Appelée en sélection pour la première fois lors de la double confrontation face à la Suisse en février, Constance Picaud connaît une ascension fulgurante. La gardienne titulaire du Havre était en Deuxième Division l’année dernière. Seulement âgée de 22 ans, elle revient sur son parcours et sur sa vision du poste de gardien de but.
Cet été, tu as connu la montée avec Le Havre, comment as-tu vécu le passage en D1 ?
Je l’ai très bien vécu, je me suis bien préparée pendant la prépa athlétique pour faire une saison complète et en essayant d’être au niveau de la D1. Vivre une montée c’est génial. Ça n’a pas été une montée comme les autres à cause du confinement mais c’est une montée quand même et aujourd’hui nous sommes en Première Division (le club devrait y rester au moins une année supplémentaire malgré sa dernière place car la D2 a été annulée cette saison et les montées gelées ndlr).
Que ressent-on lorsqu’on est appelé pour la première fois en équipe de France ? Comment l’as-tu appris ? Et quelle a été la réaction de ton entourage ?
J’ai appris ma première sélection à la fin d’un entraînement car la liste sortait lorsque j’étais sur le terrain. J’ai été très surprise car je ne m’y attendais pas mais c’est magique. C’est une récompense pour tout le travail effectué. Mes proches ont été super contents pour moi, ils m’ont félicitée, et ils m’encouragent dans tout ce que j’entreprends.
« Il n’y a jamais rien d’acquis, il n’y a qu’avec le travail qu’on peut espérer réussir ce qu’on entreprend. »
Comment s’est passé ce premier rassemblement, aussi bien humainement que sportivement ?
Ce sont des expériences hors du commun. C’est magique ! On vit tellement de choses pendant les sélections. Sportivement on se rend compte du niveau où l’équipe de France évolue et humainement on côtoie les meilleures joueuses de France donc on apprend chaque jour et on échange beaucoup.
Maintenant que tu y as goûté, est-ce que tu ressens plus de pression pour garder cette place ?
Non, il n’y a pas de pression à avoir. Je dois continuer à travailler comme je le fais depuis le début. Il n’y a jamais rien d’acquis, il n’y a qu’avec le travail qu’on peut espérer réussir ce qu’on entreprend.
Tu dis être timide et pourtant sur le terrain tu donnes de la voix. Est-ce le fruit d’un travail personnel que tu fais pour t’imposer dans ta surface et commander ta défense, ou est-ce que ça vient naturellement quand tu es en condition de match ?
Je suis de nature timide c’est vrai. Maintenant, la communication est primordiale quand on est gardien au haut niveau. J’ai acquis cette facilité à communiquer au fur et à mesure des matches et grâce à l’expérience que j’ai engrangée depuis que j’évolue à ce poste.
Comment qualifierais-tu ton jeu au pied ? Pour toi, c’est une caractéristique importante dans le foot moderne…
C’est essentiel. Le jeu au pied doit faire partie des compétences des gardiens de but. Le football évolue et les postes aussi. Les défenseures ne font pas que défendre, les attaquantes ne se contentent pas de marquer et les gardiennes ne font pas qu’arrêter les ballons avec leurs mains. Le gardien doit travailler son jeu au pied comme ses prises de balle. Plus on est complet et plus on sera fort.
« Avec le Havre, je veux tout simplement jouer au foot, et comme pour le reste, on verra le résultat. »
Vous affrontez Lyon ce vendredi (18h30). Au match aller, vous aviez perdu 3-1 en concédant les trois buts dans les 20 premières minutes. Quelles sont les consignes pour ce match retour ?
Ne pas reproduire les mêmes erreurs que la première fois. Nous devrons être solides défensivement, rigoureuses et nous procurer des occasions. Il faudra tout simplement jouer au foot. Et comme pour le reste… on verra le résultat.
Depuis l’été 2019, tu es passée de semi pro à la Roche-sur-Yon (D2), jusqu’à l’élite du foot français avec le Havre et l’équipe de France. Comment juges-tu ton début de carrière ?
Je ressens beaucoup de joie. J’ai su prendre mon temps au lieu de partir dans les meilleurs clubs mondiaux très jeune et ça m’a souri. Je suis consciente de la chance que j’ai de faire de ma passion mon métier. Je ne serai pas ici sans ma famille et ma compagne. Pour réussir il faut de la volonté, du travail mais aussi un bon entourage.
Être en D1 et être convoquée deux fois consécutives en équipe de France sont deux petites récompenses pour tout le travail fourni. J’en suis fière mais il n’y a rien d’acquis.
Tu dis avoir beaucoup de reconnaissance envers Michel Courel, ton entraîneur au HAC. Quels sont les points techniques et tactiques sur lesquels il t’a le plus aidée ?
Avec Michel, on travaille à une vitesse incroyable grâce à notre cohésion et notre compréhension du poste. Il m’a fait évoluer sur tous les points tactiques et techniques. En deux ans j’ai récupéré une partie de mes années où je n’avais pas ou peu d’entraînements spécifiques. Avec sa disponibilité, ses compétences, ma volonté et notre exigence, nous évoluons très rapidement.
« Michel Courel m’a inculquée une autre vision et une autre philosophie du poste de gardien. »
Il m’a inculquée une autre vision et une autre philosophie du poste de gardien. Au lieu de tout faire à 10 000, je prend le temps de tout faire de façon explosive et efficace.
Propos recueillis par Gwenn Biton et Nathalie Querouil
Photo © Emmanuel Lelaidier – HAC