Farid Kebsi, coach d’Orléans qui est leader de son groupe de D2 féminine, a regretté l’arrêt du championnat décidé jeudi par le gouvernement. À l’instar de nombreux acteurs du football féminin, il dénonce une « mauvaise communication » de la part des autorités et une différence de traitement avec le sport masculin qui pourrait affecter les joueuses.
Le gouvernement a annoncé jeudi que la deuxième division féminine ne reprendrait pas. Comment avez-vous réagi ?
Ce n’est pas clair. Si on reprend, on reprend. En tant qu’encadrants, nous sommes plus âgés et nous prenons un peu plus de recul. Mais pour les filles, c’est plus compliqué ce changement d’information. Nous en avons plusieurs ici qui vivent du football.
Cela semblait possible de reprendre dans un mois et demi. Alors, bien entendu le sanitaire prime sur tout. Je n’ai pas les tenants et les aboutissants de la situation, mais quand même… la communication est compliquée.
Vous êtes actuellement en tête de votre groupe de D2, et donc bien placé pour monter en première division, l’enjeu est grand et la frustration encore plus importante…
Actuellement, l’enjeu sportif passe de toute manière au second plan. Et ce même si on reprenait. La situation est vraiment délicate. Ce n’est pas la vérité du foot. Nous nous entraînons avec une équipe la semaine, nous voulons démarrer avec tel onze, et puis nous apprenons le samedi qu’une joueuse ne pourra pas être présente car elle a la Covid…
Le championnat est arrêté depuis le 25 octobre, comment les joueuses vivent-elles la situation ?
À Orléans, nous continuons à effectuer cinq à sept séances par semaine. Cela depuis quatre mois, sans match. L’énergie qu’on devrait mettre dans les rencontres, l’adversité, elles la mettent parfois dans les entraînements.
« Le problème est surtout sur le plan mental. On doit garder nos joueuses motivées. »
Mais le problème est surtout sur le plan mental et psychologique. Tout le monde a travaillé et a fait les efforts pour être prêt. On ne va pas se plaindre, justement, nous avons la chance d’avoir pu continuer à nous entraîner. Mais on aimerait être fixés aujourd’hui. On doit garder nos joueuses motivées.
Comment expliquez-vous que la deuxième division féminine d’un sport autant pratiqué et populaire ne puisse pas continuer ?
Je pense que nous avons un peu le revers de la médaille par rapport aux clubs qui n’investissent pas dans le football féminin. Il leur faudrait plus de moyens, la Fédération aussi pourrait oeuvrer en ce sens. Chez les garçons, les deuxièmes divisions sont toutes professionnelles peu importe le sport. Les filles risquent aussi de se sentir méprisées.
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Encore une fois, l’aspect sanitaire prime bien évidemment sur le plan sportif. Mais au niveau de la communication, d’autres pays sont peut-être meilleurs communicants que nous. Ce serait bien d’être fixé.
Propos recueillis par Jérôme Flury
Photo © Giovani Pablo – USO