Eva Kuhn, la joueuse de D3 le week-end qui est cheffe pâtissière la semaine

Eva Kuhn a joué dans les principaux clubs de la région alsacienne tout en poursuivant à côté une formation de pâtissière. Aujourd’hui professionnelle dans ce secteur, elle évolue toujours en D3, à Molsheim-Ernolsheim. Un quotidien qui lui convient.

Eva Kuhn, pouvez-vous commencer par vous présenter ?

J’ai 24 ans, je suis 100% Strasbourgeoise et cheffe pâtissière. Je fais du football depuis 19 ans.

Trouvez-vous des points communs entre votre sport et votre métier, si différents en apparence ?

Oui, sur le côté de la persévérance, le dynamisme qu’il faut avoir le matin au travail comme le soir à l’entraînement. La reconnaissance de ma famille, présente en tribunes et en pâtisserie, le sourire des clients.

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Justement, c’est facile de jauger la satisfaction en football, ce sont les victoires, les buts… Mais en pâtisserie, comment caractériser la réussite ?

Il y a le plaisir du client et puis là, je suis passée chef pâtissière dans une boulangerie, où ils avaient moins les habitudes de la pâtisserie. Dès qu’ils en voient une, ils sont contents, veulent la goûter… Et puis je n’ai jamais eu une telle entente avec un patron et sa reconnaissance quotidienne fait du bien. Enfin, il y a le chiffre d’affaires bien sûr, qui est un indicateur. En tout cas, en pâtisserie, il y a beaucoup de choses que j’adore faire, surtout avec le chocolat et la vanille.

Une forêt noire, une !

Vous aviez mis le foot entre parenthèses pour effectuer votre alternance, pourquoi être revenue dans un club ?

Je suis partie un an à Paris. J’avais besoin de souffler, de découvrir cet univers, notamment Christophe Michalak qui est un champion du monde de pâtisserie. Stopper le foot un an m’a paru long. J’avais fait des démarches pour jouer à Paris mais c’était compliqué, avec mes horaires de nuit. C’était une belle expérience professionnelle, j’ai beaucoup appris et obtenu mon diplôme donc pas de regrets.

Eva au travail, à la boulangerie ‘L’Authentique’, à Strasbourg.

Avec le foot vous avez connu des montées, beaucoup de clubs, que gardez-vous en tête ?

J’ai aussi connu des descentes… Je retiens les rencontres, les visites. Je me rappelle en jouant aux Pierrots Vauban, à 16-17 ans, j’ai découvert la D2 nationale. On partait le week-end, rentrant le dimanche soir puis je retournais à l’internat. Mes grands-parents et ma mère me suivaient sur tous les déplacements, à Toulouse, à Marseille… Je voyais mes proches, dans ce que j’aimais, alors je n’étais pas déçue de ne pas rentrer chez moi du week-end. J’en garde le meilleur.

Vous travaillez donc, comme de nombreuses joueuses, à côté du foot. Comment cela se passe concrètement ?

C’était compliqué au début. Maintenant, cela fait cinq ans que je suis dans la pâtisserie. Après avoir fait plus de 18 000 pas quotidiens au travail, je sens que c’est de plus en plus difficile au football d’année en année (sourire). Mais j’adore tellement mon métier… J’essaye de concilier les deux. Alors oui, ce n’est pas facile, notamment en périodes de fête. C’est pour cela que j’avais fait le choix d’arrêter le niveau national… Mais ici (avec l’Entente Sportive Molsheim-Ernoslheim), finalement, nous sommes montées !

On a un préparateur physique qui nous suit. Je suis en repos le dimanche et le lundi, alors c’est parfois très compliqué pour moi de partir en déplacement le samedi. Je m’accroche et cela va le faire !

Entre le foot, assez physique, et la pâtisserie, qui nécessite du doigté, il y a deux Eva différentes ou utilisez-vous vos différentes qualités dans ces deux moments de vie ?

Je pense que j’utilise mes qualités différemment, c’est vrai que sur le terrain, je suis dans l’impact. Au travail, il y a plus de délicatesse et de finesse. Au foot, on y va quoi ! Contre Vendée-la-Roche, je sors le nez en sang quoi, c’est comme cela (rires). J’utilise mes qualités différemment.

On a testé…
La boulangerie où travaille Eva Kuhn se situe en plein centre-ville de Strasbourg, non loin de la cathédrale. Elle n’est pas très grande alors il est possible de passer devant la devanture sans faire exprès, entre deux bars à bière et restaurants de tartes flambées.
Les pâtisseries d’Eva sont soignées, toutes décorées minutieusement. Ses cookies aussi. On a testé la tartelette citron meringuée : c’est validé !
Rien à redire sur la meringue et la tarte, la crème de citron est généreuse et a très bon goût et on a aimé les petits zestes sur le dessus. Aussi savoureux qu’un but. N’hésitez pas à tester par vous-même…
Boulangerie L’Authentique, 8 Rue du Parchemin, 67000 Strasbourg. Ouvert tous les jours de 7h à 19h30 (12h30 le dimanche et en plus le dimanche, Eva est sur les pelouses).

Jérôme Flury

Photos ©Jérôme Flury

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