours eu cette facilité avec ballon, mais sans, je ne faisais pas forcément partie du bloc défensif, un point sur lequel, ils m’ont fait travailler. Ainsi que sur le fait de toujours garder mon sang froid.
Louna Lapassouse a impressionné sous le maillot de Cannes et à son départ, vous êtes arrivée. Comment vous a-t-on présenté les choses, avez-vous eu la pression de faire oublier une buteuse en série ?
Honnêtement, on m’en parlait un peu mais je n’y prêtais pas attention. Je suis quelqu’un qui joue beaucoup avec insouciance, qui ne réfléchit pas forcément, ce qui m’aide aussi à mettre des buts. On en a vaguement parlé au début de saison mais personne ne m’a comparé à elle. Je ne connaissais personne en arrivant, mais j’ai eu la chance d’accrocher avec le coach alors que j’étais la plus jeune de l’équipe. Il m’a fait confiance, m’a mise en confiance et cela a fonctionné…
Plutôt bien, avec des matchs extraordinaires comme un quintuplé, vous vous attendiez à ça en arrivant en D3 ? Comment l’aviez vous abordé, avec l’idée de ‘redescendre’ un peu, même si vous jouiez plutôt en R1 à l’OM ?
Je ne m’étais pas posé de question. Je m’étais juste dit que je voulais faire une saison complète, avec du temps de jeu, un niveau plus élevé que ce que j’avais en R1 mais peut-être plus bas que ce qu’on me disait que je méritais. Je voulais juste pouvoir jouer librement.
« Je voulais juste pouvoir jouer librement. »
Cela a été difficile de quitter aussi jeune Metz où vous aviez vos attaches ?
Ce n’est pas le choix le plus facile à faire car je suis très ‘famille’. Metz, cela fait loin. Encore, quand j’étais à Marseille, il y avait des trajets directs, je pouvais prendre des avions, Nice ou Cannes, c’est différent. Mais ma mère comme mes frères viennent me voir, descendent de temps en temps. Mes trois frères ont fait du foot et tous arrêté (sourire).
Marseille reste une institution pour tout le monde, mais cela a-t-il été simple de faire comprendre à vos proches votre choix de signer à Cannes ?
J’ai eu de la chance car ma famille me comprend, mes frères ont parlé au directeur général, savent quel est mon projet. Ils m’encouragent dans mes choix.
Quels sont vos rêves ?
Je parlerai plutôt d’ambitions, l’idée serait de jouer le plus haut possible, de réussir à gagner le plus de choses possibles. Je ne me pose pas de limites.
Comment cela s’est fait pour la sélection d’Algérie ?
J’avais fait une sélection avec les jeunes, une qualification pour la coupe du monde U20 où j’avais été coachée par Farid Benstiti. Quand il m’a rappelée chez les A en février, c’était beaucoup de fierté. Car c’était dans un coin de ma tête cet objectif là, même si je n’y pensais pas tous les jours, car l’objectif club reste prioritaire.
Qu’est ce que cela signifie pour vous ? En plus vous avez un très beau collectif depuis un an…
C’est une très bonne équipe et je vois à quel point le niveau est bon sur les séances d’entraînements. En regardant nos derniers rassemblements, je trouve qu’on a un groupe qui peut aller loin. Nous avons des joueuses qui jouent partout à l’étranger.
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Quand on vient de participer aux qualifications de la CAN et qu’on vient de gagner le ticket, on a forcément désormais la compétition dans la tête ?
Bien sûr, c’est énorme, je suis très heureuse qu’on se soit qualifiées, avec la manière parce que ce n’était pas facile d’aller jouer au Cameroun. J’espère être appelée à la Coupe d’Afrique…
Potentiellement, on se dit que l’année qui arrive peut être énorme dans votre carrière…
Exactement. C’est surtout excitant ! J’ai hâte, je mets tout en œuvre pour essayer d’être appelée. Cela peut être une très grosse saison.
Il y a la CAN et… l’AS Cannes, vous étiez déjà en forme la saison passée et vous êtes en lutte pour la montée en Seconde Ligue, pourquoi pourriez-vous le faire cette fois ?
Honnêtement, déjà la saison passée, nous étions très bien, premières à la trêve hivernale. Puis, l’échec de ne pas réaliser la montée nous a servi. Je le vois dans nos matchs cette année. Je pense qu’on est prêtes si on fait les choses sérieusement.
Vous auriez pu bouger cet été, vous avez eu des propositions, mais quelque part, vous avez eu l’envie de terminer cette mission et de rendre sa confiance au coach ?
J’aurais pu avoir le choix de la facilité de partir au-dessus mais Cannes, c’est un bon projet à long terme, c’est un club qui met les moyens pour les féminines. Les conditions sont top et ce n’est pas dans tous les clubs que le coach vous donne autant sa confiance. Si je partais, j’aurais eu ce goût d’inachevé.
Vous vous sentez plus attendue sur les pelouses cette saison par les adversaires ?
Collectivement parlant déjà, je sens qu’à chaque match, l’équipe d’en face fait son meilleur match. Nous sommes attendues chaque week-end. Individuellement, les filles m’ayant déjà affrontée, essayent de contrer ce qu’on a pu montrer la saison passée. Mais si on fait bien les choses, il n’y a pas de raisons qu’elles arrivent à stopper cela !
Jérôme Flury
Photo ©AS Cannes
